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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Imaginez un futur proche où l'inconscience humaine a atteint un tel stade que le monde ne peut plus être sauvé de lui-même. Réchauffement climatique, incendies, catastrophes naturelles en série, montées des eaux entraînant d'importants flux migratoires et des guerres civiles… C'est dans ce climat anxiogène de fin du monde que les humains continuent pourtant à évoluer. Conscients de leur fin prochaine, un certain fatalisme s'est d'ailleurs emparé d'eux. Et Casey, célèbre compositeur de musique, n'échappe pas à la règle. Cela explique peut-être l'étrange attraction que la journaliste Eve, rencontrée lors d'une interview, exerce sur lui, cette femme respirant la bonne humeur et la joie de vivre. Des qualités qui tranchent quelque peu avec la morosité ambiante.

Riche, reconnu professionnellement et vivant dans un quartier à l'abri des inondations, Casey n'est pas à plaindre même s'il s'avère difficile de le considérer comme quelqu'un de profondément épanoui. Sa bonne étoile semble le poursuivre quand on lui propose d'intégrer un projet secret visant à sauvegarder la personnalité et la mémoire de personnes triées sur le volet afin que leur esprit survivre à leur mort physique. Une fois le monde redevenu sain et habitable, il est prévu de transférer ces copies digitales dans des clones fabriqués à partir de l'ADN des quelque 60 000 participants. En attendant, ces sauvegardes évoluent en parfaite autonomie dans une sorte de paradis artificiel, le Framework, modulable selon les attentes et les souhaits de chacun.

Un projet un peu fou qui offre un véritable espoir en l'avenir et en la possibilité de faire revivre le monde de ses cendres, mais qui ne sera pas sans soulever de nombreuses questions d'ordre éthique et moral. Est-il juste que quelques personnes s'arrogent le droit de vie et de mort sur tout le monde ? En quoi un grand artiste est-il plus apte à participer à la reconstruction d'un monde équilibré qu'une personne altruiste ou un simple individu à l'éthique irréprochable ? Si j'ai pu comprendre, intellectuellement, cette volonté de sauvegarder la crème de la crème, je n'ai pu, humainement, m'empêcher d'être rebutée par cet élitisme qui ne se cache même pas. Et puis, l'élite qui, soit dit en passant, prend déjà une bonne partie des décisions, ne risque-t-elle pas de reproduire purement et simplement les conditions d'une nouvelle catastrophe ?

Malgré son aspect peu éthique, immoral et amoral, Casey ne résiste pas à cette offre inespérée de continuer à vivre au-delà de la mort, ce que je comprends très bien, d'autant que la date de fin du monde qu'on lui a annoncée approche à grands pas. Notre solitaire n'avait néanmoins pas prévu de tomber amoureux ! Or, si son moi virtuel est bien à l'abri de la fin du monde et coule des jours heureux dans le Framework, Eve, quant à elle, n'a pas eu la chance d'être contactée pour être sauvegardée. Une situation intolérable pour ces deux amoureux qui, tels deux héros dramatiques, aimeraient continuer à être unis après leur mort physique. Déterminés à faire de cet ardent désir une réalité, Eve et Casey se lancent sur la piste de l'entreprise à l'origine du projet, ce qui ne sera pas une tâche aisée, cette dernière ayant veillé à cacher ses traces.

J'ai beaucoup aimé suivre nos héros dans cette quête qui va les conduire à traverser des décors de désolation dignes d'un bon film post-apocalyptique. Si notre monde est déjà soumis aux caprices de la météo, à travers leur mini road trip, on réalise que la situation pourrait être bien pire… Eschaton, à cet égard, est un très bon roman d'anticipation, les propos de l'auteur semblant tristement crédibles et réalistes que ce soit au niveau de l'état de ce monde où la nature a clairement décidé de faire payer aux hommes le prix de leurs imprudences et excès, les comportements ayant conduit à ce grand gâchis ou encore, la manière dont les pays ont opté pour des stratégies de repli plutôt que de coopération. Ainsi, au lieu de trouver une solution globale afin d'éviter la surchauffe de la planète ou, à défaut, de développer un moyen de protéger le maximum de monde, chaque gouvernement a tenté de développer dans son coin une solution. Et bien sûr, une solution dont seuls les plus nantis et influents pourront bénéficier. À cet égard, on peut dire que secteur public et privé se ressemblent bien plus qu'ils ne le devraient…

