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Ce roman m'a laissé une grosse sensation de malaise.
Je suis entrée dans l'intrigue tout de suite, j' ai beaucoup aimé l'ambiance, la plume, les personnages.
Et puis, à partir du moment où, autour du frère aîné, se crée une secte d'amputés volontaires, j' ai trouvé que ça partait vraiment en sucette et ça m'a mise très mal à l'aise.
Ce roman, magique et merveilleux au début, voire parfois drôle et absurde, devient glauque, malsain, sombre au fil des pages et le demeure jusqu'à la fin.
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[En arrière-fond, une impression de musique qui fait penser à celles passées dans les cirques ; une faible odeur faite de poussière, de sueur, de pop-corn et de sucre brûlé se fait sentir].

Mesdames, et messieurs, chers lecteurs spectateurs,
Approchez-vous, approchez-vous d'« Amour monstre », le roman de Katherine Dunn, pour un spectacle de phénomènes les plus monstrueux que vous aurez jamais vus ! Ici point de femme à barbe, d'homme le plus fort du monde, de fakir au tapis à clous rétractables, mais une famille extraordinaire, les Binewski ! Une famille fondée par al et Crystal Lil, qui se sont soumis à un cocktail explosif de radiations et de produits chimiques pour obtenir des enfants tous plus fabuleux les uns que les autres ! Dans l'ordre : Arturo, dit « Arty » ou encore « Aqua-man », un homme-ver dont les membres sont faits de nageoires, les siamoises Iphigenia et Electra, deux filles formidables reliées à la taille par une seule paire de jambes, Olympia, naine, albinos, chauve et bossue, narratrice du roman, et Fortunato, surnommé « Chick », un enfant à l'allure de « normo », comprenez un être sans aucune caractéristique notable, mais aux pouvoirs mentaux extraordinaires !

Vous qui entrerez dans ces pages, abandonnez avant tout sens de la normalité et de la moralité, dans un mouvement de renversement de la réalité, car souvenez-vous que ceux qui présenteront une anormalité, ce n'est pas les Binewski, qui sont uniques, mais vous, qui êtes issus du même moule et vous ressemblez tous ! Célèbrez leur différence en assistant à leurs numéros, de piano pour les siamoises, et de nage divinatoire de la part d'Aqua-man !

Vivez à leurs côtés la trajectoire que cette famille rencontrera, de la simple itinérance circassienne au départ à la lente construction d'un culte à la gloire d'Arty, lui qui a su comprendre ce que le public vient voir en lui et ce qu'il attend de lui : les mener vers la voie d'une anormalité spirituelle menant à la purification… par l'ablation de leurs membres ! Un culte qui prendra de plus en plus d'ampleur, faisant peu à peu d'Arty un gourou qui ne se satisfera pas de la vénération du public, mais qui exigera celle de sa famille, les menant à un point de non-retour !

Et assistez également à l'histoire narrée en parallèle par Olympia notre narratrice, un récit qui donne un cadre à celle de cette fabuleuse famille, dédié à Miranda, la fille presque normo d'Olympia. Celle-ci sera tentée par la voie de la normalité en se coupant de sa seule particularité... le fera-t-elle, le fera-t-elle pas ? A moins qu'Olympia tente de la sauver avec le plus grand des courages !

