Babelio acte III - verset 4.
Quel nectar que ce sortilège. Pur produit du Québec qui convient bien à mon raffinement : Whisky et sirop d'érable au sein d'une même bouteille, le mélange inattendu mais paradoxalement parfait. de quoi relever les papilles et dégager les sens quand l'esprit s'engourdit après une dure journée. Sur la chaîne tourne un vinyle de Bob Welch, membre regretté de Fleetwood Mac. Three hearts indique la pochette cartonnée. Un bon album dont les mélopées chatouillent l'oreille et rappellent immanquablement les albums du Mac où il collabora, sonorités similaires inévitables. L'un d'eux, Mystery to me contenant l'imparable morceau magique et mystérieux (on y parle d'Ovnis) qui vous scotche longuement dans la nuit, Hypnotized. Il ne manque plus qu'à s'allonger dans le fauteuil et me voilà livré à la belle vie, un bon livre en sus.
En matière de raffinement pourtant, je suis loin d'égaler Solal, ce bon vieux fou, good old chap, éminent membre et président de la société plus qu'immorale (amorale même ?) de "Ces messieurs", qui peut se targuer d'évoluer dans les hautes sphères du monde Genevois sans risquer d'être importuné par une quelconque autorité, donc pouvant pratiquer un peu de torture et de petits meurtres ici et là parce que bon la médiocrité qui nous entoure, ça va bien cinq minute hein, mais je m'égare "...aux morilles", aurait rajouté
Pierre Desproges que l'on peut citer ici eu égard à l'humour absurde, primesautier et subtil du roman. Evidemment vous ne rirez pas aux éclats, mais si vous vous laissez prendre aux phrases à rallonges interminables de Florent
Eglin, aux tergiversations débouchant sur des jeux de mots ici, des allusions voilées là, une certaine absurdité tragicomique là-bas, vous êtes sur la bonne voie.
Au risque de livrer une métaphore cinématographique complètement à côté de la plaque (le Sortilège fait 30° d'alcool, ce n'est pas de la petite bière non plus mais crédieu, je ne pense pas être si vite ivre non plus), pour vous situer le ton général du roman d'
Eglin, c'est les Monthy Pythons qui croisent
Ingmar Bergman et Kill Bill. Donc de l'absurde, du nawak et de la rigidité, de la rigueur (l'écriture en larguera certains, ça c'est sûr) avec des éclats de violence et de sang (et même une reprise d'une scène bien précise de Kill Bill vol.2 avec une petite fille et Solal dans le rôle de Bill, si on veut. No spoiler, no spoiler). Et bien sûr une certaine idée de la classe à travers un ton assez unique. Bon et sinon de quoi ça parle ? de blessure inavouable, d'ennemis à se libérer, de batailles de classe (surtout contre les messieurs d'en face), de la perte de l'amour, du snobisme... de grandes toiles de fond qui semblent presque (trop de langue peut tuer la langue) un prétexte assumé à nous amener dans une ballade hors des sentiers battus. D'ailleurs je doute qu'il soit nécessaire de lire les autres volets de la "saga" d'Aronowicz (aucune allusion n'y sera donnée sauf éventuellement dans une note de bas de page, et encore) même si celui-ci clôt la "trilogie" pour de bon (en est-on bien sûr ?).
Bref un univers délibérément à part qui, l'on accepte ou pas, mérite d'être souligné pour sa totale originalité à manier l'inconscience bien consciemment (le vocabulaire est plus que rusé à ce stade et
Eglin manie assez bien toutes les références littéraires, cinématographiques, historiques pour n'être qu'un simple petit écrivain qui fait son petit livre dans son coin) justement. Il faut aimer les cartoons, Borisvianisés à un (un)certain humour glacé stimorolisant enfumé de cigare où tout le monde en prendra dans la gueule, femme comme homme. Cheers !
♪♫ It's the same kind of story ...That seems to come down from long ago
Two friends having coffee together
When something flies by their window
It might be out on that lawn
Which is wide, at least half of a playing field
Because there's no explaining what your imagination
Can make you see and feel
Seems like a dream
They got me hypnotized.... ♪♫
(Fleetwood Mac - Hypnotized)
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