Les chroniques occultes, tome 1 : L'appel d'Am-Heh

L'appel d'Am-Heh nous embarque, début des années 30, dans une aventure aussi singulière qu'incroyable et mystérieuse qui repose sur un fond de vieilles légendes égyptiennes. Un roman d'aventure fantastique à mi-chemin entre Indiana Jones et l'univers effroyable de H.P Lovecraft. On suit les péripéties de Kristen, une archéologue américano-asiatique entravée au quotidien par un racisme et une misogynie implicite, Milton, un détective aventurier anéanti par un sombre et douloureux passé ainsi qu'Howard, ancien espion anglais qui se morfond dans l'inaction. Ce trio improbable va devoir tout risquer pour éviter l'avènement des ténèbres sur notre planète. Les Grands Anciens et la civilisation archéenne sont le prétexte à une folle course contre la montre à travers les continents alors que la montée du nazisme se profile en Europe. Par un travail de recherches manifeste, Guy-Roger Duvert nous plonge au coeur d'une époque trouble au charme désuet, mêlant habilement réalité et imaginaire. Les nombreux clins d'oeil et références à l'oeuvre de Lovecraft qui parsèment le récit apportent une dimension plus substantielle et abyssale à l'ensemble. En revanche, les personnages manquent étonnamment de profondeur, peu plaisants, ils se révèlent plutôt fades et sans grande aménité dans leur relation. L'ambiguïté du personnage de Kristen, reléguée au rang de simple actrice aurait pu pour exemple, en étant plus exhaustive, être bien plus intéressante et étoffer les perspectives de l'histoire. Si l'intrigue est originale, elle reste cependant trop standard, sans réelles surprises ni temps forts et pas suffisamment prenante pour susciter angoisses et frissons. C'est dommage car, compte-tenu de la compétence et de l'inventivité de l'auteur, la présentation et le thème abordé étaient plus qu'engageants. La fin est certes surprenante, mais s'avère trop nébuleuse et pas des plus convaincante même si ce volume s'inscrit dans le cadre d'une série.
Moins percutant dans le fantastique que dans ses oeuvres distopiques et d'anticipation, Guy-Roger Duvert, en revisitant l'univers de Lovecraft, construit un roman sympathique et plaisant à lire mais qui manque de puissance et s'apparente davantage au style de Brian Lumley qu'à celui, inégalé, du maitre de Providence.