Gustave Leroy manifesta encore son courage en une autre occasion : en 1848, après l'exécution capitale de deux insurgés, il y eut le soir même bal à l'Elysée ; il écrivit alors Le Bal et la Guillotine qui lui valut six mois de prison et 300 fr d'amende.
Dansez, valsez, faites valoir vos charmes,
Dansez, valsez pour six cent mille francs,
Là-bas, là-bas, deux veuves sont en larmes,
Entendez-vous les cris de leurs enfants ?
Laissez tomber de vos mains si bien faites
Votre bouquet ou votre fin mouchoir,
L'exécuteur a fait tomber deux têtes...
A l'Élysée, on dansera ce soir.
Quel bal brillant, quelle lugubre scène !
Contraste affreux... le rire et la douleur...
Le Président entre au bal... quelle aubaine,
Les patients ont vu l'exécuteur !.
Le couteau tombe... il sépare, il écarte
Le chef du tronc... le sang jaillit tout noir !
Et vient tacher le front de Bonaparte...
A l'Élysée, on dansera ce soir.
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