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3,38

sur 80 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nestor est plus que gros.
Il est obèse, à tel point qu'il ne peut lasser ses chaussures.
Et il entretient cette obésité avec des repas conséquents artistiquement préparés.
Son obésité, c'est sa carapace pour lutter contre la mort imminente de sa femme, son exil d'Argentine, les drames de sa vie.
Son armure pour se protéger du monde qu'il n'a plus envie d'affronter.
Avec sa belle écriture, Clara Dupont-Monod nous fait entrer dans l'intimité de Nestor, dans ses tourments.
Il n'est pas spécialement sympathique, mais on s'attache à lui malgré tout.
Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, à part les visites quotidiennes de Nestor à sa femme dans le coma.
Pourtant, pas d'ennui en lisant.
Le portrait de cet homme est juste, poignant, dérangeant.
La marginalité, on y est parfois confronté et Nestor nous amène à réfléchir sur notre attitude et nos réactions.
Clara Dupont-Monod ne choisit jamais des sujets mièvres ou ordinaires.
C'est le propre des bons auteurs, surtout quand l'écriture va de paire.
Ici, elle nous propose trois fins possibles.
Je choisis la première qui me semble la plus plausible, la deuxième étant pourtant la plus sympathique pour Nestor.
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Le livre

Nestor est obèse. Il se rend tous les jours au chevet de sa femme, qui est dans le coma. Petit à petit on comprend qu'ils ne s'aimaient plus. Par flash-back on remonte jusqu'au drame à l'origine de ces deux faits – l'obésité et l'éloignement. Mais dans sa solitude, Nestor éveille l'intérêt d'une jeune médecin qui va tenter de le faire sortir de la forteresse de chair derrière laquelle il se retranche.

“Lui, c'était un homme d'excès. Un homme qui n'avait pas peur des outrances, prêt à vivre avec un corps et une mémoire démesurés. Il mangeait trop, dormait en criant, ne passait pas les portes et ne faisait aucun effort pour se lier.”

Mon avis

Dans ce court roman, c'est une part d'humanité que nous dépeint Clara Dupond-Monod, à travers le quotidien de cet homme, ce “gros père” qui est terriblement seul, malheureux et qui se laisse mourir. Car le médecin s'en rend rapidement compte : “En réalité, Nestor dégringolait avec la majesté d'un oiseau suicidaire. Il se laissait glisser, conscient qu'à n'avoir aucune raison de vivre, on n'en a pas non plus pour mourir.”

En effet, c'est un drame qui est à l'origine de cette solitude, de cette tristesse immense qui crée une barrière entre Nestor et les autres, une barrière d'ignorance mutuelle. Une barrière que personne ne franchira, car elle a été forgée en partie par Nestor et son apparence extérieure qui n'appelle que mépris de la part du reste du monde, alors que lui voudrait oublier : “Nestor était maintenant persuadé que l'ignorance des souffrances renforce. Rien de pire que cette stupeur hébétée et la conscience des espaces noirs qui guettent.” Non seulement oublier les gens mais aussi le monde qui l'entoure : “Il fallait échapper à la mémoire des objets pour dormir enfin tranquille.”

Pourtant Nestor ne se résume pas à ça, et c'est le tour de force de Clara Dupond-Monod que de nous le montrer, de nous le faire admettre. Les apparences sont toujours trompeuses. Et page après page, alors qu'on prend connaissance du drame, notre coeur se serre, tout comme celui du médecin qui essaye de le sauver, jusqu'à l'aveu final : “De toute façon, et Alice s'en rendait compte, Nestor rendait les armes. le chagrin remontait en sursauts lents, capable d'anéantir cette masse. Alice assistait au carnage de Nestor, rempli de gémissements et de mises en garde.”

Mais Clara Dupond-Monod ne s'arrête pas sur cette fin que l'on pourrait qualifier de négative et nous propose une fin originale, qui en rend la perspective encore plus intéressante, laissant la clé du récit aux mains du lecteur. Difficile d'analyser plus loin sans tout vous dévoiler.

C'est donc l'histoire terrible d'un être se détruisant lui-même, un homme qui se laisse glisser, sans aucun moyen de se raccrocher au monde, sans main tendue, à cause de son apparence. Un homme à la douleur trop lourde pour avoir le goût de vivre. Un homme que le passé veut rattraper et qui s'y refuse, n'acceptant que l'évocation de son pays, de son bonheur, à travers un phare rouge.