De la première à la dernière ligne, l'auteur a su me captiver, d'autant que le rythme est haletant, l'écriture rythmée et les chapitres dynamiques. Je crois d'ailleurs que de tous ses romans, Eschaton est mon préféré, peut-être parce que je me suis terriblement attachée à ce couple qui doit affronter la fin du monde main dans la main, mais plus probablement en raison de cette idée d'arche de Noé virtuelle qui soulève des questions d'ordre éthique et moral qui n'ont pas manqué de m'interpeller. J'ai également apprécié d'alterner entre le Casey de la réalité et celui du Framework, tous les deux évoluant différemment, puisque pas soumis aux mêmes épreuves.

L'auteur introduit d'ailleurs un certain suspense : là où l'enjeu dans la vraie vie est la sauvegarde de l'esprit d'Eve, dans le Framework, il s'agit bien plus de l'adaptation de notre compositeur à sa vie virtuelle. Or, au fil des jours, ce dernier sent que quelque chose ne va pas : des photos noircies, des souvenirs manquants, un sentiment inexplicable de vide… Et si Kinglsey, sorte de concierge virtuel, lui cachait des informations et que le Framework n'était pas le paradis qu'on lui a vendu ? Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que l'auteur dénoue avec brio les doutes de son protagoniste et de ses lecteurs, en introduisant notamment une dimension psychologique à son roman. En effet, conserver les esprits de personnes brillantes est une chose, mais en assurer l'équilibre psychologique et le bien-être mental, en est une autre…

En résumé, ce roman d'anticipation confirme le talent de Guy-Roger Duvert pour proposer des intrigues accessibles, fluides et captivantes qui poussent les lecteurs à réfléchir à l'état du monde actuel et à se poser de nombreuses questions d'ordre éthique et moral. Teintée de romance, mais avant tout dérangeant de réalisme, Eschaton devrait vous offrir un moment de divertissement agréable entre monde virtuel, enquête sur les traces d'une entreprise secrète et espoir en la technologie pour faire renaître de ses cendres un monde condamné par l'inconscience humaine.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Eschaton est le troisième roman de Guy-Roger Duvert que j'ai la chance de lire, mais chronologiquement, il a été publié avant la série des Chroniques occultes, avec laquelle j'ai découvert l'auteur et qui m'a valu, pour le moment, deux beaux coups de coeur sur ses deux premiers tomes.

Avec Eschaton, on change de style. Après l'aventure pulp, nous voici en plein roman d'anticipation.
Nous sommes dans un avenir proche. Si l'humanité a pris conscience du danger représenté par le changement climatique, elle n'a pas su modifier ses habitudes pour essayer de l'enrayer ou au moins, de le limiter. Chacun n'étant prêt à faire que les efforts qui lui conviennent, la fuite en avant s'est poursuivie ; inondations, incendies, pandémies, phénomènes violents et chaleurs extrêmes... se succèdent à un rythme si effréné que la fin du monde à plus ou moins court terme n'est plus une hypothèse mais une certitude. L'être humain n'a pas su réagir, accueillant le désastre avec fatalisme ; autant profiter du temps qu'il reste…

Dans ce roman, nous allons suivre plus spécifiquement Casey, un compositeur de musiques de films célèbre à Hollywood, à qui l'on fait une proposition pour le moins surprenantes : le « copier » dans un monde virtuel où son lui-digital pourra survivre à la fin du monde…

Eschaton est un roman assez court, et comme toujours avec les romans de Guy-Roger Duvert, je l'ai dévoré très rapidement. le style de l'auteur me plaît toujours autant malgré le changement de registre.

Très vite dans ma lecture, j'ai été touchée par la similitude entre ce que décrit le roman et l'actualité de ces derniers mois, jours. Tous les jours on nous parle des conditions climatiques dégradées, nous voyons les flammes dévorer notre territoire un peu partout, nous subissons des canicules de plus en plus fréquentes et rapprochées dans le temps, la planète brûle littéralement et pourtant, que faisons-nous ? Bien sûr nous avons depuis des années tenté de changer quelques habitudes, tout en nous répétant, tant pour nous donner bonne conscience que par réalisme, que ce ne sera pas suffisant face à la débauche d'énergie dont font preuve certains puissants.
L'avenir proche imaginé par l'auteur est terriblement réaliste, et ce qui m'a le plus effrayé, c'est de voir que nous sommes finalement déjà frappés par ce fatalisme, nous commençons à nous dire que c'est déjà trop tard…

La solution proposée à Casey est, elle aussi, le point de réflexions très intéressantes, sur les réalités virtuelles notamment. La copie digitale, à l'identique d'un homme, est-elle réellement cet homme ? Peut-on réellement pensé qu'il aura survécu si après tout ca, on réintégre cette copie virtuelle à une enveloppe corporelle ?

