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Citations sur La cité des permutants (17)

Naguère, lorsqu'il se préparait à être numérisé, il avait eu deux avenirs. Maintenant, il avait deux passés.
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Il donna un coup de pied dans I'une des portes, de toutes ses forces ; le bois sembla céder légèrement mais, lorsqu'il en examina la surface, la peinture n'était même pas éraflée. Le modèle refusait d'admettre les dégâts, et les lois de la physique pouvaient aller se faire foutre.
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peut-être que l' "infini" n'avait pas de sens ... et que l' "immortalité" était un mirage auquel nul humain ne devrait aspirer.
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Je n'aurais jamais pensé, dit-elle, les joues empourprées, le souffle coupé, que j'assisterais... à la désintégration d'un univers... avec un banquier... tout nu... sur les bras...
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Mais, savez-vous, même à l'heure actuelle, nous sommes beaucoup moins traînés dans la boue que les gens qui s'escriment à obtenir une hyperlongévité organique - à coups de transplantations d'organes, de rajeunissement cellulaire, etc.- parce que nous, au moins, ne faisons plus grimper le coût des soins médicaux, ni ne disputons aux autres l'accès à des établissements hospitaliers surchargés. Et encore moins consommons-nous les ressources naturelles à la vitesse à laquelle nous les consommions de notre vivant. Si la technologie progresse suffisamment, l'impact sur environnement de la plus riche des Copies pourrait en fin de compte se révéler inférieur à celui de l'humain le plus ascétique.
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Naguère, lorsqu’il se préparait à être numérisé, il avait eu deux avenirs.
Maintenant, il avait deux passés.
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Peer doutait de connaître jamais les circonstances exactes de sa mort. Ni l’accumulation de douloureuses séances d’introspection, de tortueuses interviews d’ex-amis sur carte postale vidéo ni même l’analyse par un système expert de son fichier final de numérisation ne l’avaient rapproché de la vérité. Le fossé était trop grand pour être comblé : les quatre dernières années de sa vie corporelle lui étaient à tout jamais inaccessibles, et les événements de cette période ressemblaient plus à une excursion malheureuse dans un univers parallèle qu’à un simple épisode d’amnésie.
Le médecin légiste ne s’était pas prononcé. Les accidents de varappe étaient rares, la meilleure technologie était d’une sûreté quasi absolue, mais David Hawthorne avait renoncé avec mépris à tout raffinement douillet (y compris les boîtes noires implantées qui auraient pu enregistrer les actions conduisant à sa mort, sinon les motifs qui les justifiaient). Pas de pitons bourrés de circuits intégrés qui auraient pu exécuter une tomographie ultrasonique de la paroi et calculer leur propre capacité de résistance à la charge ; pas de harnais garni de ballons amortisseurs intelligents qui auraient pu adoucir sa chute de soixante mètres sur des rochers déchiquetés ; pas de compagnon de cordée robot qui aurait pu le porter sur vingt kilomètres en terrain accidenté avec une fracture de la colonne vertébrale pour l’amener en réanimation comme s’il y était arrivé en flottant sur un nuage de morphine.
Peer pouvait sympathiser, jusqu’à un certain point. À quoi bon se faire numériser si c’était pour rester l’esclave d’un respect suranné de la fragilité corporelle ? Ayant triomphé de la mortalité, comment aurait-il pu continuer à vivre comme si rien n’avait changé ? Tous les instincts biologiques, toutes les idées communes sur la nature de la survie avaient été rendus absurdes, et il n’avait pu résister à l’envie de dramatiser cette transformation.
Ce qui ne prouvait pas qu’il ait voulu mourir.
