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Citations sur La cité des permutants (18)

Paul Durham ouvrit les yeux, cilla devant la clarté inattendue de la pièce puis tendit paresseusement la main pour la placer dans une flaque de soleil au coin du lit. Des poussières voltigeaient dans le rayon lumineux qui pénétrait obliquement entre les rideaux disjoints, et chaque particule semblait apparaître et disparaître comme par magie, évoquant un souvenir d’enfance de la dernière fois où il avait trouvé cette illusion si irrésistible, si hypnotique : Il se tenait sur le seuil de la cuisine, la lumière de l’après-midi sectionnait la pièce où poussières, grains de farine et volutes de vapeur tourbillonnaient dans la tranche d’air étincelante. L’esprit momentanément brouillé par le sommeil, il essayait encore de s’éveiller, de se ressaisir, de mettre de l’ordre dans sa vie, et il lui sembla tout aussi logique de juxtaposer ces deux fragments – de voir des poussières flotter dans le soleil à quarante ans de distance – que de suivre l’écoulement ordinaire du temps d’un instant au suivant. Puis il s’éveilla un peu plus, et la confusion se dissipa.
Paul se sentait parfaitement reposé – et parfaitement déterminé à se maintenir dans cet état confortable. Il ne comprenait pas pourquoi il avait dormi aussi longtemps, mais cela ne le préoccupait pas outre mesure. Il écarta les doigts sur le drap tiédi par le soleil et songea à se rendormir tranquillement.
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Juste avant d'aborder le travail du bois, il avait dévoré passionnément tous les textes de mathématiques pures disponibles à la bibliothèque centrale, avait pratiqué tous les logiciels d'apprentissage puis avait personnellement ajouté de nouveaux et importants résultats à la théorie des groupes, sans être troublé par le fait qu'aucun des mathématiciens de l'Élysium n'aurait jamais connaissance de ses travaux. Il avait auparavant écrit plus de trois cents opéras-comiques, avec des livrets en italien, français et anglais, qu'il avait pour la plupart mis en scène, avec des acteurs et des spectateurs simulés. Avant cela, il avait patiemment étudié la structure et la biochimie du cerveau humain pendant soixante-sept ans ; vers la fin, il avait totalement appréhendé, à sa grande satisfaction, la nature de la conscience. Chacune de ses recherches avait été, en son temps, une occupation qui l'avait complètement absorbé, une passion qu'il avait complètement assouvie. Il s'était même, une fois, intéressé aux Élysiens.

Plus maintenant. Il préférait penser aux pieds de table.

Il s'intéressait encore à Kate, toutefois. Il avait fait de cette relation l'un de ses invariants. Et il l'avait négligée ces derniers temps ; il y avait presque dix ans qu'ils ne s'étaient pas vus.
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Babbage avait conçu la Machine analytique sans vraiment s'attendre qu'elle construite de son vivant. Les fanatiques des voyages dans l'espace concevaient des engins intersidéraux jusqu'au moindre boulon depuis les années soixante. Les partisans de la terraformation ne cessaient de produire des études de faisabilité exhaustives pour des projets qui n'avaient aucune chance d'aboutir avant un siècle, sinon plus. Pourquoi ? Pour concrétiser des expériences imaginaires. Comme ébauches de preuves.
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La plupart des humains en chair et en os vivent et meurent sans jamais savoir ce qu’ils sont, ni ne s’en préoccupent ,repoussant avec mépris l’idée même que cela puisse avoir de l’importance. Mais vous n’êtes pas en chair et en os. Vous ne pouvez pas vous permettre le luxe de l’ignorance.
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- Savez-vous ce qu'est une configuration jardin d'Eden? demanda Durham.
Maria mit une seconde à reprendre ses esprits.
- Oui, bien sûr. Dans la théorie des automates cellulaires, c'est un état du système qui ne peut être le résultat d'aucun autre état antérieur. Aucune autre configuration de cellules ne peut lui donner naissance. Si l'on veut une configuration jardin d'Eden, on est donc obligé de l'introduire manuellement en tant que premier état du système. p. 249
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Le Cosmoplexe n'est pas la Réalité virtuelle. Les Copies ne sont pas l'équivalent humain de C. Lamberti [microorganisme du Cosmoplexe]. C'est de la frime, c'est n'importe quoi. Les Copies font ce qu'elles sont censées faire, très efficacement. Mais il n'y a pas de... logique sous-jacente. Chaque partie de leur corps obéit à un ensemble différent de règles ad hoc. D'acoord, ce serait de la folie que d'essayer de modéliser un corps humain entier au niveau moléculaire, mais, quand on veut savoir comme la physique fondamentale affecte la biologie, les Copies 'ont aucun intérêt, parce qu'elles n'ont pas de physique fondamentale. Les comportement des neurones d'une Copie ne découle pas de lois plus profondes, c'est une simple question de règles pour neurones directement inspirées de ce qu'on sait des neurones dans le corps humain. Or, dans le corps humain, ce comportement est une conséquence des lois de la physique agissant sur des milliards de molécules. Avec les Copies, nous avons triché, par souci d'efficacité. Il n'y a pas de molécules ni de lois de la physique; nous nous sommes contentés d'introduire des résultats nets, la biologie... p. 165
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Le Cosmoplexe était un univers "jouet", un modèle informatique qui obéissait à ses propres "lois physiques" simplifiées, des lois bien plus faciles à aborder mathématiquement que les équations de la mécanique quantique du monde réel. Des atomes pouvaient exister dans cet univers stylisé, mais il étaient subtilement différents de leurs homologues du monde réel; le Cosmoplexe n'était pas plus une simulation fidèle du monde réel que le jeu d'échec n'était une simulation fidèle des combats médiévaux. Il était toutefois, aux yeux de bien des chimistes du monde réel, beaucoup plus sournois que les échecs. La fausse chimie qu'il supportait était bien trop riche, trop complexe et trop séduisante. p 58
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En 2024, John Vines, un neurochirurgien de Boston, fit tourner une Copie de lui-même entièrement consciente dans une réalité virtuelle grossière. Au bout d'un peu moins de trois heures de temps réel (avec hyperventilation, accélération du rythme cardiaque et augmentation du taux des hormones de stress), les premières paroles de la Copie furent:
- C'est comme si on était enterré vivant. J'ai changé d'avis. Sors-moi d'ici!
Son original la désactiva obligeamment mais...
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