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3,85

sur 473 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce petit livre rassemble cinq textes assez différents de Marguerite Duras. J'ai surtout apprécié le premier qui donne son titre au recueil. Il nous place au plus près de l'écriture et de la création de Marguerite Duras. Nous pouvons presque la suivre dans sa maison de Neauphle, dans son jardin ou à son bureau.
J'ai aussi lu avec plaisir "La mort du jeune aviateur anglais" et 'Le nombre pur". Mais j'ai eu plus de difficultés avec "Rome", retranscription d'un film, même si j'y ai trouvé quelques belles expressions.
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N°1855 – Mars 2024.

Écrire - Marguerite Duras. Gallimard.

C'est un livre, le dernier, publié en 1993, dans lequel Marguerite Duras au crépuscule de sa propre vie, revient sur son activité et son rôle d'écrivain, sur cette action d'écrire, une réflexion sur sa spécificité, sur la genèse et la nécessité pour elle de l'écrit.
J'ai toujours lu Duras avec en tête cette citation de l'Amant « Je n'ai jamais écrit, croyant le faire, je n'ai jamais aimé, croyant aimer, je n'ai jamais rien fait que d'attendre devant la porte fermée ». Ici elle note «  Écrire, c'était la seule chose qui peuplait ma vie et qui m'enchantait… L'écriture ne m'a jamais quittée »  C'était donc à la fois paradoxal et intéressant qu'elle s'explique sur ce qui a été toute sa vie. Elle égrène donc une série de remarques qui accompagnent, selon elle, la création d'un texte, l'importance du silence, la nécessité de s'écouter soi-même parce qu'écrire c'est se parler, c'est une sorte de soliloque même si la composition d'un livre peut durer des années. Écrire, comme elle le dit, c'est parler mais aussi rester silencieux, c'est « hurler sans bruit », pratiquer une sorte de non-écriture faite de non-dits, de révoltes muettes. La solitude aussi est essentielle. Elle peut être de deux natures, non seulement la solitude, physique et même morale qui résulte d'une souffrance ou d'une volonté délibérée, mais aussi la confrontation individuelle et intime face à la page blanche qui est ainsi le témoin privilégié de l'expression de la pensée, du message. Pourtant la présence d'amis, d'amants, lui est indispensable. C'est aussi un paradoxe car c'est dans le silence et la solitude que le créateur, conçoit, donne vie à ses personnages. Il a avec eux une relation privilégiée faite de volonté de les guider mais aussi il y a, de leur part, des velléités de liberté. La qualité d'un livre vient aussi de cette lutte intime entre eux. Elle insiste sur les lieux choisis dans lesquels peut éclore l'écriture. Il lui faut une maison et personne autour d'elle, des images et des sons lointains de la campagne ou de la mer et c'est dans un lieu d'exception et son environnement immédiat, son parc, ses arbres, sa lumière, dans cette sorte de microcosme ainsi crée et coupé du monde extérieur qu'elle s'enferme volontairement et que naîtra le livre qu'elle porte en elle, un peu comme un accouchement. Il lui faut des rituels, la quiétude de la nuit, la présence d'un amants, peut-être l'alcool comme un autre paradoxe qui l'aide sans doute non seulement à supporter la vie mais aussi à faire sortir les mots du néant, à apprivoiser son inspiration, c'est à dire qui lui permet d'écrire mais, autre contradiction, c'est avec l'écriture qu'elle combat ce fléau. Il lui faut tout cela parce que le souffle créatif est exigeant, capricieux aussi et on se doit d'y être attentif et même disponible, parce que si on ne cède pas à la sollicitation nocturne des mots, des images, tout cela est happé par le néant et une telle vibration ne se représentera plus. C'est un combat contre soi-même parce qu'on écrit toujours pour exorciser une douleur intime, c'est aussi une folie parce qu'on n'est jamais sûr du résultat et qu'il y a des chances pour que cela ne serve à rien
Une telle réflexion sur soi-même pleine de contradictions, cette sorte de confession, s'agissant d'un écrivain de la stature de Marguerite Duras, est important pour chacun d'entre nous et spécialement pour ceux (et celles) qui ont fait de l'écriture un des centres d'intérêt importants de leur vie. A titre personnel, j'ai toujours respecté les livres et ceux qui les écrivent parce que cette démarche n'est jamais innocente. Derrière les mots il y a un travail, des souffrances, de l'espoir et plus souvent du désespoir, un témoignage pour échapper à l'oubli, à la mort . Cela mérite le respect et de l'attention même si je ne partage rien de leur voyage.


