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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un petit livre paru en 2014.
Pour qui s'intéresse à l'histoire, à la géopolitique, à la Russie, le livre de Michel Eltchaninoff est toujours d'actualité. Comme Trump, comme notre omniprésident Jupiter, Wladimir Poutine construit sa politique sur des idées.
Sauf que ce ne sont pas celles des deux autres. Ce sont même des idées en opposition totale avec celles véhiculées par le libéralisme anglo-saxon mondialisé qui est désormais la doxa "TINA" censées réglementer un monde merveilleux dans la diversité , l'humanisme et Le Progrès. Poutine est vraiment le sale gosse que le Monde Occidental aime autant exécrer que les cinglés de DAesh.
Michel Eltchaninoff , fin connaisseur de la Russie, décrypte le parcours géopolitique de Poutine, qui , ancien officier du KGB, succéda à Eltsine avec une vision pro-occidentale de l'avenir de la Russie , pour ensuite obliquer vers une politique beaucoup plus centrée sur l'Asie , et disons le, beaucoup plus conservatrice, notamment sur le plan des moeurs (l'auteur pointe son obsession pathologique des "homos" qu'il relie aux vices typiquement occidentaux ).
Pour étayer tout cela quoi de mieux que de convoquer quelques philosophes russes oubliés : Nicolas Berdaïev, Ivan Ilyne,Vladimir Soloviev....des philosophes de la fin du 19e et du début du 20e plutôt réactionnaires, souvent émigrés...Car là est le paradoxe : l'héritier d'une idéologie universelle, le successeur du "petit père des peuples" , prône maintenant un conservatisme de bon aloi. de l'URSS communiste il a conservé la puissance omniprésente de l'état , la vision "forteresse assiégée " , l'omnipotence du complexe militaro-industriel, mais l'internationalisme n'est plus de mise, sauf à fédérer les moutons noirs du libéralisme OTAN-compatible sous la houlette du "grand-frère" russe : Iran, Syrie, Corée du Nord,Chine...
L'auteur montre bien que Poutine est loin d'être un inculte comme quelques diplomates ou journalistes occidentaux aimeraient le voir. Influencé , malgré lui ou pas, par des intellectuels conservateurs nostalgiques de la Russie tsariste , ses décisions politiques sont toujours à l'aune de la vision impérialiste et messianique qu'il attribue à la Russie.
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Dans la tête de Vladimir Poutine s'ouvre sur un curieux évènement : la réception, en janvier 2014, d'ouvrages de philosophie de penseurs russes, pour de hauts fonctionnaires russes et en guise de cadeau du Président.

Si cette introduction étonne un peu, elle permet de construire, au fur et à mesure de l'essai, une argumentation éclairante et extrêmement intéressante, qui tente de décortiquer les discours de Vladimir Poutine, et d'y repérer les influences ou utilisations de théories d'intellectuels russes. L'ambition de l'auteur est en effet de montrer et d'analyser les différentes phases du "Poutinisme", une idéologie ayant connu une lente maturation, s'enrichissant d'un lien étroit avec l'église orthodoxe, raffermie par une position conservatrice et opposée aux homosexuels, promouvant une vision démocratique radicalement différente de celles des Européens : celle de la voie russe, dont on ne reconnaîtrait pas suffisamment la qualité de sauveur de l'Europe, contre Napoléon puis contre Hitler.

Fort de cette approche, Michel Eltchaninoff explique la construction d'une idéologie basée sur des intellectuels sortis des affres de l'oubli, ou au contraire réutilisés contre leur gré : Ivan Ilyne, Léontiev, Soljenitstyne, érigé en héros national...
L'auteur s'attarde également sur les grands mouvements de pensée qui ont traversés la philosophie russe, tels que les Occidentalistes, souvent pétersbourgeois, opposés aux Slavophiles, majoritairement moscovites et influencé par Hegel et Schelling. du courant slavophile est issu Nicolas Danilevski, qui semble avoir une influence particulière sur Poutine, et qui soutient la thèse selon laquelle la civilisation slave serait supérieure à celle européenne, ce sentiment renforcé par le caractère immaculé d'une église orthodoxe face à l'église catholique.

