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Rutger Van de Steeg (Autre)Vincent Laïk (Autre)
EAN : 9798656187688
233 pages
Auto édition (24/01/2021)
4.29/5   45 notes
Résumé :
Dans un futur proche, la population est passée du statut d'insouciance à celui d'inquiétude, pour enfin vivre dans la résignation : la planète est trop endommagée, le désastre climatique est en cours, la fin de notre civilisation approche. Et pourtant, hormis un fatalisme ambiant, cela affecte peu le quotidien de chacun. Autant profiter de ce qu'on l'a tant que cela dure.

Casey est un compositeur de musiques de films célèbre, confortablement installé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Un auteur que je suis toujours ravie et curieuse de lire.
Un auteur toujours très pessimiste dans sa vision de l'avenir de notre monde mais qui, par un moyen ou un autre, fait apparaître une petite éclaircie dans cette noirceur inévitable.
Notre Terre est finie, condamnée par l'humain. Il est trop tard, nous n'avons pas suffisamment agi. Nous nous sommes voilés la face et aujourd'hui, nous attendons simplement cette fin programmée.
Toutes les villes côtières ou presque ont disparu suite à la montée des eaux. Les villes restantes subissent une migration de masse, parfois de leur propre population nationale. C'est aux chanceux d'ouvrir leurs portes et leurs maisons aux survivants. Mais la solidarité n'a jamais été notre fort.
Comme toujours, certains s'en sortent mieux que d'autres. Les riches, les nantis, les décideurs, ceux qui ont les moyens intellectuels et/ou financiers trouvent ou se voient proposer des solutions de survie plus ou moins précaires.
C'est le cas de Casey, compositeur de génie, qui ne vit que pour son art et ses oeuvres. Un solitaire qui se plaît à vivre seul, en marge de la société, avec ses souvenirs et ses blessures.
Le jour où l'on vient lui proposer de copier son cerveau, sa mémoire, son talent dans une réalité virtuelle, numérique, il ne se pose pas trop de questions et accepte la proposition. Dans peu de temps, la Terre disparaîtra, le Casey original mourra mais son esprit survivra à l'abri, en attendant que notre planète soit à même d'accueillir de nouveau des clones d'humains. En attendant, Casey passera cette vie virtuelle à composer et profiter. C'est parfait.
Mais une fois copié, une rencontre dans la vie réelle va tout bouleverser. Casey tombe éperdument amoureux.
Dès lors, les quelques semaines restantes de sa vie sur Terre ne vont être qu'une course contre la monte pour réussir à faire bénéficier sa compagne du même programme virtuel.

Les thèmes du futur, du numérique et du virtuel sont toujours importants pour l'auteur mais cette fois-ci, une romance prend beaucoup de place. Ce n'est pas cet aspect qui m'a le plus intéressée.
La grande interrogation, pour moi, est plutôt de savoir si une copie virtuelle de nous-mêmes reste "nous". L'ambiguïté est là pour ceux qui croient en l'existence d'une âme. La copie d'une mémoire dans une réalité virtuelle puis dans un clone suffit-elle à restituer une personne dans son entièreté ?
Et ces différents moyens de survivre à l'apocalypse pour mieux revenir sur Terre une fois toutes les conditions réunies, n'est-ce pas une erreur ? Nous avons détruits notre planète mais l'Homme, trop confiant, souhaite y revenir et tout recommencer. Souhaitons que ce ne sera pas pour répéter les mêmes erreurs.
Un one shot qui change, l'auteur se diversifie dans son genre de prédilection. Comme souvent, une histoire de science-fiction et de dystopie pessimiste mais malheureusement réaliste.
Comme toujours, une excellente lecture.


L'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
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A quand la fin du monde ?

Un roman d'anticipation avec une pointe de romance dans une société qui accepte le destin qu'elle s'est elle-même même forgée, l'auteur y aborde l'avenir de notre planète. D'aillleurs, ici le titre est explicite : Eschaton fait référence à la fin du monde.