Et que penser, au niveau éthique, de la sélection par quelques uns des privilégiés qui auront la « chance » de survivre, parmi la multitude condamnée à disparaître ? Comme le soulèvent Eve et Casey, sur quelles bases juger de qui a été et sera « utile » à l'humanité ? Des scientifiques, des artistes, des hommes riches… mais la masse qui les fait vivre, est-elle réellement inutile ?

Il y a également le questionnement sur l'avenir promis à une civilisation humaine qui aurait une "seconde chance", que ce soit dans un monde virtuel ou sur une autre planète. Comment penser que ceux qui ont détruit la planète sauront se remettre en question, modifier leur façon de vivre pour ne pas reproduire le même désastre?

J'ai beaucoup aimé la construction du roman, à ma surprise j'ai même fini par préférer suivre Casey dans le Framework, le monde virtuel, que dans la réalité, car j'avais l'impression qu'on allait vers une révélation qui allait justement dénoncer ce Framework et j'étais très curieuse.

Avais-je raison ou tort ? Je vous laisse le découvrir par vous-même !
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Bonsoir. Parlons d'une nouvelle lecture terminée. 🥰
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Eschaton de Guy-Roger Duvert.
🍃
La planète est trop endommagé, le désastre climatique est en cours, la fin de notre civilisation arrive.

Casey est un compositeur célèbre. À sa propre surprise il se retrouve contacter par un homme qui prétend connaître la date exacte de la fin du monde et qui lui parle d'un programme lancé pour permettre à notre civilisation d'y survivre. Un monde virtuel ou sera copiées les personnalités de tous les plus grand scientifique vivants, et duquel ils pourront sortir des siècles plus tard...
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Une lecture troublante, qui veut nous parler d'un avenir qu'on essaye d'oublier...
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J'ai beaucoup apprécier ce récit assez court de 231 pages, l'auteur a su trouver et mettre en place un roman complet, intéresser et qui permet de se poser des questions.

Les personnages m'on bien plus Casey et Eve, lui est un homme artiste remplie de questions et elle est une jeune femme en quête de frissons mais surtout tout les deux ils veulent toujours apprendre plus.

La plume est vraiment très agréable, ça se dévore rapidement !

On alterne les chapitres entre vie réelle et cette nouvelle virtuel j'ai trouver ça très intéressant, ça permet de donner un rythme agréable au récit.

Ce roman qui nous parle de danger bien réelle, et d'évolution de l'humanité qui fait peur, c'est flippant et en même temps très attirant !
L'histoire nous fait froid dans le dos mais elle nous bouscule à nous rendre compte de ce qu'on vie.. Désoler je ne suis pas très claire 🤔

Et la fin, ça fais pas "boum" mais c'est une fin cohérente avec une pointe de surprise et une pointe qui laisse le lecteur content.
L'auteur a su parfaitement mené son histoire pour donner a son public des sentiments différent..

Quel plaisir de lire un livre bien travailler ! 🥰
C'est un genre que je ne lis pas énormément encore mais qui m'attire de plus en plus et qui je pense à un vrai avenir !

On a besoin de se genre de livres pour bousculé les mentalité, les lecteurs. Oui c'est un roman qui a un fond puissant !

J'ai tout apprécier du début à la fin, et je vous conseil ce roman avec plaisir. 😉