Mais, que sa mort ait été purement accidentelle, suicide sans équivoque ou résultat de quelque acrobatie follement dangereuse mais non (consciemment) prévue pour être fatale, un David Hawthorne périmé de quatre ans s’était réveillé dans la zone RV pour s’apercevoir que, personnellement, il avait considéré cette perspective avec à peu près autant de sérieux que celle de se réveiller au purgatoire. Quelles que soient les croyances qu’il avait fini par adopter dans ces années manquantes, quoiqu’il ait imaginé dans les dernières secondes de sa vie sur ce surplomb de calcaire, il avait toujours escompté, jusqu’à sa numérisation finale, que sa résurrection virtuelle aurait lieu dans un lointain avenir, soit lorsqu’il serait riche pour de bon, soit lorsque le coût du calcul aurait chuté si bas que l’argent n’aurait plus guère d’importance.
Il avait alors quarante-six ans et jouissait d’une parfaite santé. Cadre supérieur chez Incitations SA – la vingt-cinquième société de marketing européenne – , il était sous-directeur de la division courrier ciblé interactif. En se ménageant, il aurait pu mourir à cent cinquante ans, pour devenir instantanément membre de l’élite et peut-être, déjà, dans un corps cybernétique pratiquement sans différence perceptible avec l’original.
Mais, ayant payé pour avoir le droit de ne point redouter le trépas, il avait dû, à un niveau quelconque, confondre le genre d’immortalité abstraite, littéraire, chargée de connotations morales et chérie du destin qui était l’apanage des héros mythiques et des vertueux croyants en une vie dans l’au-delà avec la version grande diffusion à définition restreinte qu’il avait demandée par contrat.
Et quelle qu’ait pu être l’explication psychologique alambiquée de sa mort, le résultat, en termes financiers, était très simple. Il était mort trop tôt.
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– Qu’est-ce qu’il promet exactement à ces Copies ? demanda-t-elle.
– Un refuge. Un lieu où elles seront à l’abri de toute répression, parce qu’elles ne seront pas connectées au monde extérieur. Pas de communications ; aucune piste à remonter. Il leur sert un grand baratin sur l’arrivée du siècle des ténèbres, lorsque les masses hirsutes ne supporteront plus d’être dominées par de riches immortels… et que de sinistres gouvernements socialistes réquisitionneront tous les superordinateurs pour le contrôle du climat.
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Et la réalité physique, derrière tout ça ? Un mètre cube de cristal optique silencieux, immobile, configuré en une grappe de plus d’un million de processeurs individuels, installé dans une chambre forte souterraine avec quelques centaines d’autres unités identiques… quelque part sur la planète. Paul ne savait même pas dans quelle ville il était : la numérisation avait été exécutée à Sydney, mais la mise en application du modèle aurait fait l’objet d’un appel d’offres via le nœud local et été confiée au sous-traitant le moins cher du moment.
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Paul Durham ouvrit les yeux, cilla devant la clarté inattendue de la pièce puis tendit paresseusement la main pour la placer dans une flaque de soleil au coin du lit. Des poussières voltigeaient dans le rayon lumineux qui pénétrait obliquement entre les rideaux disjoints, et chaque particule semblait apparaître et disparaître comme par magie, évoquant un souvenir d’enfance de la dernière fois où il avait trouvé cette illusion si irrésistible, si hypnotique : Il se tenait sur le seuil de la cuisine, la lumière de l’après-midi sectionnait la pièce où poussières, grains de farine et volutes de vapeur tourbillonnaient dans la tranche d’air étincelante. L’esprit momentanément brouillé par le sommeil, il essayait encore de s’éveiller, de se ressaisir, de mettre de l’ordre dans sa vie, et il lui sembla tout aussi logique de juxtaposer ces deux fragments – de voir des poussières flotter dans le soleil à quarante ans de distance – que de suivre l’écoulement ordinaire du temps d’un instant au suivant. Puis il s’éveilla un peu plus, et la confusion se dissipa.
Paul se sentait parfaitement reposé – et parfaitement déterminé à se maintenir dans cet état confortable. Il ne comprenait pas pourquoi il avait dormi aussi longtemps, mais cela ne le préoccupait pas outre mesure. Il écarta les doigts sur le drap tiédi par le soleil et songea à se rendormir tranquillement.
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