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Citations sur Directs du droit (22)

En visite à la prison d'Alger, j'ai croisé un détenu qui, me reconnaissant, m'a murmuré : "Vous savez, maître, votre livre, ici, il circule en douce, sous le manteau." L'idée que Bête noire soit considéré comme un ouvrage sulfureux dans une prison m'a bien plu, je l'avoue, et m'a donné envie d'aller plus loin, avec la complicité de Stéphane Durand-Souffland.
En quatre ans, j'ai encore vu changer le monde que je connais le mieux : celui de la justice.
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Le professeur Mouthon rend un rapport de treize pages sur le dalmatien Théo. Un document qui fera date dans les annales de la justice française, rédigé avec l’aide d’une « employée de la Fondation Assistance aux animaux connaissant particulièrement bien le caractère et le comportement des chiens ». On y apprend par exemple que « tous les dalmatiens n’ont pas un caractère identique. Il est classiquement décrit que ces chiens peuvent être tranquilles ou actifs, obéissants ou frondeurs, confiants ou réservés, d’une éducation facilement ou plus difficilement réalisable ». « Étonnant, non ? », aurait commenté Pierre Desproges. La suite est inénarrable : « Nous faisons pénétrer le chien avec son (nouveau) maître dans le hall du bateau, en présence des policiers qui filment et de monsieur le Juge et de sa greffière. Le chien s’est d’abord approché de chacune des différentes personnes précitées présentes, puis il s’est rendu devant un escalier en colimaçon situé à gauche de l’entrée du bateau (c’est sous cet escalier que Libellule avait été retrouvée pendue). Il s’est immobilisé en regardant fixement cet escalier. Il est reparti vers son maître puis est revenu vers l’escalier, ceci à trois reprises, chaque fois s’immobilisant en arrêt, et regardant fixement cet escalier. Cette attitude du chien attire l’attention : tout se passe comme si l’animal avait un souvenir lié à la présence de cet escalier. Apparemment, le chien est inquiet et ne s’approche pas de l’escalier (…) »
On présente ensuite à Théo différents vêtements. Premier vêtement : « Le chien vient le sentir plusieurs fois et remue la queue. Il n’y a aucune réaction particulière de crainte. » Deuxième vêtement : « Le vêtement ayant été déposé trop rapidement, le chien l’interprète visiblement comme un jeu (…) (On le présente à nouveau) Il n’y a aucune réaction particulière de crainte. » Au quatrième vêtement, Théo présente une attitude qui « nous paraît être celle d’un chien inquiet ». Idem pour deux autres. Puis, on fait entrer divers personnages dans la péniche, chacun devant lancer « Bonjour Libé ». Selon les moments, Théo remue la queue, ou « semble inquiet », ou « paraît visiblement lassé ». Conclusion : « Il nous est apparu que le chien Théo a pu réagir aux différents tests auxquels il a été soumis, tant pour la présentation des vêtements portés par les différentes personnes à qui ces vêtements appartenaient (sic). Nous avons constaté pour un des vêtements présentés une attitude du chien qui se différenciait de ses autres comportements et cela de façon répétitive, par une réaction apparemment d’inquiétude ou de crainte. Cette attitude a été retrouvée ensuite lors de la présentation de la personne ayant porté ce vêtement. »
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Les magistrats sont, souvent, gens raisonnables et peu aventureux, c’est ainsi, et peut-être cela vaut-il mieux pour les justiciables – quoique… Ils voient en nous, les avocats, et surtout les pénalistes, une cohorte de fous furieux rémunérés par l’argent du vice, prêts à tout pour faire libérer des coupables.
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Vivre quotidiennement avec des gens qu’on méprise, passer ses jours dans une maison sale et respirer un air plein de miasmes, voilà pourtant ma destinée.
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Il y a plusieurs manières de défendre la vie de nos enfants. En assurant la sécurité publique, oui ! En punissant ceux qui les agressent, ceux qui les tuent, oui encore, quand des juges sans colère ni vengeresse précipitation les auront estimés coupables. Mais défendre ceux que l’on aime c’est aussi, c’est surtout, leur construire un monde où la justice [l’emporte] sur la violence, le courage sur la lâcheté, la politique sur la démagogie.
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Gouverner, ce n’est pas recueillir, pour y trouver profit, la peur qui nous fait perdre raison, la haine qui nous rend incapables. Gouverner, ce n’est pas nous flatter ni nous ressembler quand nous devenons médiocres. Qu’une partie de la presse ait fait le même et médiocre métier, qu’elle ait alimenté la colère en détails inventés, en interviews insupportables, en commentaires destinés à faire peur, à faire mal, et surtout à faire vendre ; qu’elle se soit dégradée jusqu’à célébrer la haine et regretter qu’il y ait des juges là où il suffirait d’un bourreau ; qu’elle ne se sente d’autre mission que de suivre l’opinion publique, de l’exaspérer, quand il faudrait l’éclairer et la retenir car elle devient féroce : cela non plus ne se comprend ni ne s’excuse
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Une machine trop bien huilée, qui tourne sans que rien ne puisse ralentir son rendement, est une machine folle. On ne doit pas juger des hommes sans prendre toutes les précautions susceptibles d’éviter l’erreur judiciaire. On ne peut pas se contenter de certitudes ou de raisonnements à charge. Aucun procès équitable n’a eu lieu, aucun verdict juste n’a été rendu sans que, à un moment ou à un autre, une voix se soit élevée pour dire : « Attendez ! »
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L’avocat est rarement le bienvenu dans le débat judiciaire. Trop peu nombreux sont les magistrats qui considèrent qu’une défense vigoureuse est nécessaire à l’élaboration d’une décision juste. Pour la plupart des juges et des procureurs, nous sommes des trublions, des voyous diplômés en droit, des menteurs professionnels. C’est faux – à part pour les diplômes obtenus en faculté, les mêmes que ceux dont s’enorgueillissent les magistrats. Les demandes d’actes que nous formulons pendant l’instruction peuvent, c’est vrai, ralentir le cours de la justice. Mais est-ce notre faute si les juges manquent de moyens ? Dois-je renoncer à me battre pour obtenir une expertise d’ADN, une reconstitution ou une confrontation que j’estime capitales pour celui ou celle que je défends, au motif que cela va contrarier le juge d’instruction et coûter de l’argent au ministère de la Justice ?
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C’est bien parce qu’on n’a rien à se reprocher qu’il faut se battre pour que notre téléphone, notre ordinateur, notre logement soient des sanctuaires de notre liberté. Et puis il s’agirait de se mettre d’accord sur la notion de « rien à se reprocher ». Une chose est d’être pénalement irréprochable, une autre est de l’être dans l’absolu. Nous avons tous des secrets, même des petits secrets. Ils font partie de notre humanité et ne regardent personne. Je suis résolument opposé à la transparence. Je refuse de devenir, à cause de la loi, un être transparent.
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Les juges sont des hommes et des femmes de leur époque. Ils ne peuvent s’abstraire des débats du moment, des modes de pensée contemporains ou des foucades idéologiques. Juger, c’est comprendre à un instant T ; la bonne sentence d’hier serait aujourd’hui déplacée, la juste peine d’aujourd’hui sera ridicule demain. Comment les magistrats pourraient-ils être hermétiques à l’air du temps ? La bourrasque qui souffle aujourd’hui diffuse l’idée que la transparence doit être absolue, jusqu’à la connaissance de la pensée d’autrui, que le secret est mauvais par nature, qu’il faut tout savoir de chacun.
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