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Citations sur La Vie matérielle : Marguerite Duras parle à Jérôme Beaujour (66)

La maison intérieure. La maison matérielle.
La première école, c'était ma mère elle- même.Comment elle organisait ses maisons.Comment elle les nettoyait. C'est elle qui m'a appris la propreté, celle foncière, maladive, superstitieuse en 1915, en Indochine, d'une mère de trois tout petits enfants.

( P.O.L, 1987, p.54)
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« Je ne pouvais pas m’en tirer, m’en sortir. Je vivais une sorte d’amour fou pour cette femme, et je recommençais toujours le même film, toujours le même livre, et je me suis dit : Il faut qu’elle meure. Voilà. Parce qu’elle m’a tellement atteinte. Dans le Vice-consul, c’est une sorte de survivante, mais elle ne meurt pas, effectivement, tandis que là, il me semble dans India Song, il n’y a pas de doute, elle est morte, oui »
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Je ne sais pas à quoi à servir la photographie dans la première moitié du XIXe siècle, quel était son sens pour l'individu, au cœur de sa solitude, si c'est pour revoir des morts ou si c'est pour se voir lui.
Se voir lui je suis sûre. On est toujours soit confondu, soit émerveillé, toujours étonné, devant sa propre photo. On a toujours plus d'irréalité que l'autre. C'est soi qu'on voit le moins, dans la vie, y compris dans cette fameuse perspective du miroir, au regard de l'image composée de soi qu'on veut retenir, la meilleure, celle du visage armé que l'on tente de retrouver quand on pose pour la photo.
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Mon histoire elle est pulvérisée chaque jour, à chaque seconde de chaque jour, par le présent de la vie, et je n'ai aucune possibilité d'apercevoir clairement ce qu'on appelle ainsi : sa vie. Seule la pensée de la mort me rassemble ou l'amour de cet homme et de mon enfant. J'ai toujours vécu comme si je n'avais aucune possibilité de m'approcher d'un modèle quelconque de l'existence. Je me demande sur quoi se basent les gens pour raconter leur vie. C'est vrai qu'il y a tellement de modèles de récifs qui sont faits à partir de celui de la chronologie, des faits extérieurs.
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Je crois que l'amour va toujours de pair avec l'amour, on ne peut pas aimer tout seul de son côté, je n'y crois pas à ça, je ne crois pas aux amours désespérées qu'on vit solitairement. Il m'aimait tellement que je devais l'en aimer, il me désirait tellement que je devais l'en désirer. Ce n'est pas possible d'aimer quelqu'un à qui vous ne plaisez pas du tout, que vous ennuyez, totalement, je ne crois pas à ça.
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Il y a quelquefois, très souvent même, disons la plupart du temps, une comédie de l'amour qui vaut pour presque tous les couples. Et sur ce point aussi j'ai changé d'avis, beaucoup. La plupart des gens restent ensemble soit parce qu'ensemble on a moins peur, soit parce qu'on vit mieux avec deux salaires qu'un seul, soit à cause des enfants, soit pour beaucoup de raisons qu'on ne tire pas au clair, mais qui témoignent d'un choix, même s'il est irraisonné, et d'une prise de position claire même si elle est difficile, sinon impossible à exprimer. « Vous ne pouvez pas le comprendre », disent-ils. Ou : « Je ne sais pas moi-même ce qui me fait rester là, mais je ne peux pas faire autrement. » Ce ne sont pas des gens qui s'aiment, ces gens, mais c'est déjà de l'amour qu'il y a entre eux. Aimer quelqu'un pour cette raison-ci ou pour cette raison-là, pour cette raison pratique ou de commodité, c'est déjà de l'amour. Ce n'est pas déclaré la plupart du temps, et sans doute pas perçu mais c'est de l'amour. C'est ce genre d'amour qui se déclare à la mort. Parfois on est horrifié par certains couples : l'homme est grossier, bestial, la femme se plaint à qui veut l'entendre d'endurer un enfer. On se trompe souvent sur ces couples-là. C'est le théâtre de l'amour qu'on croit extérieur à l'amour et c'est souvent faux.
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On ne sait pas quand les choses sont là dans la vie. Ça échappe. Vous me disiez l'autre jour que al vie apparaissait souvent comme doublée. C'est exactement ce que je ressens : ma vie est un film doublé, mal monté, mal interprété, mal ajusté, une erreur en somme. Un polar sans tueries, sans flics ni victimes, sans sujet, de rien. Il pourrait être un vrai film dans ces conditions et non il est faux. Allez voir ce qu'il faudrait pour qu'il ne le soit pas. Que je sois sur une scène sans rien dire, sans un geste, à me laisser voir, sans penser spécialement à quelque chose. C'est ça.
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À Trouville, la mer est là. De nuit et de jour, même si on ne la voit pas, l'idée est là. À Paris seules les journées de vent et de tempête nous relient à la mer. Autrement on est sans elle.
Ici nous sommes plongés dans le même paysage.
Au-delà de chaque colline il y a ce grand vide au loin. À la place où elle est le ciel est différent, plus creux, plus éclairé, on pourrait dire : plus sonore. Et c'est vrai, les mouettes font moins de bruit dans la ville qu'au-dessus de l'eau, des plages.
À Trouville, je supporte la vie. À Paris, non.
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Tandis que j'écris que Yann est arrivé chez moi en 1980, Yann est en train de téléphoner. Il passe dix heures par jour à téléphoner, il est en pleine période téléphonique. Quatre mille neuf cent cinquante francs pour le mois d'août. Il téléphone à des gens qu'il ne connaît pas. Et aussi à des gens qu'il n'a vus qu'une fois dans sa vie. Et aussi en Autriche, en Allemagne, en Italie, à des gens qu'il n'a pas vus depuis dix ans. À chaque coup de téléphone il hurle de rire. C'est très difficile de travailler. Après il part marcher dans les collines. Quelquefois il appelle Untel trois jours de suite après c'est fini, il abandonne. Souvent pour une réflexion que la personne a faite, genre : « Sans ma femme je n'en serais pas là où j'en suis », qui est l'humble propos de tous les grands hommes du siècle depuis Dumézil jusqu'à de Gaulle.
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On me dit que les hommes font très souvent les gros travaux et qu'on les trouve aux rayons des outils, dans les grands magasins. Je ne réponds pas à ces choses-là, parce que les gros travaux, c'est du sport pour les hommes. Couper des arbres, c'est, au sortir du bureau, un genre de sport, c'est pas un travail. Un homme de force moyenne, de taille ordinaire, si on lui dit ce qu'il faut faire, il le fait. Laver deux assiettes, il le fait, faire les courses : il le fait. Il a cette tendance désastreuse de croire qu'il est un héros quand il achète les pommes de terre. Mais peu importe.
On me dit que j'exagère. On me dit tout le temps : Vous exagérez. Vous croyez que c'est le mot ? Vous dites, idéalisation, que j'idéaliserais la femme ? C'est possible. Qui le dit ? Ça ne lui fait pas de mal à la femme, qu'on l'idéalise.
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