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Cet ouvrage de Marguerite Duras est en réalité un court recueil de textes autour de l'écriture, dont certains ont été filmés. L'auteure y livre quelques éléments de sa vie, y parle de sa relation à l'écrit, y dévoile quelques-unes de ses pensées. Elle reste très pudique tout en révélant des détails assez intimes. Elle parle ainsi assez longuement de sa maison de Neauphle-le-Château : « je l'ai achetée avec les droits de cinéma de mon livre "Un barrage contre le Pacifique". Elle m'appartenait, elle était à mon nom. Cet achat a précédé la folie de l'écriture. Cette espèce de volcan. Je pense que cette maison y est pour beaucoup. » ("Écrire", p. 24) Loin d'une autobiographie, cet ouvrage révèle quelques fragments de la vie de Marguerite Duras, à sa manière.
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Un tête à tête avec Marguerite Duras, ça ne se refuse pas!
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C'est lors d'une parenthèse à Toulouse que j'ai lu "Écrire" de Marguerite Duras. Je m'attendais à un récit très émouvant et puis Duras ! Alors bien sûr, connaître sa pensée vis-à-vis de l'écriture et de la solitude qu'elle impose est d'une richesse absolue. Mais j'ai passé toute cette lecture avec le sourire à écouter cette amie un peu "barrée" mais tellement attachante qu'est Marguerite Duras me raconter des histoires et mettre en ordre ses pensées en écrivant. On s'amuse de la mort d'une mouche et on s'émeut la seconde suivante avec l'histoire d'un jeune aviateur Anglais. Ce qui est déroutant avec Duras c'est que certaines citations sorties de l'intégralité du texte sont puissantes mais lorsque l'on lit le livre d'une traite tout paraît désorganisé. Mais je crois que c'est bien pour cela que je l'apprécie !

"C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup."
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Qu'a Marguerite Duras à dire sur l'acte d'écrire ? L'autrice évoque ses conditions d'écriture : la solitude, l'isolement le plus total dans une maison qu'elle avait à Trouville-sur-mer. Elle livre aussi ses convictions sur le silence autour de l'oeuvre en train de se faire :

« Aux amants, les femmes ne doivent pas faire lire les livres qu'elles font. » (p. 18-19)

« Dans la vie il arrive un moment, et je pense que c'est fatal, auquel on ne peut pas échapper, où tout est mis en doute : le mariage, les amis, surtout les amis du couple. Pas l'enfant. L'enfant n'est jamais mis en doute. Et ce doute grandit autour de soi. Ce doute, il est seul, il est celui de la solitude. Il est né d'elle, de la solitude. (…) le doute, c'est écrire. Donc c'est l'écrivain, aussi. » (p. 26)

« Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. (…) Ça ne parle pas beaucoup parce que c'est impossible de parler à quelqu'un d'un livre qu'on a écrit et surtout d'un livre qu'on est en train d'écrire. » (p. 34)