Prenez donc le risque de lire un roman hors du commun, qui interrogera votre part de normalité, ou plutôt de monstruosité, en osant apprécier les aventures de cette famille hors du commun. Demandez-vous ce qu'est l'amour, quand il prend des proportions éléphantesques, grotesques. Malgré quelques risques de longueurs – c'est une longue histoire qui pourrait se résumer aisément, et lui permettrait de garder une acuité extraordinaire –, écoutez ces histoires racontées de manière parallèles, situées à des périodes différentes, et cherchez quelle est leur lien, hormis celui offert par Olympia la narratrice ! Si vous le trouvez, vous me le direz !
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Lire "Amour monstre", c'est un peu comme faire plusieurs tours de grande roue à deux cent à l'heure et en ressortir le cerveau décapé, les repères au diable vauvert et les constructions mentales complètement chamboulées : une expérience de lecture absolument unique, à de nombreux égards.
D'abord parce que sur le thème du freak, du cirque, on ne s'attend vraiment pas à un tel niveau de qualité littéraire. Cela a été ma première grande surprise de découvrir dès les premières pages un récit finement construit, original dans ses angles narratifs, servi par une plume pleine de caractère et d'épaisseur. Impeccable sur la forme, donc.
Ensuite, parce qu'un auteur qui se permet de renverser les codes à un tel point, ça ne se croise pas tous les jours. Se faire culbuter les croyances et décoiffer les biais cognitifs, à partir d'un certain niveau ça ne se refuse pas.
Jugez-en plutôt, et ce sera mon troisième égard : parce que l'histoire en elle-même est une trouvaille dingue et géniale, et qui plus est elle donne à réfléchir.

Naine et bossue, Olympia porte le lourd poids d'être une enfant un peu ratée : elle n'a pas les puissantes nageoires de son grand-frère, la singularité de ses soeurs siamoises ni la capacité d'agir physiquement sur n'importe quelle chose de son petit frère Chick. Mais elle a Miranda, sa fille, si belle et si séduisante avec sa petite queue. Quand cette dernière, devenue adulte, se laissera convaincre de se la faire enlever, Olympia entre en scène. Et raconte comment tout en est arrivé là.
Et nous voilà partis dans l'histoire de cette famille de monstres, créés en toute conscience par les parents pour disposer d'attractions uniques pour le cirque itinérant qu'ils dirigent. Naîtront tour à tour les susnommés, l'affaire prendra de l'essor à mesure que l'aîné prend le pouvoir sur la famille et sur la cohorte de spectateurs "normos" qui viennent l'acclamer comme le nouveau messie.
C'est là que réside tout le génie de cette parabole déjantée sur la nature humaine : ce ne sont pas que les aspects esthétiques qui sont renversés mais aussi les valeurs, les croyances, les aspirations : aux yeux de la famille Binewski, ce sont eux qui rayonnent au milieu des "normos" affligeants de banalité, le mal est bon, la manipulation des foules parfaitement honorable, et plus l'aîné devenu gourou malmène ses adeptes, plus ils viennent en masse se faire charcuter orteils, puis pieds, puis membres entiers dans un élan cathartique halluciné.

Jubilatoire, malaisante, estomaquante, troublante, mais aussi touchante histoire d'une fratrie et famille aimante et soudée pour le meilleur, mais surtout pour le pire : malgré quelques longueurs, j'ai adoré.
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Les Binewski - Al(oysius ) et Crystal, dite Lil - ne maquent pas d'idées pour faire marcher le cirque itinérant qu'il dirigent. Pour y parvenir ils parviennent à avoir des enfants hors normes. Arturo , (Arty), l'aîné et homme poisson, les siamoises , Elly (Ellectra) et Iphygénie (Iphy), Oly (Olympia) , la naine albinos, bossue et chauve, et, le petit dernier, Chick, "Normo", mais si normal que ça.
Roman troublant sur les différences, sur l'amour familial ou non, sur la jalousie, la méfiance, le pouvoir, sur l'absurde qui vous fait glisser vers la normalité-monstrueuse, en vous l'élaguant. Des orteils, des doigts, vos membres.
Une histoire qui oscille entre deux périodes est une belle boutique d'horreurs. Féroce, décapante, fantasque, monstre d'effroi qui interroge.
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Livre culte aux États-Unis depuis sa publication en 1989 et roman préféré de Tim Burton, Amour monstre de Katherine Dunn nous présente la famille Binewski, les propriétaires d'une fête foraine itinérante qui ont engendré volontairement des enfants monstrueux pour éviter de faire faillite.
Mais ne vous méprenez pas : aucun voyeurisme malsain ni mélo larmoyant dans ce roman mais une manière fantaisiste, satirique, exubérante et profondément romanesque d'interroger la normalité.