Plonger les yeux fermés dans l'avenir noir..😨
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Eschaton prend place dans un univers dystopique tellement tangible qu'il pourrait figurer une anticipation catastrophiste de notre futur. Un monde voué à l'apocalypse, dévasté par la surpopulation, l'épuisement des ressources et les bouleversements tant climatiques qu'écologiques. Des villes englouties, des exodes incontrôlables de populations, une anarchie omniprésente, des conflits globalisés … tout le monde l'a plus ou moins compris et la plupart s'y sont résignés, la fin approche et elle est inéluctable. C'est dans ce contexte que Casey, compositeur de génie, qui ne vit que pour son art est approché par une mystérieuse organisation qui lui propose de copier sa personnalité et son talent au coeur d' une réalité virtuelle dans l'espoir qu'un jour la planète soit à nouveau en mesure d'accueillir ces esprits réincarnés dans des clones humains. Parallèlement à une thématique conjecturale et technique, l'auteur introduit un aspect plus émotionnel par le biais d'une histoire d'amour aussi inattendue qu'intense mais condamnée à terme à disparaître dans l'extinction du monde réel. Sans jamais apparaître moralisateur, Guy-Roger Duvert, dresse un portrait caustique de notre société ou tout le monde prêche pour la sauvegarde de la planète mais où personne ne veut renoncer à son confort et ses prérogatives. Des propos qui s'avèrent terriblement crédibles et réalistes que ce soit concernant l'état de dépérissement de la Terre ou sur de la manière dont nos cupides gouvernants éludent les problèmes au nom d'une éphémère et illusoire prospérité. Il pose des questions fondamentales sur l'impact désastreux de l'industrie textile, de la surutilisation des serveurs numériques, de la surconsommation débridée et autre phénomènes de société auxquels la majorité est fermement attachée. de la même façon, il introduit d'une manière implicite des interrogations d'ordre déontologique sur le pouvoir de s'arroger le droit de décider de qui doit survire et qui doit être sacrifié dans l'intérêt général. Par ailleurs, il enrichit son récit d'une dimension psychologique dans le sens ou on peut douter avec raison que la copie d'une mémoire dans une réalité virtuelle comme dans un clone puisse restituer un être dans sa complétude et ce, sans effacer son âme. le récit, bien que très sombre, s'achève sur une touche d'espérance, pour le moins dérangeante, tournée vers la technologie pour ramener à la vie l'élite de l'humanité et pallier par la même occasion à son incompétence et sa stupidité dévastatrice. Dommage que l'auteur n'est pas exploré plus avant son univers virtuel ni prolongé son histoire après l'Eschaton.
En résumé, un roman d'anticipation qui confirme la maîtrise de Guy-Roger Duvert pour proposer des intrigues simples mais intelligentes, bien construites et engageantes même si le style reste classique et quelque peu empreint de facilités. Un divertissement agréable entre mondes virtuels, romance à suspense, enjeu environnemental et angoisses d'un avenir hasardeux.
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Sur la base de faits réels, l'auteur nous embarque au sein d'une société où le temps est désormais compté.
L'histoire est très prenante, on se prend à courir aux cotés de nos deux protagonistes, touchants et plein d'entrain, pour fuir ce temps qui ne cesse de s'amenuir.
Je me suis attachée à ces personnages, à cet espoir qu'ils portent en eux.
J'ai apprécié les descriptions qui permettent de visualiser les choses, sans pour autant nuire au rythme du récit.
J'ai également beaucoup aimé avoir la vision de l'autre monde avec ses codes, ses limites.
Mais j'aurai apprécié que ces parties soient plus développées car ce monde méritait largement qu'on y entre plus en profondeur et qu'on y découvre son ampleur plus en détails.
La plume est légère, fluide, juste et équilibrée, c'est un roman qui se lit d'une traite.
Les chapitres se terminent par des situations qui font qu'on a toujours envie d'en lire un peu plus, tant et si bien qu'on arrive au bout presque sans s'en apercevoir.
Le livre est court mais les mots s'assemblent avec cohérence et dynamisme.
Les révélations sont bien amenées et les secrets percutants.
Eschaton est un très bon roman d'anticipation, les propos de l'auteur semblant tristement crédibles et réalistes que ce soit au niveau de l'état de ce monde où la nature a décidé de faire payer aux hommes le prix de leurs imprudences et excès, les comportements ayant conduit à cela ou encore, la manière dont les pays ont opté pour des stratégies de repli plutôt que de coopération.
Ce livre mérite vraiment une suite pour avoir plus d'informations sur ce que deviennent les personnages et savoir comment tout se termine réellement.
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Jamais deux sans trois dit-on !
Une fois de plus, je me suis régalée avec cette lecture !
Guy-Roger DUVERT fait, dès à présent, partie de mes auteurs incontournables !

Par où commencer ?

Déjà, quel univers !
Comme les précédents créés par l'auteur, ils sont d'un réalisme à couper le souffle. L'on s'y croirait !
Ici, le Monde a accepté son triste sort : nous ne pouvons plus rien pour sauver notre planète, la fin de l'humanité est proche...
Le fatalisme est là, cependant quelques privilégiés se voient proposer de possibles solutions pour tenter de survivre.

