Livre magique pour moi ....
Traverser l'Europe d'ouest en est, est actuellement mon rêve.
J'ai donc avec grand plaisir accompagnée Géraldine dans ce périple.
J'ai aimé son parcours,
Découvrir ses différentes étapes avec un minimum de précision à la fois géographiques et historiques sur les territoires traversés,
Découvrir les différents personnages que sa connaissance du russe lui a permis de côtoyer.
Bien sûr les relations développées et présentées comme des amis à la vie à la mort m'ont un peu agacée et surtout m'ont semblée complètement surfaites mais je n'étais pas là pour ça !
Je voulais juste trouver la magie de cette expédition et des raisons complémentaires pour accomplir mon rêve.
Ah la nostalgie !
Où est le Paris de mon enfance ?
Ses marchandes de quatre saisons, les commerces de bouche divers et variés allant de l'épicier, au cours des Halles, au Boucher, au charcutier, au tripier, au Boucher chevalin, au crémier, au fromager, au marchand de couleur .... je ne m'y reconnais pas non plus en voyant juste un simple supermarché !
La nostalgie de Géraldine découvrant un autre visage à son Moscou me laisse songeuse, les villes changent, nous, nous prenons des rides et du poids et les villes se modernisent s'étirent, grandissent en hauteur et en largeur !
Je m'attends moi aussi à un choc, quand je retrouverai le Moscou que j'ai connu dans les années 70, Brejnev régnait ..... un voyage avec de jeunes communistes prêts à tout admirer .... le pire comme le meilleur, une longue file devant le tombeau de
Lénine sur la place rouge où je m'étais fait rappeler à l'ordre par un soldat en arme .... je n'étais pas restée du bon côté de la ligne qu'il fallait suivre, .... les statues de
Lénine bien sûr mais aussi celles de Staline omniprésentes dans la ville et ses mariés qui venaient avec tant de confiance déposer leur bouquet de mariage en hommage au petit père des peuples...
Mais pour l'instant en compagnie de Géraldine, je m'embarque dans le train n°2 .... monstre habillé aux couleurs de la nouvelle Russie bleu, blanc et rouge .... Rossiya...
C'est parti pour le long voyage, étape après étape ....
Lekaterinbourg ou Ekaterinbourg, ou Svetdlovsk, comme ils disent, (la ville porte aussi le nom du responsable du massacre de la famille impériale), ville ouverte aux étrangers depuis 1990,
Boris Eltsine a été l'ancien secrétaire général du parti communiste de la ville et de la région.
Si tout comme moi vous découvrez Krasnoïarsk, rappelez vous que c'est la dernière ville traversée par tous les trains quelque soit leur destination finale, après ils deviennent sibérien ou Mandchourien ou mongolien.
Puis l'île d'Olkhon, la plus grande île du lac Baïkal, Khoujir, village qui possède un petit port de pêche encore actif, près du pittoresque rocher au chaman.
Penser à goûter à l'omoul, poisson abondant, considéré comme le "pain du Baïkal".
Ne pas oublier lors de l'arrêt à Oulan-Oudé, de faire une photo de l'énorme bulle de chewing-gum, inscrite dans le livre des records... la tête géante de
Lénine !
Il n'y aura pas et c'est dommage d'arrêt à Khabarovsk, capitale administrative de la région, la plus grande ville de l'extrême orient russe devant Vladivostok. Cette ville n'a jamais été fermée aux visiteurs étrangers et a conservé sa saveur internationale. Une minorité asiatique de plus en plus nombreuse y est présente.
En face, sur la rive gauche de l'Amour, se trouve l'oblast autonome juif, fondé à l'initiative de Staline en 1934, avec le yiddish comme langue officielle. Il a attiré peu de juifs à sa création et d'autant moins à la création de l'état d'Israël.
(Pour ceux que cela intéresse voir l'*).
C'est aussi dans cette province que l'on pourrait croiser le tigre de l'amour, le léopard des neiges, l'ours noir de l'Himalaya, l'immense hibou pêcheur le kétoupa de Blakiston.... tous plus ou moins en voie de disparition.
Rappelons nous aussi que
Jules Verne, fait dire au tsar de toutes les russies : "moi vivant, la Sibérie est et sera un pays dont on revient."
Il y a tout ce qu'il me faut dans ce livre, une pré découverte de ce voyage que je rêve de réaliser.
Un grand trajet avec des rencontres inattendues d'individus qui utilisent ce train comme un simple moyen de transport.
Pour une fois, je savoure le luxe de prendre le temps de m'habituer petit à petit et découvrir, s'immerger dans un autre pays, dans une autre culture, dans un autre univers.
Aller de Moscou à Vlad est vraiment une traversée hors du commun.
J'ai pris des notes, j'ai essayé de retenir l'esprit de ce train ..... et j'avoue que le retour beaucoup plus direct me semble être aussi une drôle d'expérience .... revivre ses souvenirs et les mesurer à l'épreuve du temps sept jours et six nuits avec juste de courtes pauses pour se ravitailler.
Et il faudra envisager le retour à une triste vérité, en Russie ou ailleurs, on peut lire sur une banderole près de la place rouge : "le monde change, le big mac reste."
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Les raisons de la création de l'oblast autonome juif, sont multiples, et ont été exposées notamment par l'historien Nikolaï Bougaï dans ses nombreux articles et ouvrages sur les déplacements et la déportation des peuples d'URSS :
La volonté de permettre aux Juifs soviétiques de disposer d'un territoire pour pouvoir s'y exprimer en tant que nationalité soviétique, alternative au sionisme jugé « nationaliste-bourgeois ».
La volonté de « renforcer » la zone autour du fleuve Amour, dans l'Extrême-Orient soviétique, historiquement contestée par la Chine.
La volonté d'« éloigner en douceur » les intellectuels juifs du centre de la Russie, communistes ou ralliés, mais jugés peu fiables et « cosmopolites ».