La narratrice est Oly, une naine chauve et albinos qui voue un culte malsain à son frère homme-poisson cruel et manipulateur. La famille se compose également de deux parents "normaux", de deux soeurs siamoises belles et musiciennes et d'un petit frère doté d'étonnants pouvoirs.
Mis à part ces particularités physiques, la famille Binewski est une famille américaine classique. Les parents sont emplis d'amour et les surnomment " nos jolis rêves", ils mangent des céréales au petit déjeuner et font tourner leur entreprise avec bienveillance envers le personnel.
Tout juste à la marge, lorsqu'ils envisagent d'abandonner dans une station service un bébé au physique un peu trop normal !
En inversant les codes, l'auteure interroge avec talent sur la monstruosité et la normalité, la beauté et la laideur, l'ordinaire et l'extraordinaire. D'ailleurs ces freaks ne sont des monstres que parce qu'ils sont exhibés comme tels . Et on est très loin de l'exploitation obscène d'un John Merrick ou de la cruauté voyeuriste des foires aux monstres.
Ils tirent profit de leur monstruosité parce que c'est leur mode de vie, mais n'en souffrent pas. Oly déclare ainsi :
" Chacun d'entre nous est unique. Nous sommes des chefs-d'oeuvre. Pourquoi voudriez-vous que je souhaite que nous devenions des produits fabriqués à la chaîne ? Vous la seule manière dont on peut vous distinguer les uns des autres, c'est grâce à vos vêtements. "

Bien plus que les infirmités, Katherine Dunn nous montre une famille en proie à des sentiments exacerbés, des rivalités entre fratrie, des jalousies et des haines qui débouchent sur des comportements monstrueux.
Combien de familles de" normos" comptent dans leurs rangs des incestueux, des parricides ou des fratricides ?
Si les comportements de la famille Binewski peuvent choquer, ce n'est pas tant parce qu'ils sont physiquement difformes, mais tout simplement parce qu'ils sont humains et que, confrontés à des traumatismes ou des circonstances exceptionnelles, un humain peut se transformer en monstre.

On retrouve ce questionnement de la normalité dans le récit de l'arturisme, cette secte fondée par Arturo, l'Aqua Boy.
Devenu predicateur charismatique et manipulateur professionnel, il enregistre des milliers de disciples qui souhaitent ardemment se faire mutiler. Tous se soumettent avec extase à des opérations chirurgicales, visant à se couper des membres les uns après les autres jusqu'à la perfection spirituelle de l'homme-tronc.
La monstruosité physique comme apothéose de l'individu et remède au mal-être ?

Dans ce roman flamboyant et burlesque, dans cette saga familiale hors- normes qui interroge, on retrouve la fantaisie et la lucidité d'un John Irving.
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Qu'est-ce que la « normalité » ? C'est la grande question que nous pose Katherine Dunn lorsqu'elle écrit « Amour monstre » en 1989. Ce roman, devenu culte et publié tardivement en France (en 20016), raconte l'histoire d'une famille hors norme. Aloysius (dit Al) et Crystal (dite Lil) dirigent un cirque itinérant : le Binewski's Carnival Fabulous. En visitant une roseraie, ils ont l'idée de fonder une famille de « phénomènes ». Usant et abusant de drogue, radiation et autres méthodes pour le moins originales, ils vont donner naissance à une fratrie détonante : Arturo (Arty), l'homme-poisson, Electra (Elly) et Iphigénie (Iphy), les magnifiques siamoises jointes par la taille et partageant une seule paire de jambes, Olympia (Oly), naine albinos et chauve, et Chick, le petit dernier pas si normal qu'il y parait.