Un récit délicat, fort et bouleversant qui nous fait voir la vie autrement.
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Je ne savais pas de quoi quoi parlait ce livre. Juste que c'était l'histoire d'un homme obèse, qui se cachait derrière son corps. Et que l'histoire était bouleversante.
Bouleversante est le mot exact. C'est un livre qui vous « happe » dès les premières lignes et qu'on ne peut lâcher, juste peut-être pour reprendre son souffle une minute…
Dommage on ne peut pas en dire grand-chose de cette histoire sous peine d'en dévoiler tout le côté dramatique. Nestor est gros, très gros. On le regarde…Et alors ? Il s'en moque ou semble s'en moquer mais nous raconte ce corps si encombrant ( les chaussures que l'on ne peut plus lacer…)
Nestor a eu une histoire, une vie, une femme qui est dans le coma suite à un accident. Oh le long et lent cheminement de cet homme qui va voir sa femme chaque jour à l'hôpital. On souffre avec lui. On aimerait l'aider, lui tendre la main.
J'ai tout aimé de ce livre, comment l'histoire s'installe peu à peu. Les mots de Mélina (terribles) dans ses cahiers.
Nestor nous émeut bien sûr, par sa vie, sa désespérance inexorable mais Mélina alors… Cette gisante sur un lit d'hôpital.
Alice, un médecin saura lui amener un peu de sollicitude. Ouvrir cette carapace… On ne saura pas grand-chose d'Alice, juste qu'elle est solitaire elle aussi, très humaine, douce. A-t-elle un secret ? Oui mais lequel ??? On ne sait pas ou je n'ai pas compris.
CLara-Dupont-Monod nous raconte la déchéance d'un homme blessé par un destin tragique. C'est fort, triste, poignant. Nestor rend les armes et on est au bord des larmes…Et on se dit : « quel gâchis la vie parfois… »
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"Chaque tentative de vivre lui coûtait. Sa terre natale l'avait chassé, il ne reconnaissait plus sa maison, il avait banni sa femme et il n'avait plus d'enfant. Alors, il avait seulement essayé de sortir la tête de l'eau.", mais il a eu beau essayer, il n'y est pas arrivé et parce qu'il n'en peut plus, Nestor a décidé de rendre les armes.
Nestor n'est pas comme les autres, il est obèse, il ne sort presque pas de chez lui, il ne veut pas du regard des autres : "On le montrait du doigt. On riait de ses gestes d'amputé, lui, le lourdaud aux lacets défaits, le "gros père".", mais sous cette apparence il cache une blessure profonde.
Alors, pour échapper au monde, Nestor s'est construit une carapace : "Rester sourd aux souffrances, à l'horrible pesanteur, aux rigoles de sueur sous les vêtements, soulever des jambes de fonte et s'éloigner. L'urgence valait le risque. Tant pis pour la chute. Rien n'était pire qu'un avait soudain incarné, surgissant devant lui avec un sourire de loup.".

Nestor est un personnage très touchant et il n'est pas possible de ne pas s'y attacher et de ne pas ressentir d'émotion à la lecture de son histoire.
Ce livre est petit par la taille mais grand par toute la palette de sentiments qu'il contient ainsi que le côté humain qui m'a particulièrement marquée.
Il n'y a pas de superflu, l'auteur va à l'essentiel et livre un condensé d'émotions pures avec l'histoire de Nestor.
Et comme pour mieux accentuer la singularité de ce roman, Clara Dupont-Monod propose au lecteur trois fins alternatives aussi différentes les unes des autres : l'une porteuse d'espoir, l'autre de tristesse et enfin une mixant ces deux sentiments.
Ces trois fins se valent et conviennent toutes pour conclure ce roman, même si l'une a ma préférence j'avoue ne pas avoir été capable de trancher tant cette histoire peut se conclure d'une façon ou d'une autre.

