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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Merci Babelio pour cet ouvrage que je n'aurais jamais découvert par moi-même !!!
C'est la première fois que, devant faire une critique d'un livre, je me sens démunie, verbalement, pour le faire.
Ne vous moquez pas, il s'agit là d'un drôle de spécimen, pas si drôle que ça d'ailleurs, le genre d'objet sur lequel aucune étiquette ne parvient à adhérer.
Que ce soit une étiquette de style, de résumé, de ton, d'opinion... rien ne colle !
J'ai détesté et aimé, lui trouve une qualité littéraire dentelée, tout en l'estimant totalement décousu, suis émue par les tragédies qui se jouent, qui se sont jouées - tant dans la vie personnelle de notre "héros" (classiquement, il est ordinairement quitté par la femme qu'il aime), que celles qui transparaissent - en filigrane, on perçoit qu'il EST l'Holocauste, dans sa chair et son âme, mais complètement horrifiée par les scènes de tueries d'une extrême sauvagerie.
L'humour est là, noir, cynique, mais dans son ombre, n'aperçoit-on pas, furtivement, une grande douleur psychique, un traumatisme si vieux, si présent, celui du Survivant, de celui qui doit affronter le fait d'être vivant, la tête encombrée de toutes ces morts lourdes, indicibles, insupportables;
Mes pensées s'embrouillent, la clarté me fuit, peut-être poursuivie par la noirceur ambiante de ce Solal si peu solaire ?
Non, ce n'est définitivement pas un livre "lumineux".
Mais c'est un livre qui a du style, d'une originalité, richesse grammaticale, lexicale, des références camouflées dans les moindres tournures ; une âme (même très copine de Faust), cruelle, souffrante, émouvante aussi, traumatisée.
Je ne suis pas sûre d'avoir compris ce roman, mais je n'en ressors pas indemne, et, ma foi, c'est bien ce que je recherche dans le fait de lire.
A ne conseiller qu'aux adeptes du "hors-piste" (non damé, niveau noir, champ de bosses) littéraire !
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Babelio acte III - verset 4.


Quel nectar que ce sortilège. Pur produit du Québec qui convient bien à mon raffinement : Whisky et sirop d'érable au sein d'une même bouteille, le mélange inattendu mais paradoxalement parfait. de quoi relever les papilles et dégager les sens quand l'esprit s'engourdit après une dure journée. Sur la chaîne tourne un vinyle de Bob Welch, membre regretté de Fleetwood Mac. Three hearts indique la pochette cartonnée. Un bon album dont les mélopées chatouillent l'oreille et rappellent immanquablement les albums du Mac où il collabora, sonorités similaires inévitables. L'un d'eux, Mystery to me contenant l'imparable morceau magique et mystérieux (on y parle d'Ovnis) qui vous scotche longuement dans la nuit, Hypnotized. Il ne manque plus qu'à s'allonger dans le fauteuil et me voilà livré à la belle vie, un bon livre en sus.


En matière de raffinement pourtant, je suis loin d'égaler Solal, ce bon vieux fou, good old chap, éminent membre et président de la société plus qu'immorale (amorale même ?) de "Ces messieurs", qui peut se targuer d'évoluer dans les hautes sphères du monde Genevois sans risquer d'être importuné par une quelconque autorité, donc pouvant pratiquer un peu de torture et de petits meurtres ici et là parce que bon la médiocrité qui nous entoure, ça va bien cinq minute hein, mais je m'égare "...aux morilles", aurait rajouté Pierre Desproges que l'on peut citer ici eu égard à l'humour absurde, primesautier et subtil du roman. Evidemment vous ne rirez pas aux éclats, mais si vous vous laissez prendre aux phrases à rallonges interminables de Florent Eglin, aux tergiversations débouchant sur des jeux de mots ici, des allusions voilées là, une certaine absurdité tragicomique là-bas, vous êtes sur la bonne voie.


Au risque de livrer une métaphore cinématographique complètement à côté de la plaque (le Sortilège fait 30° d'alcool, ce n'est pas de la petite bière non plus mais crédieu, je ne pense pas être si vite ivre non plus), pour vous situer le ton général du roman d'Eglin, c'est les Monthy Pythons qui croisent Ingmar Bergman et Kill Bill. Donc de l'absurde, du nawak et de la rigidité, de la rigueur (l'écriture en larguera certains, ça c'est sûr) avec des éclats de violence et de sang (et même une reprise d'une scène bien précise de Kill Bill vol.2 avec une petite fille et Solal dans le rôle de Bill, si on veut. No spoiler, no spoiler). Et bien sûr une certaine idée de la classe à travers un ton assez unique. Bon et sinon de quoi ça parle ? de blessure inavouable, d'ennemis à se libérer, de batailles de classe (surtout contre les messieurs d'en face), de la perte de l'amour, du snobisme... de grandes toiles de fond qui semblent presque (trop de langue peut tuer la langue) un prétexte assumé à nous amener dans une ballade hors des sentiers battus. D'ailleurs je doute qu'il soit nécessaire de lire les autres volets de la "saga" d'Aronowicz (aucune allusion n'y sera donnée sauf éventuellement dans une note de bas de page, et encore) même si celui-ci clôt la "trilogie" pour de bon (en est-on bien sûr ?).


Bref un univers délibérément à part qui, l'on accepte ou pas, mérite d'être souligné pour sa totale originalité à manier l'inconscience bien consciemment (le vocabulaire est plus que rusé à ce stade et Eglin manie assez bien toutes les références littéraires, cinématographiques, historiques pour n'être qu'un simple petit écrivain qui fait son petit livre dans son coin) justement. Il faut aimer les cartoons, Borisvianisés à un (un)certain humour glacé stimorolisant enfumé de cigare où tout le monde en prendra dans la gueule, femme comme homme. Cheers !




