"Les bons critiques comprennent que la promenade de l'auteur autour du sujet est plus essentielle que l'essence du sujet. Il est là, l'authentique voyage de la littérature. Si on devait se taper des milliers de pages juste pour ce qui doit être dit, dites-moi quel serait l'intérêt ?" p 16-17
Difficile d’imaginer ce coin en tas de cendres si la faille de San Andreas venait à bouger. Un massacre, voilà ce qu’il adviendrait, toute la côte californienne ne serait que drame et désolation. L’enfer n’est jamais loin du paradis, mais les gens ne veulent pas le savoir, ils dorment comme si une bonne étoile veillait sur eux. Ils passent leur temps à se construire des enclos pour les chèvres naines qu’ils sont. Ils amassent, collectionnent, le regard fixé sur la pointe de leurs chaussures. Il ne leur vient jamais à l’idée de se demander ce qu’ils fichent là. Dès que quelqu’un se fait trucider autour d’eux, leur propre vie prend une saveur insoupçonnée. Les meurtres ne les horrifient pas, ils donnent une valeur inespérée à leur cheminement mesquin.