L'idée anarchiste est aussi vieille que le principe de l'autorité, car du jour où un homme a émis la prétention de commander à d'autres hommes, ceux-ci ont, peu ou prou, refusé d'obéir.
Apprenez que tout homme est l'égal d'un autre homme. Il est faux que, pour les uns, il n'y ait que des droits à exercer, et pour les autres, des devoirs à remplir :
Refusez tous d'obéir et nul ne songera plus à commander.
Naissez enfin à la dignité
Laissez grandir en vous l'esprit de révolte, et avec la Liberté vous devriendrez heureux !
Paul Delesalle, syndicaliste de la première heure, fut un de ceux qui contribuèrent à donner à l'anarchisme une nouvelle jeunesse en lui faisant reprendre contact avec l'unique source de vie et de renouvellement pour tout mouvement ouvrier : les producteurs, ceux des ateliers, des usines et des champs.
En 1915, Paul Delesalle avait été mobilisé au fort de Vincennes, où il eut l'occasion de faire des recherches dans les fossés pour retrouver l'emplacement où devaient reposer certains fusillés de la Commune :
" Alors qu'une tombe__ vide__ marque la place où a été fusillé le duc d'Enghien, rien n'indique l'endroit où sont mort les neuf officiers fédérés...
L'égalité n'est pas de ce monde".
La richesse mène à l'atrophie du coeur.
Il n'y aura plus de guerre lorsque les hommes refuseront d'être chair à canon... il n'y aura plus de misère lorsqu'ils refuseront d'être chair à patron !
La liberté engendre le courage ; la contrainte n'engendra jamais que la lâcheté.
Tous ces " en dehors" ( la bande à bonnot) se retrouvent au siège de "l'anarchie". Le journal fondé par Libertad est maintenant dirigé par Rirette Maîtrejean qui vit avec Kibaltchiche.
Ce dernier, qui signait, à l'époque, Le Rétif ses articles de l'anarchie, devait devenir Victor Serge en Russie bolcheviste et connaître sous ce nom la célébrité d'écrivain révolutionnaire...
Courbet Désiré, Jean, Gustave
Vermersch, que citait « Le Monde pour rire » du 3 juillet 1870, présentait [...) ce maître du réalisme, si haut en couleur :
C’est le maître Courbet ! Sa barbe, fleuve noir,
Descend à flots épais sur sa large poitrine ;
Pareil au bruit que fait l’eau dans un entonnoir,
Un rire olympien fait gonfler sa narine.
Quand ils le voient passer dans les vallons du Doubs,
Les farouches taureaux jalousent ses épaules ;
Comme un Turc il est fort, et comme un agneau, doux ;
Son nom, caché longtemps, a volé jusqu’aux pôles.
C’est le peintre – le vrai – des rochers et des bois,
Des chevreuils et des bœufs égarés dans les plaines,
Des femmes en chansons laissant mourir leurs voix
Et des curés béats aux immenses bedaines.
1526 - [p. 187]
Il n'est pas question ici de retracer l’œuvre de Jules Vallès... Notons seulement les tendances politiques au service desquelles il mit un talent peut-être inégalé – les Goncourt ne le comptent-ils pas parmi les dix fondateurs de leur Académie ? Et de Jules Renard à Léon Bloy, Maurice Barrès, Eugène Dabit, la liste de ses disciples n'est certe pas close. Vallès a connu la misère et compris sa force. « Il y a ensuite un danger ! La misère sans drapeau conduit à celle qui en a un, et, des réfractaires épars, fait une armée qui compte dans ses rangs moins de fils du peuple que d’enfants de la bourgeoisie ».
2519 – [p. 281]