C'est Oly qui nous raconte leur parcours. Nous la découvrons 20 ans après les faits qu'elle va nous livrer. Vieille avant l'âge, elle habite incognito un appartement miteux d'un immeuble géré par une vieille dame qui semble frappée d'Alzheimer et dont l'autre appartement est habité par une belle jeune femme Miranda. Nous apprenons rapidement qu'Oly veille ainsi sur sa mère et sa fille sans que ni l'une ni l'autre ne sache qui est Oly. Chaque partie commence par des « notes pour l'instant présent » que la narratrice écrit pour sa fille Miranda, avant de nous plonger dans la chronologie de ses souvenirs.

Rapidement le lecteur est happé par ce récit d'un monde où l'anormalité est la norme. Élevés dans l'amour, le partage et la solidarité malgré leurs divergences, les enfants Binewski se révèlent attachants. Après une entrée en matière en forme de douche froide on va découvrir progressivement l'univers et les secrets de cette famille. L'habile construction de l'histoire par Katherine Dunn nous distille petit à petit le quotidien du cirque tout en restant extrêmement centrée sur la psychologie des différents membres de la famille Binewski, comme s'ils étaient en autarcie. Entre curiosité et voyeurisme on se demande ce qui fait qu'on n'a pas envie de lâcher ce livre. Car l'écriture est dense, le texte très serré, certains passages s'avèrent difficiles à lire, à appréhender, à digérer. Et si l'amour est omniprésent au sein de la famille, la jalousie ne l'est pas moins. On est fasciné par la cohésion au sein de cette famille, au sein du « Fabulous ». Alors que la famille se transforme, qu'une forme de religion ou de comportement sectaire se met en place autour d'Arty, on se dit que les plus barges ne sont peut-être pas les « phénomènes » mais ceux qui sont prêts à n'importe quel sacrifice pour intégrer leur monde et se faire aimer d'Arty, que les « normos » sont peut-être plus « anormaux » que les « monstres » de la famille Binewski.

Le style de Katherine Dunn est souvent cru, parfois poétique (comme ces titres de chapitre souvent à double sens). Prenant des accents parfois lyriques ou surréalistes, elle dresse le portrait d'une famille monstre (et non pas monstrueuse) par la taille de l'amour qui les soude et par la puissance des sentiments qui va les briser. Par là-même c'est une humanité mise à nu qui instille au sein du lecteur un trouble parfois dérangeant. Et finalement, au-delà du regard que nous posons sur ces « monstres » n'est-ce pas celui que nous posons sur le handicap dans notre société qui est questionné ?

Si la troisième m'a semblé trainer un peu en longueur et que j'ai regretté qu'il n'y ait pas plus de « notes pour l'instant présent », lesquelles donnent au roman un petit goût de polar, j'ai été touchée, parfois bouleversé, parfois horrifiée, par ces destins incroyables, hallucinants, tout en étant émue par un final où culmine l'amour qui a présidé à la naissance de la fratrie des Binewski.

Bref, une lecture aussi hors norme que les personnages qui y sont évoqués, qui me laisse une forte impression et des sentiments mitigés, mais que je recommande fortement. Sans oublier le plaisir de l'avoir partagée avec @Cricri08, @Zazaboum @Valentynem et @Sharon

NB : Extrait de Wikipédia :
« Un monstre humain désigne, dans le langage courant, un être humain atteint de malformation congénitale, ou d'un désordre génétique, du développement, ou une maladie causant des formes extrêmes de difformité ; Joseph Merrick, dit « l'homme éléphant » étant un exemple représentatif de ce dernier cas. Les « monstres » ont été présentés ou se sont produits dans des spectacles forains, des cirques ou des zoos humains en tant que phénomène de foire ou curiosités médicales. Jugées dégradantes, ces exhibitions ont été interdites en Europe, à la fin du XIXe siècle, elles perdurent aux États-Unis sous le terme de freak show. L'étude des différents cas de monstruosité humaine entre dans le cadre de la tératologie."
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Une lecture parfois éprouvante mais toujours fascinante.
J'ai lu deux fois le chapitre 1 tellement il est dense. Il concerne la présentation des personnages : Arty (Arturo) est un enfant poisson ; Iphygenia et Elly (Electra) sont des soeurs siamoises. La narratrice Olympia (Oly) est une naine albinos. Chick (Fortunato) est un enfant normal : il a failli être abandonné à la naissance tellement son père et sa mère voulaient un « monstre ». Ces parents « indignes » sont responsables d'un cirque et pour eux avoir des enfants « monstrueux » est un gagne-pain. Nous sommes donc aux USA dans les années 80, dans un monde séparé avec d'un côté les freaks, de l'autre les « normos ».