Casey, un compositeur de musiques de films, ressent le danger sous-jacent à toutes les catastrophes qui se déroulent sur la planète : les changements climatiques, catastrophes naturelles ... La fin de monde arrive, alors s'engage une course contre la montre afin de sauvegarder l'homme grâce au programme ''Framework''. Pendant que certains tentent de trouver des solutions, une société a créé un monde virtuel dans lequel une « copie » de personnes triées sur le volet : des scientifiques, des chercheurs , des artistes ont été sélectionnées. Ils sont les seuls à être au courant de la date de l"Eschaton". Casey fait partie des artistes du programme, il tombe néanmoins amoureux d'une journaliste et tente de la faire intégrer au programme. Ainsi, on alterne entre le monde réel où Casey se débat pour protéger celle qu'il aime et le monde virtuel avec la copie de Casey.

Comment vivre pleinement un amour lorsqu'on sait qu'il ne reste plus que quelques semaines à vivre ?
Avec ce roman d'anticipation, l'auteur évoque les dégâts que l'homme fait à sa propre planète, et surtout comment on ferait face à cette situation. Et là, ça a beau être un roman d'anticipation, il est facile d'imaginer que les premières idées qui nous viendraient à l'esprit seraient de trouver une autre planète habitable ou de "choisir " ceux qui survivraient à la fin du monde.

En résumé, la plume de l'auteur est décidément fluide et sa manière d'aborder des thématiques d'actualités particulièrement captivante.
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Imaginez un futur proche où l'inconscience humaine a atteint un tel stade que le monde ne peut plus être sauvé de lui-même. Réchauffement climatique, incendies, catastrophes naturelles en série, montées des eaux entraînant d'importants flux migratoires et des guerres civiles… C'est dans ce climat anxiogène de fin du monde que les humains continuent pourtant à évoluer. Conscients de leur fin prochaine, un certain fatalisme s'est d'ailleurs emparé d'eux. Et Casey, célèbre compositeur de musique, n'échappe pas à la règle. Cela explique peut-être l'étrange attraction que la journaliste Eve, rencontrée lors d'une interview, exerce sur lui, cette femme respirant la bonne humeur et la joie de vivre. Des qualités qui tranchent quelque peu avec la morosité ambiante.

Riche, reconnu professionnellement et vivant dans un quartier à l'abri des inondations, Casey n'est pas à plaindre même s'il s'avère difficile de le considérer comme quelqu'un de profondément épanoui. Sa bonne étoile semble le poursuivre quand on lui propose d'intégrer un projet secret visant à sauvegarder la personnalité et la mémoire de personnes triées sur le volet afin que leur esprit survivre à leur mort physique. Une fois le monde redevenu sain et habitable, il est prévu de transférer ces copies digitales dans des clones fabriqués à partir de l'ADN des quelque 60 000 participants. En attendant, ces sauvegardes évoluent en parfaite autonomie dans une sorte de paradis artificiel, le Framework, modulable selon les attentes et les souhaits de chacun.

Un projet un peu fou qui offre un véritable espoir en l'avenir et en la possibilité de faire revivre le monde de ses cendres, mais qui ne sera pas sans soulever de nombreuses questions d'ordre éthique et moral. Est-il juste que quelques personnes s'arrogent le droit de vie et de mort sur tout le monde ? En quoi un grand artiste est-il plus apte à participer à la reconstruction d'un monde équilibré qu'une personne altruiste ou un simple individu à l'éthique irréprochable ? Si j'ai pu comprendre, intellectuellement, cette volonté de sauvegarder la crème de la crème, je n'ai pu, humainement, m'empêcher d'être rebutée par cet élitisme qui ne se cache même pas. Et puis, l'élite qui, soit dit en passant, prend déjà une bonne partie des décisions, ne risque-t-elle pas de reproduire purement et simplement les conditions d'une nouvelle catastrophe ?

