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Citations sur White (61)

On a touché le creux de la vague de la vie culturelle en 2015 avec l’effort concerté de deux cents membres au moins de PEN America, une organisation littéraire éminente dont font partie la plupart des écrivains, de ne pas accorder aux survivants du massacre de Charlie Hebdo à Paris la récompense nouvellement créée, le Freedom of Expression Courage Award. Tout le monde n’admire pas les dessins lubriques et les descentes en flammes du catholicisme, du judaïsme et de l’islam de cet hebdomadaire satirique (incluant des dessins obscènes sur Mahomet), mais il y a des gens qui aiment vraiment, d’autres qui sont offensés, et avant le massacre, il ne se vendait pas si bien que ça. Lorsque deux tueurs islamistes offensés sont entrés dans les bureaux de Charlie Hebdo en janvier et ont assassiné douze personnes aux cris de « Dieu est grand ! » et « Le prophète est vengé ! », les gens dans le monde entier ont été choqués, mais peut-être pas surpris – nous en étions là depuis un certain temps. Et il semblait approprié que PEN salue cette perte en décernant à Charlie Hebdo le prix de la liberté d’expression en mai, lors de son gala annuel à New York. Et cependant, il s’est trouvé un certain nombre d’écrivains américains pour minimiser cette tragédie par un récit sentimental, afin d’encourager le boycott de cette reconnaissance. Leur argument était que Charlie Hebdo se moquait de personnes déjà marginalisées et, en accordant cette récompense, PEN « valoriserait de façon sélective un contenu inapproprié : un contenu qui intensifie les sentiments anti-islamiques et anti-arabes, déjà répandus dans le monde occidental ». Ma réaction a été la même que celle que j’avais eue face à des sentiments semblables exprimés au cours des dernières années, si ce n’est qu’elle a été plus rapide et plus dure : qu’est-ce que ça peut foutre ? N’importe quel meurtre devrait-il être rationalisé sous prétexte que quelqu’un avait été offensé par la façon dont une opinion avait été exprimée ?
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Et cela a créé une anxiété supplémentaire et incessante : les gens qui se montraient sarcastiques envers cette génération étaient tout simplement dépréciés et considérés comme des connards – affaire classée. Aucune négativité tolérée : nous demandons seulement à être admirés dans la culture de l’étalage dans laquelle nous avons été élevés. Mais cette allégation est problématique puisqu’elle limite le débat. Si nous sommes tous réduits au silence en aimant tout – le rêve millénial –, n’allons-nous pas voir nos conversations (ennuyeuses) limitées au fait que tout est génial et au nombre de fois où nous avons été « likés » sur Instagram ? Au printemps 2014, leur site emblématique, Buzzfed, a annoncé qu’il ne laisserait plus circuler quoi que soit qui puisse être interprété comme « négatif » – et si cette idée ne cesse de s’étendre, que va devenir la conversation ? Cessera-t-elle d’exister ?