Suivent d'autres textes : La Mort du jeune aviateur anglais, Roma, le nombre pur, L'exposition de la peinture, qui m'ont moins marquée.
Lien : http://carnetsdesel.fr/blog/..
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Je m'attendais à un livre tout entier dédié à l'écriture. On a finalement là un recueil de 5 textes, dont la seule cohérence réside dans le style très particulier de Marguerite Duras. C'est fin, bien maitrisé et certains passages sont de vrais pépites.
J'ai beaucoup accroché à la première partie, autour de l'acte romanesque, qui est, à sa manière, très émouvant. Elle dit beaucoup de chose sur l'auteur et le besoin d'écriture.
Les autres parties ont un intérêt plus limité, surtout en comparaison avec le début...
Un livre à acheter, pour le feuilleter de temps à autre.
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Les cinq textes ne m'ont pas touché de la même manière c'est pourquoi j'ai un avis mitigé sur ma lecture. J'ai préféré le premier texte qui s'intitule Ecrire comme cet ouvrage. La plume est belle, intime, touchante. Marguerite Duras nous ouvre la porte de sa maison et nous raconte son rapport à l'écriture. La solitude intérieure et la souffrance que cela engendre sont le fil conducteur de ce livre.
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Dans ce très court essai, Duras nous invite dans sa maison de Neauphle-le-Château. On y entre avec grand intérêt car attiré déjà par l'écriteau au-dessus de la porte où le mot « Écrire » y est gravé. Un seul verbe suffit pour attiser la curiosité du lecteur pour visiter cet antre, cette tour d'ivoire où un silence de cathédrale meuble chaque page.
C'est en rasant les murs qu'on fait nos premiers pas car dès les premiers mots, Duras nous impose sa solitude : « Il faut toujours une séparation avec les autres gens autour de la personne qui écrit les livres. C'est une solitude essentielle ». On l'observe alors de loin, dans son acte quasi religieux d'écrire, et on se dit que, peut-être faut-il commencer par ce texte pour comprendre et apprécier le reste de ses oeuvres. Je dis bien « peut-être ».
S'il y a bien une phrase qui décrirait le style d'écriture de Duras c'est bien celle-là : « L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu [...] » (ce sont ses propres mots). le vent, c'est inconstant. Un coup c'est violent, un autre c'est plus modéré, plus calme. le vent, peut être froid, voire glacial ; chaud, voire brûlant. C'est, peut-on dire, à l'image de sa plume où tout est déconstruit, brouillé et déroutant. Il n'y a pas de technique. Enfin, peut-être que l'absence de technique est, en soi, une technique ? du moins, sa technique. Par moments, il y a des fulgurances, notre esprit est alors en communion avec ses pensées, c'est une jouissance intellectuelle car on la comprend et par la même occasion, on se comprend. Elle met des mots très simples, et avec beaucoup de lucidité, sur ce qu'on pense. Dans d'autres moments, c'est éprouvant à lire, c'est tordu, on perd pied. Dans ce cas-ci, on a juste envie de la laisser se parler à elle-même et on tourne la page.
On poursuit alors notre visite et on découvre des chambres qui abritent ses peurs, ses angoisses, ses délires et sa folie, ses confidences d'amour, sa haine contre le nazisme, son rejet du capitalisme. Autant de choses indispensables dans sa vie pour alimenter le moteur de son écriture.
Les quatre textes suivants parlent de guerre et de deuil (elle fait un parallèle entre la mort de son frère Paulo au Japon et celle d'un jeune aviateur anglais) ; le tragique destin d'amour d'un couple à Rome ; du sens du mot "pur" et enfin de l'art de la peinture. Pour ma part, je n'ai apprécié aucun de ces textes.
Si vous voulez être en immersion dans l'acte d'écriture, je vous conseille cette lecture, je n'vous cache pas que vous risquez de vous ennuyer par moments, mais ça vaut le détour.
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« Ecrire » est un recueil de cinq nouvelles.

« Ecrire », la première d'entre elles, raconte le processus de création de Marguerite Duras et sa vision de ce qu'est l'acte d'écrire.

A lire à la maison, devant la fenêtre qui donne sur le jardin.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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