♪♫ It's the same kind of story ...That seems to come down from long ago
Two friends having coffee together
When something flies by their window
It might be out on that lawn
Which is wide, at least half of a playing field
Because there's no explaining what your imagination
Can make you see and feel
Seems like a dream
They got me hypnotized.... ♪♫

(Fleetwood Mac - Hypnotized)
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Livre lu et critiqué dans le cadre de l'opération Masse Critique. (Merci à Babelio pour ces cadeaux et les olnis reçus dont en voici un autre). (Merci aussi aux éditions La Baconnière).

Notez tout d'abord que je ne connaissais pas du tout l'auteur, que je ne m'en suis pas spécialement informé plus que ce qu'il ne nous en est donné dans le livre (pas grand chose) et qu'il s'agit du troisième volet d'une trilogie autour d'un personnage : Solal Aronowicz. Néanmoins, même isolée, la lecture de ce seul tome peut se comprendre (enfin à peu près).

Esthétique du livre ?
J'ai particulièrement apprécié l'objet en tant que tel, une couverture bleu foncée (encre) avec des grains de Zyklon B grossis... Ca m'a donné envie.

Style ?
Un vrai style, un style qui rend difficile la lecture, avec pleins d'appositions, descriptives enserrées de virgules, avec le sujet ou les verbes un peu distendus ce qui rend compliqué aussi la compréhension. Pas très clair ? Un exemple :
Chez "Ces Messieurs !!!", de manière un peu paradoxale, sans être figée pour autant, genre patiemment gravée dans le marbre le plus pur, l'organisation était très hiérarchisée, car, et ça au contraire, ce n'était pas surprenant, elle évoluait sans cesse, suivant le cours sinueux de leurs extravagantes lubies et de leurs furieux coups de tête, eux généralement rectilignes, donnés de haut en bas, mais parfois, au pris d'un douloureux torticolis, slicés, voire, un geste technique redoutable, liftés.

Construction ?
Et la construction globale est un peu pareille, des "variations", 8 au total. Et à l'intérieur, des chapitres variables, variés en forme et en fond qui au final donnent quelque chose d'assez fin et subtil. Même si parfois ça semble un peu lourd voire un peu gros voire grotesque. Une petite ou moins petite phrase en exergue de chaque chapitre et se voulant un résumé. L'auteur joue sur ce fil. Heureusement, ça passe.

Autre extrait :
IX
Où l'on se rend compte qu'il était entendu, voire promis de parler de biens arrachés de la plus cavalière des façons, et que ce n'est chose toujours pas faite, une fois de plus, un comble, et que l'on n'est donc pas encore retombé sur ses pattes, comme, par exemple un chat, un animal souvent domestique, mais pas nécessairement réputé pour ses qualités de contorsionniste

Encore un exemple :
Une vibrante supplique, ils parlaient à présent ensemble exactement, ils devaient s'être entrainés devant un miroir, ce n'était pas possible autrement, précisèrent quant à eux les deux artistes la bouche en coeur et leurs courtes mains jointes en une silencieuse, mais fervente, prière à Mammon, une prière qui ne fut pour d'évidents problèmes de lexique et de syntaxe, comprise de personne.

Fond-Histoire ?
Bon, si on essaye de résumer le contenu, l"histoire : Un homme qui va et a 40 ans, qui n'a cessé de monter et de profiter de toute la vie, avec une blessure impossible (l'Holocauste) qu'il porte indirectement et qui le pousse à tout et n'importe quoi, et à se venger de ses "ennemis" dont il fait établir une liste de 1100 personnes. Et qu'il s'achemine à exterminer avec délice(s). Mais ce n'est pas que ça, c'est aussi une histoire d'amour avec sa femme, qu'il va perdre sur une petite erreur, grande conséquence. Qui aboutira à sa perte, et au final à la destruction de tout un groupe dont il était le trésorier. Oui, il y a aussi des idées sur le rassemblement, la ressemblance, les faux-semblants et donc en gros, Solal est "à la tête" d'un groupe de snobinards richissimes, qui se voit confrontée à un groupe quasi similaire qui cherche à les usurper. Au final donc, suite à la fuite dans l'inconscience alcoolico-tabagique (sous-thématique), il va faire une erreur terrible et se tromper sur son holocauste décidé. Mais bon, au final tout ça nous le rend sympathique.

Influences-style ?
L'auteur fait des allusions évidentes à ses maîtres : Albert Cohen, Boris Vian... On ne peut pas ne pas penser à Mangeclous et au style si relativiolent de Vian et des côtés fantas(ti)ques. Je pense aussi un peu à John Kennedy Toole...

Autres remarques ?
Ce livre est censé se passer dans le temps présent, mais on peut imaginer ceci dans n'importe quelle époque. Dans beaucoup de contextes.

Evidemment, il y a une réflexion sur la judéité, mais pas de réflexions directes, juste quelques touches, sur ce qu'est encore être juif et ce rapport à l'Holocauste. Comment gérer la folie, au fond.
Ce livre en est une émanation, une émanation de Zyklon B?, qu'on l'apprécie ou pas, c'est une petite pierre nouvelle, c'est pas rien.

Voilà, j'oublie beaucoup de choses.

Quatre étoiles parce qu'au final, il m'a touché et développe un quelque chose dans un quelque chose.
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