Retracer le parcours d'un religieux

Extrait
De l'Ancien Régime à 1799
Impossible d'engager une recherche historique sans avoir en tête quelques grands repères chronologiques. Ce chapitre et le suivant vous donnent les principales dates à retenir en même temps qu'un résumé des événements qui ont eu des répercussions sur le clergé et sur son organisation en France.

L'Église sous l'Ancien Régime
Sous l'Ancien Régime, l'Église était régie par le concordat de Bologne (18 août 1516). Outre leurs fonctions religieuses, les curés (ou leurs vicaires sous leur responsabilité) devaient tenir, depuis le concile de Trente (1545-1563), des registres des baptêmes (déjà obligatoires depuis l'édit de Villers-Cotterêts de 1539), des mariages et des sépultures des habitants de leurs paroisses, un rôle équivalent à celui de nos officiers d'état civil. Les paroisses sont non seulement sur le territoire l'unité ecclésiastique de base, mais en même temps l'unité administrative et fiscale de base pour l'État.
Chez les religieux, des registres d'entrées dans les monastères, masculins ou féminins, étaient également conservés.
Par son degré de formation et son importance dans la société, le clerc était omniprésent. Par exemple, on prenait souvent un prêtre de sa paroisse comme témoin pour les actes notariés.

L'Église et la Révolution
Avec la Révolution, le statut privilégié du prêtre disparaît. Pourtant, en 1789, et les cahiers de doléance en font preuve, le clergé n'est pas hostile au renouveau de la société. Bon nombre de ses membres, surtout dans les campagnes, réclame et favorise les premières réformes.
Mais, rapidement, le clergé devient la première cible de la Révolution. Suppression des privilèges et confiscation des biens sont suivies de la Constitution civile du clergé faisant du prêtre un fonctionnaire qui a l'obligation de prêter serment au nouveau régime, non seulement pour le temporel mais également le spirituel.
C'est la rupture. Deux clergés s'opposent désormais :
- d'une part les prêtres acceptant de prêter serment (qu'on qualifie de prêtres constitutionnels, de conformistes, de jureurs ou de prêtres assermentés)
- d'autres part ceux refusant le serment intégral (non jureurs, réfractaires, insermentés ou rétractés). Ils représentent en moyenne un prêtre sur deux, mais cette moyenne cache des disparités fortes : jusqu'à 9 sur 10 en Moselle ou dans le Bas-Rhin, 8 sur 10 dans le Finistère... Pour eux commence une vie de persécution : il leur faut se cacher ou émigrer. Les jureurs connaîtront le même sort lorsque le culte sera totalement interdit.
Ces persécutions ont un impact majeur sur la vie religieuse en France. En 1789, le pays compte 170 000 prêtres et religieux, dont 60 000 curés. En 1809, peu après le Concordat (voir chapitre suivant), il ne reste plus que 31 000 curés, dont à peine plus d'un millier de moins de quarante ans. Le clergé représente ainsi 1 5 % des victimes de la Révolution (guillotinés, morts en prison ou en déportation, fusillés...).