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[Aziz] Ansari explorait une histoire particulière – l’idée qu’il vaudrait peut-être mieux éviter à un groupe marginalisé d’être la cible de plaisanteries – et c’était pour moi problématique : était-ce vraiment un progrès que de marginaliser plus encore les gays en ne faisant aucune plaisanterie à leur sujet, en ne les mentionnant pas pendant qu’on charriait quelqu’un dans une émission censée se moquer de la personne honorée ? Mais, dans ce fantasme « inclusif », tout le monde doit être pareil, doit partager les mêmes valeurs, la même allure et le même sens de l’humour. La culture dominante ne cesse de le proposer encore et encore – jusqu’à quand ? Une idée réellement inclusive de la comédie devrait permettre à des types gay de se moquer d’autres gays et de qui bon leur semble, et à des types hétéros de se moquer des gays et de qui que ce soit d’autre. Si les plaisanteries gay sont exclues de l’équation, qu’est-ce qui sera exclu ensuite ? Et c’est la pente glissante, le labyrinthe dont personne ne sort, la chambre sombre dont la porte se referme rapidement derrière vous. Les types gay ont-ils besoin qu’un hétéro comme Ansari les défende ? Et que peut bien défendre Ansari dans une émission où on charrie les gens ? Y a-t-il désormais une nouvelle réglementation pour la comédie et la liberté d’expression ? Toutes les idées, opinions, tous les contenus et paroles devraient-ils être policés à présent ? Parfois, la comédie la plus drôle, la plus dangereuse, ne vous garantit pas que tout va bien se passer. L’exclusion et la marginalisation sont souvent ce qui fait que la plaisanterie est drôle. Parfois, l’identité de quelqu’un est le mot de la fin. Riez de tout ou vous finirez par ne plus rire de rien. Jeune écrivain en Irlande, James Joyce l’avait compris : « J’en suis venu à la conclusion que je ne peux pas écrire sans offenser des gens. »
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Ceux d’entre nous qui révèlent des failles et des inconsistances ou formulent des idées impopulaires deviennent terrifiants pour ceux qui sont pris dans le monde du conformisme d’entreprise et de censure qui rejette celui qui s’entête, celui qui est réfractaire, afin de mettre tous et chacun au diapason d’une harmonie inspirée par un idéal qui appartient à un autre.
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En effet, une entreprise décidait de ce qui serait ou ne serait pas permis, de ce qui serait ou ne serait pas lu, de ce qui pourrait ou ne pourrait pas être dit. La différence entre alors (1990) et maintenant étant qu’il y avait eu des discussions et des protestations retentissantes à ce sujet de chaque côté de la fracture : des gens avaient des opinions qui divergeaient, mais ils en débattaient de manière rationnelle, poussés par la passion et la logique. L’idée d’une censure d’entreprise n’était pas tout à fait acceptable à l’époque. Vous ne pouviez pas soutenir qu’une certaine émission de HBO n’aurait pas dû être écrite, au motif de son racisme supposé (mais non prouvé). Il n’y avait pas encore une chose comme le crime de pensée – qui est aujourd’hui une accusation quotidienne. Les gens s’écoutaient les uns les autres, et je me souviens d’un temps où vous pouviez avoir des vues très arrêtées et remettre en question les choses ouvertement, sans être considéré comme un « troll » et un ennemi à bannir du monde « civilisé », si vos conclusions s’avéraient différentes.
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Les films ont toujours décrit la souffrance, bien entendu, mais un nouveau type de souffrance fascine les publics contemporains qui s’y identifient complètement, et c’est celle qui est provoquée par la victimisation.
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[À propos du film Moonlight] : La presse de l’industrie du spectacle l’a porté aux nues non parce que c’était un grand film, mais parce qu’il avait coché toutes les cases de notre obsession du moment concernant la politique identitaire. Le personnage principal était gay, noir, pauvre, martyrisé et victime.
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C’est seulement au cours des dernières années, en commençant la tournée mondiale de mon livre, que j’ai faite à contrecœur en 2010, que j’ai admis être, à tant de niveaux différents, Patrick Bateman, du moins pendant que je travaillais sur le livre. Nous partagions une relation illusoire et distante au monde qui nous épouvantait, auquel nous voulions cependant tous les deux être connectés. Nous ressentions du dégoût pour la société qui nous avait créés, de même qu’une résistance à ce qu’on attendait de nous, et nous étions enragés à l’idée qu’il n’y avait nulle part où aller.
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Ni la culture populaire ni notre société ne fonctionnent plus comme ça, en permettant à un individu d'échouer de façon répétitive et de se remettre en selle, d'agir effrontément et parfois coupablement, sans présenter des excuses.
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S'il m'arrivait souvent de souhaiter que le monde soit différent, je savais aussi - et les films d'horreur aidaient à renforcer ce point - qu'il ne le serait jamais, compréhension qui, à son tour, m'a conduit à une sorte d'acceptation. Les films d'horreur facilitaient la transition d'une prétendue innocence de l'enfance vers la désillusion sans surprise de l'âge adulte, et ils servaient aussi à affiner mon sens de l'ironie.
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