Malgré son aspect peu éthique, immoral et amoral, Casey ne résiste pas à cette offre inespérée de continuer à vivre au-delà de la mort, ce que je comprends très bien, d'autant que la date de fin du monde qu'on lui a annoncée approche à grands pas. Notre solitaire n'avait néanmoins pas prévu de tomber amoureux ! Or, si son moi virtuel est bien à l'abri de la fin du monde et coule des jours heureux dans le Framework, Eve, quant à elle, n'a pas eu la chance d'être contactée pour être sauvegardée. Une situation intolérable pour ces deux amoureux qui, tels deux héros dramatiques, aimeraient continuer à être unis après leur mort physique. Déterminés à faire de cet ardent désir une réalité, Eve et Casey se lancent sur la piste de l'entreprise à l'origine du projet, ce qui ne sera pas une tâche aisée, cette dernière ayant veillé à cacher ses traces.

J'ai beaucoup aimé suivre nos héros dans cette quête qui va les conduire à traverser des décors de désolation dignes d'un bon film post-apocalyptique. Si notre monde est déjà soumis aux caprices de la météo, à travers leur mini road trip, on réalise que la situation pourrait être bien pire… Eschaton, à cet égard, est un très bon roman d'anticipation, les propos de l'auteur semblant tristement crédibles et réalistes que ce soit au niveau de l'état de ce monde où la nature a clairement décidé de faire payer aux hommes le prix de leurs imprudences et excès, les comportements ayant conduit à ce grand gâchis ou encore, la manière dont les pays ont opté pour des stratégies de repli plutôt que de coopération. Ainsi, au lieu de trouver une solution globale afin d'éviter la surchauffe de la planète ou, à défaut, de développer un moyen de protéger le maximum de monde, chaque gouvernement a tenté de développer dans son coin une solution. Et bien sûr, une solution dont seuls les plus nantis et influents pourront bénéficier. À cet égard, on peut dire que secteur public et privé se ressemblent bien plus qu'ils ne le devraient…

De la première à la dernière ligne, l'auteur a su me captiver, d'autant que le rythme est haletant, l'écriture rythmée et les chapitres dynamiques. Je crois d'ailleurs que de tous ses romans, Eschaton est mon préféré, peut-être parce que je me suis terriblement attachée à ce couple qui doit affronter la fin du monde main dans la main, mais plus probablement en raison de cette idée d'arche de Noé virtuelle qui soulève des questions d'ordre éthique et moral qui n'ont pas manqué de m'interpeller. J'ai également apprécié d'alterner entre le Casey de la réalité et celui du Framework, tous les deux évoluant différemment, puisque pas soumis aux mêmes épreuves.

L'auteur introduit d'ailleurs un certain suspense : là où l'enjeu dans la vraie vie est la sauvegarde de l'esprit d'Eve, dans le Framework, il s'agit bien plus de l'adaptation de notre compositeur à sa vie virtuelle. Or, au fil des jours, ce dernier sent que quelque chose ne va pas : des photos noircies, des souvenirs manquants, un sentiment inexplicable de vide… Et si Kinglsey, sorte de concierge virtuel, lui cachait des informations et que le Framework n'était pas le paradis qu'on lui a vendu ? Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que l'auteur dénoue avec brio les doutes de son protagoniste et de ses lecteurs, en introduisant notamment une dimension psychologique à son roman. En effet, conserver les esprits de personnes brillantes est une chose, mais en assurer l'équilibre psychologique et le bien-être mental, en est une autre…

