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Critique de Mermed



le carnet noir (tellement loué par T.S. Eliot) et Cefalu qui était encore mieux ne m'avaient annoncé un livre qui peut se comparer avec les meilleurs livres du 20° siècle et plus précisément, puisqu'il traite aussi d'expériences amoureuses remémorées, avec Proust.
le décor est poussiéreux, c'est l'Alexandrie moderne, et le milieu dans lequel tout se passe est un mélange d'une sophistication exceptionnelle et d' une sordidité qui l'est tout autant. La période n'est pas précisée, mais il s'agit peut-être des années 1930. le narrateur est un jeune instituteur irlandais sans le sou qui donne une conférence sur la poésie et s'apprête à rentrer chez sa maîtresse, une triste danseuse grecque nommée Melissa, lorsqu'il est recherché par l'héroïne du livre, Justine, une belle juive mariée à Nessim, un millionnaire copte.

le narrateur a une histoire d'amour avec Justine et il craint que Nessim ne s'arrange pour le tuer accidentellement lors d'une chasse au canard. Mais il ne se fait pas tuer; Nessim tire sur un autre homme; et Justine les quitte tous pour aller en Palestine immoler sa beauté et son élégance dans une ferme communautaire. Melissa meurt et le narrateur adopte son enfant, dont le père est Nessim. Voilà pour l'histoire.
L'histoire est racontée à la façon de James Joyce. Laissant sa mémoire parcourir librement de nombreuses personnes, de nombreux incidents, de nombreuses années, le narrateur ne raconte que les manifestations significatives qui lui viennent naturellement - et, comme on dit des acteurs d'une pièce, dans l'ordre de leur apparition. Aucune tentative formelle n'est faite pour structurer ou même rendre l'histoire facile à suivre : si vous n'obtenez pas une référence subtile ou savante, tant pis pour vous. Cela peut désorienter les lecteurs paresseux.
Durrell est un véritable poète qui semble avoir survécu moralement et littéralement aux désastres qui ont typiquement brisé sa génération post-joycéenne et post-proustienne. C'est un intellectuel du désert qui s'en est sorti. Autrefois disciple d'Henry Miller, il n'a pas seulement surpassé son maître, il a su faire face à la désintégration qu'il a laissée en héritage pour indiquer un mouvement réellement nouveau dans la littérature. Il est particulièrement significatif qu'il rapporte fidèlement la sordidité de son matériel et en fasse quelque chose de fort, de sain, de sage, de triste, d'amusant et de beau. Il a l'éloquence de celui qui est doublement né.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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