J'ai tout simplement été captivée tout au long de ma lecture.
Même s'il y a moins d'actions que dans les précédents, et que nous avons cette fois, une touche de romance, l'histoire est prenante.

Les pages défilent toutes seules, toujours grâce à cette écriture ultra fluide, très agréable, que j'apprécie tant.
De plus, il est assez court ! Il se dévore tout seul !

Ce que j'apprécie aussi, c'est que l'on ne sait pas vraiment la tournure que vont prendre les évènements. Je ne savais pas à quoi m'attendre !

Tout est toujours aussi bien décrit et la découverte de Manhattan, envahi par montée des eaux, m'a fait froid dans le dos.

Eve et Casey sont tous deux attachants et surtout, la romance est bien dosée !

Egalement cela permet encore une fois, une réflexion sur notre mode de vie actuel et ses conséquences pour les générations futures !
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Si Guy-Roger Duvert continue dans cette lancée, il va vraiment falloir que je songe à lui réserver une étagère complète dans ma future bibliothèque : déjà cinq livres sortis en à peine trois ans, et deux autres sont d'ores et déjà prévus d'ici la fin de l'année 2021 ! On ne l'arrête décidemment plus ! Et contrairement à ce que certaines mauvaises langues pourraient assurément persifler en observant ce rythme de sortie et en constatant que c'est toujours de la science-fiction, il nous offre toujours la même qualité littéraire, et toujours quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent ! C'est d'ailleurs pour cette raison que je me jette aveuglément dessus, souvent même sans avoir lu le résumé : il fait indiscutablement parti de ces auteurs dont je compte bien posséder toute la bibliographie, car ses histoires me font invariablement vibrer, trembler et pleurer, car j'apprécie énormément sa plume, très caractéristique, et car je trouve que ses visions du futur sont très justes, très réfléchies. Car la science-fiction, c'est aussi ça : dépeindre au lecteur divers avenirs possibles, pas forcément bien reluisant, mais rarement parfaitement sombre, car au coeur de la nature humaine, il reste toujours une petite étincelle de lumière.

Le monde est foutu, définitivement condamné : dans ce futur pas si lointain, cette terrible perspective est clairement établie, bien ancrée dans tous les esprits. Et alors, le fatalisme a remplacé l'insouciance et l'inquiétude des années 1970 à 2020. Puisqu'il n'y a plus rien à faire pour sauver cette planète, autant profiter pleinement de l'existence, en dépit des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et meurtrières et de cette fin du monde qui approche sans que quiconque sache exactement quand et comment elle aura lieu. Enfin, c'est ce que pense le grand public. Casey, compositeur de musiques de films ou de mondes virtuels, va découvrir que ce n'est pas tout à fait vrai : le voici contacté par une mystérieuse firme, qui affirme connaitre avec précision la date de la fin du monde et lui propose une place dans un programme de réalité virtuelle destiné à « sauvegarder » les esprits des plus grands scientifiques, penseurs et artistes de ce monde, afin de les réimplanter dans un corps cloné lorsque la Terre sera à nouveau habitable. N'ayant pas encore pu réaliser « l'oeuvre de sa vie », il accepte : voici qu'un double numérique habite désormais dans un monde numérique, tandis qu'il sait que son « vrai lui » sera soufflé par l'apocalypse dans quelques mois. Mais voilà, il rencontre Eve, et il ne peut supporter l'idée qu'il « survivra » et pas elle …

Comme toujours, Guy-Roger Duvert nous présente un futur tout à fait possible, probable, et tout à fait glaçant, effrayant. L'inaction de l'homme, prompt à faire de grands discours pour se donner bonne conscience (« oh, la pollution, c'est vraiment terrible, nous devons tous faire notre possible pour protéger la planète ! ») mais réfractaire au moindre petit effort (« arrêter d'acheter le dernier jean à la mode, arrêter de prendre l'avion pour barboter sur une plage à l'autre bout du monde ? hors de question ! quoi, la pollution ? bah, c'est pas moi qui peut y changer quelque chose, autant continuer à profiter de la vie ! »), a précipité l'inexorable, l'inévitable. le monde touche à sa fin : les catastrophes naturelles se multiplient et s'amplifient. La montée des eaux et les tsunamis ravagent tous les littoraux, les ouragans et les incendies dévastent l'intérieur des terres. Les réfugiés climatiques sont de plus en plus nombreux, et ces mouvements de population entrainèrent toujours plus de conflits armés. Mais après la panique et la colère (car bien sûr, c'est toujours la faute de l'autre, jamais la sienne), le reliquat d'humanité est retournée à ses vieilles habitudes : vu qu'il n'y a plus rien à faire, satisfaisons nos petits désirs égoïstes et continuons à faire comme si de rien n'était, comme si des milliards de personnes n'étaient pas mortes à cause de ce comportement égocentré et je-m'en-foutiste.