En résumé, ce roman d'anticipation confirme le talent de Guy-Roger Duvert pour proposer des intrigues accessibles, fluides et captivantes qui poussent les lecteurs à réfléchir à l'état du monde actuel et à se poser de nombreuses questions d'ordre éthique et moral. Teintée de romance, mais avant tout dérangeant de réalisme, Eschaton devrait vous offrir un moment de divertissement agréable entre monde virtuel, enquête sur les traces d'une entreprise secrète et espoir en la technologie pour faire renaître de ses cendres un monde condamné par l'inconscience humaine.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Guy-Roger Duvert est un auteur dont je découvre toujours avec grand plaisir ses nouveaux écrits, car il a un style vif, fluide et visuel qui fonctionne avec moi. Quel que soit le livre, j'imagine toujours aisément les personnages évoluer au fil du récit et traverser toutes sortes de décors futuristes incroyables. Lorsqu'il y a de l'action, on a réellement l'impression d'y être ! Ainsi, j'ai systématiquement l'impression d'avoir un film sous les yeux. « Eschaton » ne fait pas exception : en quelques pages, on s'imagine aux côtés de Casey. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie de ce musicien-compositeur va être mouvementée, en particulier suite à la rencontre avec Lucius…

Casey est un homme talentueux et reconnu pour son art : quarantenaire solitaire et sans famille, il conçoit de la musique pour des jeux vidéo dans sa grande villa. Bien que ce ne ce soit pas le sujet principal, j'ai apprécié les réflexions de l'auteur sur la place de la musique aujourd'hui, notamment le classique et le symphonique : la plupart des jeunes ont découvert ces genres musicaux grâce à des jeux et à des films. Maintenant, ce style musical prend de plus en plus de place auprès du public. Ce n'est plus réservé à « l'élite ». Étant grande consommatrice de jeux vidéo, je ne peux qu'affirmer l'importance que j'accorde à une bande son. Il suffit de prendre les derniers Assassin's Creed : j'ai dévoré leur BO pendant des mois… Et c'est sans parler celle de The Witcher III que j'écoute quotidiennement ! Pour ces raisons, je reconnais avoir été charmée par l'univers dans lequel le personnage principal a évolué au début du livre.

Remarqué grâce à son art, Casey va être contacté par une entreprise mystérieuse qui va lui annoncer une terrible nouvelle : dans peu de temps, les Hommes vont mourir. C'est la fin du monde. Afin de préserver l'humanité, cette entreprise possédant une technologie de pointe va proposer au musicien de copier son âme dans une simulation. Ainsi, même si son corps meurt, son double (disposant de son esprit, de ses souvenirs et de ses compétences) va continuer de survivre dans une sorte de réalité virtuelle. Quand la Terre sera de nouveau habitable, les clones seront réintroduits et pourront reprendre leur vie. de ce fait, Casey ainsi qu'une poignée de sélectionnés vont constituer l'un des derniers espoirs de l'humanité. Sur le papier, l'idée est alléchante et bien pensée… Mais également glaçante ! J'avoue avoir eu plusieurs réflexions autour des thématiques abordées par l'auteur, en particulier sur l'élitisme, la technologie avancée, l'écologie, l'effondrement, la famille/les proches, ce qui nous suivra après la mort, ce que l'on apporte aux gens, ce que l'on ferait s'il ne nous resterait plus longtemps à vivre, etc. Ce roman d'anticipation m'a donc permis de réfléchir sur moi-même, mais également sur le futur avec toutes les complications écologiques qui surviennent de plus en plus…

Le concept du monde virtuel n'est pas nouveau toutefois, il a été développé à merveille. J'ai pris plaisir à suivre le second Casey dans le Framework. D'ailleurs, l'univers dans lequel il évolue m'a rappelé « Upload », une série Amazon qui m'a séduite l'année dernière. Ici aussi, il est question d'esprits de personnes ayant été intégrées à une simulation. Elles sont réunies dans un hôtel que l'on peut personnaliser à sa convenance. Dans ce one shot, Guy-Roger Duvert laisse son héros échanger avec d'autres individus, qu'ils soient d'anciens humains ou des intelligences artificielles. Casey va alors réaliser que ce paradis est loin d'être parfait… Une fois encore, j'ai aimé les discussions entre les différents personnages, notamment sur la future cohabitation des résidents. La Terre a été détruite par l'Homme… Pourquoi ce nouveau monde virtuel serait-il épargné ? J'ai également été séduite par le mystère qui va peu à peu entourer cet endroit virtuel.

