Panorama des thérapies familiales

Que nous soyons psychothérapeutes ou formateurs, il se peut que notre richesse réside dans notre capacité même à être sensibles, par delà les modèles explicatifs dont nous disposons, aux multiples assemblages hétérogènes qui nous impliquent en nous ouvrant.

Nous sommes, comme thérapeutes, des producteurs et des utilisateurs de significations. Or ces significations, dès lors qu'elles deviennent des modèles explicatifs dominants, des "mots d'ordre" au sens de Deleuze et Guattari, risquent de masquer la richesse multiforme des mutations toujours possibles.

Le formateur [...] doit aider [les étudiants] de son mieux à découvrir comment ils peuvent mettre à profit leurs propres singularités pour faire progresser la thérapie dont ils ont la charge.

Quand un entretien est suivi en direct derrière le miroir sans tain, le formateur ne peut plus se contenter de suggérer ce qu'il faut faire à l'étudiant qu'il supervise, il doit accepter d'analyser le lien qui se noue entre lui-même et le thérapeute en formation pour mieux comprendre les résonances qui sont en train de s'étendre au système de supervision dont il fait partie.

... toute approche psychothérapeutique, qu'elle qu'elle soit, est toujours plus ou moins liée à la vision du monde de son créateur.

Je ne pense pas, pour ma part, que l'on puisse parler d'une famille en se la représentant uniquement en termes d'homéostasie ou en la référant seulement aux règles qui s'appliquent aux systèmes ouverts de nature physico-chimique ou biologique : ne ne crois pas, autrement, que l'essentiel de l'approche familiale se réduise à une pure et simple étude fonctionnelle, même s'il me paraît important d'étudier sous cet angles les constructions mutuelles qui se mettent en place chaque fois que les protagonistes d'un système essaient d'éviter de se confronter à des changements trop douloureux.

J'appelle résonances ces assemblages particuliers, constitués par l'intersection d'éléments communs à différents individus ou différents systèmes humains, que suscitent les constructions mutuelles du réel des membres du système thérapeutique ; ces éléments semblent résonner sous l'effet d'un facteur commun, un peu comme des corps se mettent à vibrer sous l'effet d'une fréquence déterminée.
Or ces résonances incluent aussi bien des règles importantes pour l'histoire des différents protagonistes que des règles de caractère institutionnel, social ou autre.

Bien souvent [...] les membres des couples tentent de se sculpter ou de se modeler mutuellement afin de renforcer leurs croyances profondes ou "constructions du monde" respectives.
Or, ce phénomène se produit également dans les contextes psychothérapeutiques ; chaque membres du système thérapeutique donne l'impression de vouloir façonner l'autre de telle sorte que les constructions du monde qu'il a élaborées à partir d'expériences passées répétitives soient au maximum confortées.

.. j'en déduisis [...] que les "systèmes" humains dépendaient peut-être davantage des interrelations existant entre différents assemblages que des individus en interaction. [...] ces mêmes assemblages [...] pouvaient, en s'amplifiant, aussi bien bloquer un système que lui permettre de changer.

Le thérapeute [...] aide le système à s'éloigner de son équilibre en favorisant l'amplification de fluctuations qui peuvent elles-mêmes consister en des assemblages intégrant divers éléments qui ne se ramènent pas uniquement à des aspects individuels : à côté des particularités génétiques, biologiques ou autres, des éléments liés à l'individu mais non réductibles à lui, tels les éléments mass-médiatiques, culturels ou sociaux, peuvent participer de ces assemblages.