J'avais repéré ce premier roman d'
Elisabeth Ebory sur les réseaux sociaux peu de temps avant sa sortie en grand format, il y a deux ans. En effet, j'avais même eu la possibilité de voter pour l'une des deux couvertures proposées : bleu ou rouge. Lorsque les éditions ActuSF que je remercie au passage, l'a réédité en format poche le mois dernier et me l'a proposé en service presse, je n'ai pas hésité. En plus de sa couverture soignée, le synopsis paraissait prometteur. Malheureusement, je ressors de ma lecture mitigée.
En juin 1837, en Angleterre, les Fées et leur légende n'ont depuis bien longtemps plus de pouvoirs sur les Humains et ont déserté leur monde. Mais l'une d'entre elles, Rêvage ne l'accepte pas et oeuvre à restaurer l'Ordre Ancien. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle a échangé au berceau l'héritière de la Reine d'Angleterre avec une fée, il y a vingt ans. Mais, de retour à Londres, les choses ne se déroulent pas exactement comme elle l'avait prévu : non seulement, l'héritière qu'elle avait placé a disparu et elle a maille à partir avec une troupe pour le moins incongrue composée d'une fée voleuse Philomène, d'un cuisinier Od, d'un malfaiteur peu recommandable Clémente et de deux adolescents orphelins, S et Vik…
La raison majeure pour laquelle je n'ai pas du tout accroché à ce roman est tout simplement le fait que je ne fasse pas partie du lectorat visé. En effet, accusant vingt ans de lecture dans le genre, mes goûts ont évolué et surtout, je suis devenue plus exigeante. Ainsi, le choix de la période et de la géographie (Le Londres du XIXème siècle avec le quartier de l'East End) manque d'originalité pour moi. de plus, le rythme lent de l'intrigue et le fait que l'incursion dans le fantastique ne soit pas plus développée auront fait que j'ai décroché à environ un tiers du roman rendant ma lecture des plus fastidieuses pour arriver jusqu'à la fin (j'ai mis deux semaines à le lire).
En revanche, je reconnais des qualités à cette lecture Young Adult et c'est pour cette raison que je le recommande à un lectorat plus adolescent ou néophyte en Littérature de l'Imaginaire.
– Les personnages auxquels le titre fait référence (la Fée pour Vik, la Pie pour Philomène et le Printemps pour Rêvage) sont le principal atout du roman. Ils sont attachants car l'auteur révèle leur passé tout au long de l'intrigue (surtout le pauvre S qui a constamment été perdu par ses proches depuis sa naissance), ce qui crée une certaine connivence avec le lecteur. Et surtout, ils ne sont pas manichéens. Je pendrai l'exemple de Philomène : si dans son passé, elle a été victime de vols, elle n'en devient pas moins voleuse à son tour ce qui lui attire un bon nombre de malédictions.
– le roman fourmille de bonnes idées comme le Changeling (ou changelin en français) qui dans la culture celte fait référence à l'échange d'un bébé humain par un(e) fée. Dans
La Fée, la Pie et le Printemps, l'idée de Rêvage était de mettre sur le trône d'Angleterre une enfant de son peuple non seulement ralliée à sa cause mais qu'elle aurait pu également manipuler. Un petit clin d'oeil au nom de la vraie héritière Victoria n'est pas sans rappeler la future Reine d'Angleterre qui régnera de juin 1937 (date à laquelle se déroule justement l'intrigue du roman) à 1901.
– le style d'écriture et les dialogues des personnages très « contemporains » parleront probablement au lectorat visé.
En conclusion, je suis tout à fait consciente d'appartenir aujourd'hui à un lectorat beaucoup plus exigeant en SFFF et c'est pour cette raison que je n'ai pas du tout accroché à ce premier roman d'
Elisabeth Ebory. Toutefois,
La fée, la pie et le printemps remplira parfaitement son oeuvre auprès d'un lectorat adolescent ou néophyte en Littérature de l'Imaginaire. Ces derniers seront probablement plus attirés par une lecture légère, aux personnages ou à un style d'écriture contemporain dans lesquels ils n'auront aucun mal à s'identifier.
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