Que la narration soit du côté du Casey sur Terre ou du côté du Casey du Framework, le rythme a été bien géré. La tension ainsi que l'action seront particulièrement présentes dans le monde réel, puisque le musicien et Eve, sa petite-amie journaliste, vont mener des recherches pour retrouver la société qui a copié le compositeur. Cette enquête sera dangereuse, mouvementée et à perdre haleine ! Je me suis régalée à voyager aux quatre coins du monde, notamment dans les zones hostiles de cette planète chaotique… L'un des seuls reproches que je pourrais finalement faire concerne la prévisibilité du scénario : certains twists et le dénouement étaient vraiment attendus… Cependant, l'ensemble se lit avec plaisir. En débutant cet ouvrage, je cherchais un titre de SF dynamique, simple, divertissant comportant des réflexions sur notre monde. « Eschaton » a répondu à ces attentes. Si vous préférez un titre de Guy-Roger Duvert qui développe davantage l'univers ou les personnages, orientez-vous plutôt vers sa saga « Outsphere » ou son one-shot/film « Virtual Revolution 2046 ». Merci encore à l'auteur pour la découverte !
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Si Guy-Roger Duvert continue dans cette lancée, il va vraiment falloir que je songe à lui réserver une étagère complète dans ma future bibliothèque : déjà cinq livres sortis en à peine trois ans, et deux autres sont d'ores et déjà prévus d'ici la fin de l'année 2021 ! On ne l'arrête décidemment plus ! Et contrairement à ce que certaines mauvaises langues pourraient assurément persifler en observant ce rythme de sortie et en constatant que c'est toujours de la science-fiction, il nous offre toujours la même qualité littéraire, et toujours quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent ! C'est d'ailleurs pour cette raison que je me jette aveuglément dessus, souvent même sans avoir lu le résumé : il fait indiscutablement parti de ces auteurs dont je compte bien posséder toute la bibliographie, car ses histoires me font invariablement vibrer, trembler et pleurer, car j'apprécie énormément sa plume, très caractéristique, et car je trouve que ses visions du futur sont très justes, très réfléchies. Car la science-fiction, c'est aussi ça : dépeindre au lecteur divers avenirs possibles, pas forcément bien reluisant, mais rarement parfaitement sombre, car au coeur de la nature humaine, il reste toujours une petite étincelle de lumière.

Le monde est foutu, définitivement condamné : dans ce futur pas si lointain, cette terrible perspective est clairement établie, bien ancrée dans tous les esprits. Et alors, le fatalisme a remplacé l'insouciance et l'inquiétude des années 1970 à 2020. Puisqu'il n'y a plus rien à faire pour sauver cette planète, autant profiter pleinement de l'existence, en dépit des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et meurtrières et de cette fin du monde qui approche sans que quiconque sache exactement quand et comment elle aura lieu. Enfin, c'est ce que pense le grand public. Casey, compositeur de musiques de films ou de mondes virtuels, va découvrir que ce n'est pas tout à fait vrai : le voici contacté par une mystérieuse firme, qui affirme connaitre avec précision la date de la fin du monde et lui propose une place dans un programme de réalité virtuelle destiné à « sauvegarder » les esprits des plus grands scientifiques, penseurs et artistes de ce monde, afin de les réimplanter dans un corps cloné lorsque la Terre sera à nouveau habitable. N'ayant pas encore pu réaliser « l'oeuvre de sa vie », il accepte : voici qu'un double numérique habite désormais dans un monde numérique, tandis qu'il sait que son « vrai lui » sera soufflé par l'apocalypse dans quelques mois. Mais voilà, il rencontre Eve, et il ne peut supporter l'idée qu'il « survivra » et pas elle …