Mais bien sûr, l'auteur ne s'arrête pas à ce « seul » constat : décrire un futur apocalyptique, cela ne suffit pas. Car si la majorité semble s'être résignée à cette fin du monde plus ou moins imminente, d'autres sont bien décidés à y survivre. Par tous les moyens possibles. Il y a ceux qui ne jurent que par la conquête spatiale et qui investissent dans des vaisseaux destinés à embarquer une partie de la population sur Mars ou ailleurs (ce qui nous ramène à Oustphere, d'une certaine manière), il y a ceux qui décident de fabriquer des immenses bunkers sous-marins dans lesquels une partie de la population sera préservée … et il y a ceux qui misent sur le sacro-saint numérique. Imaginez qu'il soit possible de « télécharger » toutes les données contenues dans votre esprit, votre personnalité, vos souvenirs (ce que nous retrouvons dans Backup d'une façon quelque peu différente), pour les insérer dans un programme de réalité virtuelle (un peu comme ceux de Virtual Revolution 2046) jusqu'au jour où la planète sera à nouveau habitable par des clones dans lesquels on retransférera les données. Il « suffit » d'installer les serveurs dans un lieu parfaitement sécurisé, avec un apport suffisant en électricité, et cette « vie numérique » peut durer littéralement des siècles ! Mais hors de question de « sauvegarder » n'importe qui : ces esprits vont être « confinés » ensemble pendant tellement longtemps qu'il faut s'assurer à la fois de leur « utilité » pour la reconstruction de l'humanité et de leur équilibre psychologique pour être certain que la « cohabitation virtuelle » se passera bien …

Et voilà que Casey, composition de génie, est sélectionné pour rejoindre le programme. Jusque-là, tout va bien, même si, tout comme lui, nous nous interrogeons sur la moralité de cette sélection : quel homme peut décider de qui « mérite » d'être sauvé et de qui doit mourir ? Une vie vaut-elle plus qu'une autre ? Visiblement, il suffit d'être un intellectuel pour être jugé « digne » d'être préservé de la mort, alors que le petit agriculteur du coin, qui s'échine pourtant à nourrir une humanité fort peu reconnaissante, est considéré comme un « moins que rien » qui ne mérite pas sa place dans ce paradis virtuel, dans cette « future » humanité … C'est d'autant plus terrible qu'on sait parfaitement que, si cela arrivait, c'est exactement comme ça que cela se passerait. Il y a un réalisme incroyable dans ce récit d'anticipation, et ça fait vraiment froid dans le dos. Et à côté de cela, il y a la lumière. Il y a l'amour qui nait entre Casey et Eve : je ne suis pas une grande romantique, mais il y a quelque chose de tellement tragique dans cette histoire d'amour sur fond de fin du monde que j'en ai eu la chair de poule ! Et tandis qu'ils se lancent dans une véritable course contre la montre pour qu'Eve puisse elle aussi intégrer ce programme, nous n'avons qu'une envie : les aider. On tremble vraiment pour eux, et on dévore chaque chapitre avec une inquiétude grandissante, avec le coeur qui s'emballe un peu plus à chaque fois, tandis que la fin approche beaucoup trop rapidement …