Le deuxième chapitre se passe bien plus tard : Oly, la narratrice vit dans une pension.
Sa mère tient cette pension mais, aveugle, elle ne sait pas que la pensionnaire de la chambre 21 est sa fille. On y append aussi que Miranda, la pensionnaire de la 35, est la fille de la narratrice mais ne sait pas non plus que la narratrice est sa mère.
On apprend aussi très rapidement que tous les frères et soeurs d'Oly sont morts (mais on ne connaît pas les circonstances).

Comme cela cela a l'air alambiqué mais l'auteure sait très bien nous faire naviguer d'une époque à l'autre.

Dans le présent, Olympia nous raconte sa rencontre avec Miranda.
Les souvenirs d'enfance sont eux racontés de façon chronologique.

C'est un roman parfois un peu glauque mais qui m'a fait me poser des questions sur la notion de « normalité »
Arty par exemple est monstrueux aussi bien sur le plan physique que moral. le petit frère Chick est normal sur le plan physique mais assez effrayant sur le plan psychologique (en même temps avec la famille qu'il a, difficile de s'en sortir indemne) . Il est touchant et on a envie de la secourir.
Au fil des chapitres, on sent donc monter le drame, inéluctable et impressionnant.

Bref un roman époustouflant…
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Laissez-moi vous présenter une famille américaine hors du commun : les Binewski. Pourtant, si l'on se contente de dresser leur état civil, ils peuvent passer pour une affaire ordinaire : le père, la mère et les cinq enfants, deux garçons et trois filles. La maman a pris de nombreux traitements pour avoir ses enfants, et c'est là que l'on commence à sortir de la norme de l'american way of life. En effet, elle a absorbé tout ce qui était absorbable pour avoir des enfants hors du commun, monstrueux pour reprendre le titre : un fils sans membres mais avec nageoires, des siamoises, une naine bossue et albinos... Un seul garçon paraît normal, heureusement pour lui, il ne l'est pas : ses parents ont un souci avec la norme. Dernier point : ils sont des artistes de cirque et leurs enfants sont, en quelque sorte, les membres les plus fameux de leur troupe.
Nous les suivons, entre passé et présent. C'est Oly, naine et bossue, qui nous conte l'histoire de sa famille, nous fait rentrer dans leur intimité, sans rien nous cacher. Pour certains passages, il faut être bien accroché, ne pas être (trop) sensible. Chick, le petit dernier, l'est. Il est très attachant, je tiens à le dire. J'ai souvent eu l'impression qu'il était négligé, incompris, lui qui semble, extérieurement, si ordinaire.
Le présent, c'est Oly, toujours. Oly rencontre une femme qui est elle aussi un pur produit de l'Amérique. Miss Lick est riche, très riche, grâce à l'entreprise de son père, et elle s'est mis en tête de faire le bonheur d'autres femmes. Féministe ? Je vous laisserai juge, si vous avez le courage de lire ce livre : dans ma PAL depuis sa sortie (soit 2016), il m'a fallu deux faux départs puis une lecture commune qui s'est avérée salvatrice pour réussir à le terminer !
Amour monstre, un livre qui porte très bien son titre.
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Un livre qui porte bien son titre !! Tout y est monstrueux, l'amour, la haine, les humains et les actes ! Un livre psychédélique qui malgré son côté sans tabou et sans retenue est accrocheur et fascinant !