Comme toujours, Guy-Roger Duvert nous présente un futur tout à fait possible, probable, et tout à fait glaçant, effrayant. L'inaction de l'homme, prompt à faire de grands discours pour se donner bonne conscience (« oh, la pollution, c'est vraiment terrible, nous devons tous faire notre possible pour protéger la planète ! ») mais réfractaire au moindre petit effort (« arrêter d'acheter le dernier jean à la mode, arrêter de prendre l'avion pour barboter sur une plage à l'autre bout du monde ? hors de question ! quoi, la pollution ? bah, c'est pas moi qui peut y changer quelque chose, autant continuer à profiter de la vie ! »), a précipité l'inexorable, l'inévitable. le monde touche à sa fin : les catastrophes naturelles se multiplient et s'amplifient. La montée des eaux et les tsunamis ravagent tous les littoraux, les ouragans et les incendies dévastent l'intérieur des terres. Les réfugiés climatiques sont de plus en plus nombreux, et ces mouvements de population entrainèrent toujours plus de conflits armés. Mais après la panique et la colère (car bien sûr, c'est toujours la faute de l'autre, jamais la sienne), le reliquat d'humanité est retournée à ses vieilles habitudes : vu qu'il n'y a plus rien à faire, satisfaisons nos petits désirs égoïstes et continuons à faire comme si de rien n'était, comme si des milliards de personnes n'étaient pas mortes à cause de ce comportement égocentré et je-m'en-foutiste.

Mais bien sûr, l'auteur ne s'arrête pas à ce « seul » constat : décrire un futur apocalyptique, cela ne suffit pas. Car si la majorité semble s'être résignée à cette fin du monde plus ou moins imminente, d'autres sont bien décidés à y survivre. Par tous les moyens possibles. Il y a ceux qui ne jurent que par la conquête spatiale et qui investissent dans des vaisseaux destinés à embarquer une partie de la population sur Mars ou ailleurs (ce qui nous ramène à Oustphere, d'une certaine manière), il y a ceux qui décident de fabriquer des immenses bunkers sous-marins dans lesquels une partie de la population sera préservée … et il y a ceux qui misent sur le sacro-saint numérique. Imaginez qu'il soit possible de « télécharger » toutes les données contenues dans votre esprit, votre personnalité, vos souvenirs (ce que nous retrouvons dans Backup d'une façon quelque peu différente), pour les insérer dans un programme de réalité virtuelle (un peu comme ceux de Virtual Revolution 2046) jusqu'au jour où la planète sera à nouveau habitable par des clones dans lesquels on retransférera les données. Il « suffit » d'installer les serveurs dans un lieu parfaitement sécurisé, avec un apport suffisant en électricité, et cette « vie numérique » peut durer littéralement des siècles ! Mais hors de question de « sauvegarder » n'importe qui : ces esprits vont être « confinés » ensemble pendant tellement longtemps qu'il faut s'assurer à la fois de leur « utilité » pour la reconstruction de l'humanité et de leur équilibre psychologique pour être certain que la « cohabitation virtuelle » se passera bien …