"Nestor rend les armes" de Clara Dupont-Monod est un beau roman aux effluves d'une sensibilité rare et pétri de sentiments humains qu'il est bon de rappeler de temps à autre au gré d'un roman.
Un livre à déguster pour changer son regard sur l'autre.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Mais qui est donc cet homme massif pesant qui tous les jours vient à l'hôpital engoncé dans des vêtements trop serrés voir sa femme Mélina hospitalisée en réanimation depuis plusieurs mois
Clara Dupont-Monod ,par petites touches nous présente Nestor , nous décrit sa descente aux enfers après le drame de sa vie.Cet homme s'est réfugié dans la nourriture "l'embonpoint d'abord, l'inconfort ensuite, et enfin le handicap"
J'ai été happée par l'écriture de Clara Dupont-Monod et ai assistée impuissante à l'auto-destruction de Nestor malgré l'intervention d'Alice médecin qui essaye de lui porter secours ;mais à qui porte t'elle secours à lui ou à elle même?
Pour moi ce texte est un véritable bijou.
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C'est un livre court, mais à la lecture marquante.
Nestor se protège du monde, son corps est un rempart. Un rempart aux autres et aux sentiments. Pour d'autre, le métier joue ce rôle. C'est moins visible, plus conventionnel, mais tout aussi destructeur.
A la lecture, je me suis attachée à ce personnage énorme : il a pris toute la place. L'écriture juste et sensible de Clara Dupont-Monod fait merveille pour nous attirer rapidement vers cet homme qui pourtant rejette les sentiments et les hommes. Alice est touchante également, avec sa carapace à elle, ses obsessions. Elle m'a paru peut-être plus en danger que Nestor...
La fin m'a plu également, pourtant d'habitude je n'aime pas ce genre de procédé, mais là j'y ai trouvé mon compte.
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Deux personnages principaux dans ce roman :
Nestor, homme blessé qui se mure dans un corps démesuré. Une vie passée difficile : exilé en France, son pays "d'accueil" ne l'a pas reconnu à sa juste valeur. Sa vie de couple avec Mélina, maintenant dans le coma, a été secouée par un grand malheur. Nestor regarde d'un oeil inquiet les carnets que Mélina a laissés derrière elle, seul lien avec son épouse en partance...
Alice, jeune médecin brillante mais très réservée, seule, a trouvé chez Nestor un écho à ses propres difficultés.
Comment cette histoire se finira-t-elle ? Clara Dupont-Monod nous propose trois issues à ce récit certes dramatique mais que le style poétique transforme en douce douleur. Un court texte ciselé à découvrir...
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Nestor, d'origine argentine, est obèse et vit dans une grande solitude. Mais qui se cache derrière ce « gros père » qui va tous les jours à l'hôpital au chevet de sa femme dans le coma ? C'est ce que nous découvrons par petites touches, en le suivant dans sa vie triste et monotone. Peu à peu, nous devinons sa vie d'avant, les blessures, le drame.

Un médecin de l'hôpital, une jeune femme réservée, est la seule personne qu'il accepte de faire entrer d'abord dans sa maison puis dans ses cauchemars. Elle ne le juge pas, ne lui pose pas de questions. Elle tente juste de le soulager et de le soutenir. Parviendra t'elle à l'empêcher de rendre les armes ? Chacun peut choisir la fin qu'il préfère puisque le livre s'achève sur trois issues possibles. Les trois sont cohérentes et se complètent. Je n'ai pas eu envie d'en choisir une.

C'est le portrait sensible et pudique d'un homme à qui la vie n'a pas fait de cadeau. La plume de Clara Dupont Monod nous le rend terriblement humain et attachant.

Un récit d'une grande délicatesse.


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Ici le portrait est délicat, aussi fin que Nestor est gros. Cet homme se replie Ici pour mieux échapper à son vécu émotionnel. le roman donne sa place à la douceur et à l'intimité malgré le lent empoisonnement qui signe l'annulation de soi. On est loin de la reconstruction. La disparition plutôt, dans un corps de plus étendu. La forme s'agrandit, le fond disparaît. On assiste impuissants à un lent suicide.
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Le nouveau roman de Clara Dupont-Monod est le récit triste et délicat d'une fuite en avant. Cette fuite, c'est celle de Nestor, un homme obèse et solitaire qui cherche par tous les moyens à dresser un mur entre le monde et lui. Pour cela, il a choisi pour seul et unique compagnon : la nourriture, une alliée bienveillante et efficace. Car Nestor n'a pas toujours été gros, au contraire. Mais il a compris que plus il mangeait, moins il réfléchissait et plus il grossissait. Or, l'obésité fait peur, elle exclut, et c'est exactement ce dont Nestor a envie. Malgré cette misanthropie récente, il n'y a pourtant pas d'auto-apitoiement dans le comportement de Nestor, seulement la lassitude d'un homme qui a déjà trop souffert et qui désire juste oublier…
Un récit qui surprend par sa délicatesse et sa justesse et nous transporte dans le quotidien difficile d'un obèse tourmenté, non par son poids mais par ses souvenirs.
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