Les parents Binewski ont de grandes idées pour faire marcher leur cirque ambulant : la mère se défonce avec tout ce que son mari trouve, du speed à l'alcool en passant par les anti-dépresseurs et les radiations, afin de donner naissance à des monstres qui seront attractifs !

L'ainé est une sorte de larve dotée de nageoire, d'un caractère déterminé, manipulateur et sans scrupule ; les puinées sont siamoises, musiciennes aux caractères opposés et Olly, la naine albinos sans talent particulier au regard de sa famille ! Chick, à priori normal, rejoindra la troupe familiale un peu plus tard et sa monstruosité ne sera pas sans conséquence, même si elle n'est pas visible !

Lu en lecture commune, à des vitesses diverses et même si les avis divergent un peu, la fascination exercée fut la même ! Une envie d'aller plus loin dans la découverte de ce dont cette famille est capable, voir jusqu'où l'auteure peut aller sans tomber dans le voyeurisme. le tout est totalement immoral, sans concession sur la bêtise humaine et la manipulation des uns par les autres. le tout est très déjanté mais bien écrit et sait retenir l'attention à moins d'avoir choqué les sensibilités que certains peuvent avoir.

Pour moi c'est une très bonne lecture, j'ai été scotchée du début à la fin ! Je remercie mes co-lectrices avec lesquelles j'ai passé de bons moments !

Challenge Multi-Défis 2022
Challenge Plume Féminine 2022
Challenge Mauvais Genre 2022
Challenge 20ème Siècle 2022
Lecture Commune Cricri08 – Krissie78 – Sharon - VALENTYNE
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L'intrigue de ce roman est assez simple : al et Lil Binewski, un jeune couple follement amoureux, se débattent pour sauver l'entreprise de Al, un carnaval itinérant. le plan d'al est basé sur une stratégie solide de marketing : il va donner aux gens ce qu'ils veulent en créant son propre spectacle de monstres.
Son épouse, Lil, est une acrobate qui a été forcée d'abandonner sa carrière après une chute. Tous deux sont de vieille souche yankee, avec l'autodétermination et l'indépendance comme devise, la sécurité financière en tête de leur liste d'objectifs de vie.
Le roman commence par l'archétype du bonheur familial : les enfants incitent leur père à raconter l'histoire de la façon dont il a conçu pour la première fois l'idée de traiter Lil avec des médicaments et des isotopes radioactifs afin qu'elle donne naissance à ses "rêves", c'est-à-dire des enfants avec des anomalies congénitales majeures.
En effet Electre et Iphigénie sont des jumelles siamoises, Arty une créature sans bras et sans jambes avec deux paires de nageoires, Olympia un nain albinos bossu et Chick, tellement normal au premier coup d'oeil, que les Binewski (qui méprisent tellement les normes) sont sur le point d'abandonner.
Tous font partie du spectacle et pour seulement un dollar supplémentaire, les curieux peuvent découvrir les résultats d'expériences infructueuses, dont six flottent dans les bocaux d'une exposition spéciale, le sanctuaire de la famille Binewski : Leona, « la fille lézard » ou Janus à deux têtes …
C'est un roman vraiment fascinant avec des oppositions entre normalité et anormalité, la religion traditionnelle (pour l'éducation de Miranda) et le culte sectaire d'Arty, et avec le développement de critiques non déguisées de la société américaine (capitalisme, culte de l'apparence et féminisme extrémiste de Miss Lick).
Le style, le ton ironique de la narratrice Oly et le vocabulaire choisi sont eux aussi remarquables, car là aussi, ce n'est pas la norme. L'autrice n'emploie ni les tournures, ni les termes habituels ou les plus courants lorsque les personnages s'expriment, ajoutant un décalage lexical au décalage visuel.
Quant aux relations entre les membres de la famille, c'est … à lire car je ne peux rien dévoiler !
Bref une lecture commune très agréable (merci mes co-lectrices 😉), dérangeante certes mais que je vous recommande !
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