Et voilà que Casey, composition de génie, est sélectionné pour rejoindre le programme. Jusque-là, tout va bien, même si, tout comme lui, nous nous interrogeons sur la moralité de cette sélection : quel homme peut décider de qui « mérite » d'être sauvé et de qui doit mourir ? Une vie vaut-elle plus qu'une autre ? Visiblement, il suffit d'être un intellectuel pour être jugé « digne » d'être préservé de la mort, alors que le petit agriculteur du coin, qui s'échine pourtant à nourrir une humanité fort peu reconnaissante, est considéré comme un « moins que rien » qui ne mérite pas sa place dans ce paradis virtuel, dans cette « future » humanité … C'est d'autant plus terrible qu'on sait parfaitement que, si cela arrivait, c'est exactement comme ça que cela se passerait. Il y a un réalisme incroyable dans ce récit d'anticipation, et ça fait vraiment froid dans le dos. Et à côté de cela, il y a la lumière. Il y a l'amour qui nait entre Casey et Eve : je ne suis pas une grande romantique, mais il y a quelque chose de tellement tragique dans cette histoire d'amour sur fond de fin du monde que j'en ai eu la chair de poule ! Et tandis qu'ils se lancent dans une véritable course contre la montre pour qu'Eve puisse elle aussi intégrer ce programme, nous n'avons qu'une envie : les aider. On tremble vraiment pour eux, et on dévore chaque chapitre avec une inquiétude grandissante, avec le coeur qui s'emballe un peu plus à chaque fois, tandis que la fin approche beaucoup trop rapidement …

En bref, je pense qu'il est inutile de continuer, vous l'aurez bien compris : une fois encore, Guy-Roger Duvert a réussi à me captiver du début à la fin avec ce page-turner où se côtoient allégrement actions, émotions et réflexions ! Comme toujours, le décor est rapidement posé, les personnages sont rapidement présentés et les enjeux rapidement exposés : il sait vraiment aller à l'essentiel pour nous plonger le plus vite possible dans l'histoire, sans s'embarrasser d'une contextualisation à rallonge. Et comme toujours, je n'ai absolument rien à reprocher : la plume est toujours aussi incroyablement cinématographique, le rythme est toujours admirablement bien géré … Et comme toujours, derrière cette histoire admirablement palpitante et émouvante, se cachent de nombreuses pistes de réflexion pour le lecteur : l'humanité est loin d'être présentée sous ses meilleures facettes, mais force est de constater que dans notre présent, ce sont déjà ces facettes qui prédominent. Il n'y a qu'à songer au nombre d'étudiants qui considèrent qu'on devrait laisser les vieux mourir du Covid pour laisser les jeunes s'amuser sans aucune contrainte pour se rendre compte que l'égoïsme est bel et bien ancré dans nos mentalités contemporaines … Alors, prêts à embarquer pour la fin du monde avec ce one-shot dynamique et saisissant ?
Lien : http://lesmotsetaientlivres...
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
23 avril 2021
Eschaton est un roman en one-shot sur la fin du monde, mais pas un post apo comme on en a tant lu ces dernières années.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Rien n'est réel, ici, n'est-ce pas ? Tout est une simulation ? Donc, si tout est faux, qu'est-ce qui nous empêche de tuer ? De commettre des meurtres ? Après tout, le Framework n'aura qu'à récupérer les données les plus récentes pour reconstituer la victime. Donc, pas de conséquence dramatique. À part que si on se met à s'entre-tuer joyeusement, quels genres de personnes serons-nous devenues lorsqu'il sera temps de revenir dans le monde réel ?
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- Qui décide qui a le droit ou non à sa place dans cette Arche de Noé ?
- Un comité restreint a été formé dans ce but. C'est une tâche difficile.
- Ça revient un peu à se prendre pour Dieu, non ? Choisir qui vit et qui meurt...
- Honnêtement, je ne voudrais pas être à leur place. Lorsque vous sélectionnez une personne, il est difficile de ne pas penser aux millions que vous laissez de côté.
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Il est possible que ce soit aussi une manière pour nous de revenir à des repères qui nous sont familiers. Une façon de retourner à avant que tout ne parte en vrille.
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On avait évité le pire. Mais on avait besoin de nos gadgets électroniques, de nos fringues dernier cri, d’avoir nos véhicules personnels, de passer notre temps sur le net. Bref, tous les scientifiques du monde ne pouvaient rien contre une telle consommation.
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Les humains avaient réussi à ruiner leur planète. Le cycle était devenu irréversible, et tous le savaient. Il était curieux de voir l'évolution qu'avait connue la notion d'écologie durant les précédentes décennies.
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