En bref, je pense qu'il est inutile de continuer, vous l'aurez bien compris : une fois encore, Guy-Roger Duvert a réussi à me captiver du début à la fin avec ce page-turner où se côtoient allégrement actions, émotions et réflexions ! Comme toujours, le décor est rapidement posé, les personnages sont rapidement présentés et les enjeux rapidement exposés : il sait vraiment aller à l'essentiel pour nous plonger le plus vite possible dans l'histoire, sans s'embarrasser d'une contextualisation à rallonge. Et comme toujours, je n'ai absolument rien à reprocher : la plume est toujours aussi incroyablement cinématographique, le rythme est toujours admirablement bien géré … Et comme toujours, derrière cette histoire admirablement palpitante et émouvante, se cachent de nombreuses pistes de réflexion pour le lecteur : l'humanité est loin d'être présentée sous ses meilleures facettes, mais force est de constater que dans notre présent, ce sont déjà ces facettes qui prédominent. Il n'y a qu'à songer au nombre d'étudiants qui considèrent qu'on devrait laisser les vieux mourir du Covid pour laisser les jeunes s'amuser sans aucune contrainte pour se rendre compte que l'égoïsme est bel et bien ancré dans nos mentalités contemporaines … Alors, prêts à embarquer pour la fin du monde avec ce one-shot dynamique et saisissant ?
Lien : http://lesmotsetaientlivres...
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J'ai retrouvé dans ce livre l'univers particulier de Guy-Roger. Avec lui je me propulse dans le futur, un monde qui pourrait exister, mais j'avoue que ce récit peut « faire un peu peur ». Même si ce livre ne nous propose pas un grand suspense comme ce que j'aime d'habitude, j'ai aimé le mélange des genres. Une course à la vie, mêlée à une histoire d'amour dans un monde futuriste. L'auteur nous propose un monde où la planète reprend ses droits, là où un couple va tout faire pour survivre à la fin du monde. Connaître en grande partie l'issue du livre n'est absolument pas gênant bien au contraire. Ce fût donc une lecture bien agréable, comme les précédentes pour cet auteur.
Lien : https://heylowdylitdeslivres..
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J'aime beaucoup les livres de Guy-Roger Duvert et j'avais hâte de me replonger dans un de ses univers. Commençons par la base: le titre.

ESCHATON: c'est l'objet d'étude de l'eschatologie, la destinée finale du monde, la fin de toutes choses. Avec un titre pareil, la couleur est tout de suite annoncée. Et effectivement, dès le début du livre, on nous explique que la terre est tellement endommagée par les changements climatiques que les humains se savent perdus. Alors que certains tentent de créer des projets spatiaux ou de bases souterraines pour survivre, la majorité de la population s'est resignée à sa mort prochaine.

Perdu dans sa solitude, Casey, compositeur et héros de cette histoire, va accepter de faire partie d'un projet virtuel qui lui permettra de survivre après la destruction de son enveloppe charnelle. Il est donc prêt à affronter tranquillement la fin du monde qui approche. Sauf qu'au fil des mois qui le mène à sa mort, Casey va tomber amoureux de Eve, n'envisageant plus la vie sans celle-ci. Commence alors un compte à rebours pour sauver Eve…

Tous les livres de Guy-Roger Duvert sont axés action sur des thèmes de science-fiction. Quelle surprise ici de voir que la romance est une part entière de ce livre. On retrouve bien la science fiction avec la possibilité de sauvegarder l'esprit humain, la vision d'un monde suite au dérèglement climatique… Mais au final, je l'ai perçu comme une histoire d'amour avant tout. le roman est court, et pourtant le couple de Eve et Casey est déjà attachant. J'avais envie de les voir réussir, même si c'est un peu égoïste de ne vouloir sauver qu'Eve. Après tout, dans un monde virtuel, il y a de la place pour tout le monde. Sauf que le temps qui leur restait n'aurait pas permis de sauver tout le monde. Sans en faire trop, on sent le lien qui les unit et qui les pousse à tout faire pour rester ensemble.

La première partie du livre pose les bases de l'univers et laisse doucement la romance arriver. Et puis tout s'accélère pour sauver Eve. le compte à rebours est lancé pour nos deux héros. de nouveau, j'ai retrouvé le style cinématographique de l'auteur. Les scènes sont très visuelles et s'enchainent comme dans un film. Les chapitres sont courts. ils ne font que quelques pages, poussant le lecteur à continuer encore et encore jusqu'à la fin.

J'ai encore une fois passé un très bon moment et cette bulle de douceur était très agréable, même si surprenante. J'ai aussi particulièrement aimé d'avoir des chapitres parallèles sur ce qui se passe dans le monde virtuel où a été copié Casey.
Lien : https://veryimportantbook.ho..
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Ce fut une excellente lecture. Ce roman fait rappel les films catastrophes, dynamique, tout en étant très posé et intimiste. Même si je n'ai pas accroché au personnage de Casey, l'histoire fut passionnante à découvrir, je trouve que l'auteur s'améliore à chaque roman.
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