Au-delà des limites du panslavisme, la Russie joue, en fonction de ses relations tumultueuses avec l'Europe, la carte d'une union eurasiatique, remise au goût du jour récemment, bien que remontant à la guerre de Crimée de 1856. Promue par Troubetskoï ou Lev Goumilev (le fils d'Anna Akhmatova), cette philosophie propose une vision positive de la période mongole, et se veut intégratrice des populations turcophones (et musulmanes) au sein d'une "Novorossia", qui comprendrait aussi l'Ossétie du Sud, l'Abkhazie, la Transnistrie...Régions aujourd'hui volontairement déstabilisées, et qui profitent au crime.

Michel Eltchaninoff s'attarde également sur la place particulière de Fiodor Dostoïevski dans la construction d'une idéologie russe : l'auteur fut longtemps un fervent critique de l'Occident et d'une universalité russe.

Une trame directrice de l'idéologie de Poutine finit par se dessiner, étroitement corrélée à une sorte de renouveau de l'Empire russe et à une apologie de la guerre (intervention en Syrie, la première projection des forces russes en dehors de l'ex. URSS depuis l'Afghanistan) ; ce besoin de remplacer l'idéologie communiste trouve donc des pistes parmi le panslavisme (qui explique les pressions sur la Bulgarie), l'église orthodoxe (mais qui pose le problème d'une Russie multiconfessionnelle), un rassemblement autour de l'ethnie russe (Russes d'Ukraine par exemple), ou de la langue russe (qui exclurait de facto la Géorgie et l'Arménie)...

Cet ouvrage est finalement un merveilleux condensé de la projection politique de la Russie, tant par ses intellectuels que par ses aspirations géopolitiques, et offre une vision passionnante de la stratégie fédératrice de Poutine, à la fois à l'intérieur de ses frontières, mais aussi au-delà, dans l'ex. URSS, ou même au sein de l'Europe. A lire !
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Je ne pense avoir été la seule à me demander ce qu'il se passait dans la tête de Vladimir Poutine pour lancer cette guerre en Ukraine.

Cet essai de Michel Eltchanoff, agrégé et docteur en philosophie, tente d'apporter non pas une réponse, mais des explications.

Pour ce faire, il se penche sur les discours de Poutine, ceux de ses proches et les philosophes qu'ils invoquent. Pour extraire les lignes directrices, au fil des mandats, du président russe. Ce qui a guidé sa politique.

On retrouve ainsi pêle-mêle un conservatisme, une appétence pour l'économie de marché et la certitude de la place particulière de la Russie. Cette dernière serait victime des attaques d'un Occident qui ne souhaiterait pas qu'elle puisse se développer comme un contrepoids des États-Unis.

Ce qui m'a surtout frappé dans ce livre, c'est la façon dont les intentions russes étaient clairement affichées oralement s'agissant de l'Ukraine.

Poutine répétant, à l'envie, l'unicité de la Russie et de l'Ukraine, réécrivant l'histoire pour servir ses intérêts, l'on ne peut que constater à posteriori, les événements étaient prévisibles.

Cet essai, s'il ne permet pas de comprendre totalement Poutine, aucun texte ne saurait résumer entièrement un homme, permet de comprendre les fondements de sa politique.

Dans un langage clair et accessible, Michel Eltchaninoff signe un livre nécessaire pour mieux comprendre l'actualité.
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Il s'agit d'un excellent livre, intéressant aujourd'hui pour comprendre l'actualité internationale, la guerre en Ukraine , et la politique russe . L'auteur réalisé une analyse des actions , et des discours de Vladimir Poutine pour essayer de comprendre sa pensée et sa vision du monde .

Je recommande cet écrit à tous les amateurs de géopolitique et de l'actualité , puisque "Dans la tête de Vladimir Poutine" est un magnifique ouvrage pour comprendre la situation.
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En 170 pages, l'auteur revient sur des discours prononcés par Vladimir Poutine et éclaire le lecteur sur la possible influence des philosophes sur ces paroles et essaie de déterminer lesquels ont eu plus d'influence que d'autres.
Quels sont les oligarques qui gravitent autour de VP et murmurent à ses oreilles? Est-ce qu'il fait toujours ce qu'il a dit ou prend-il des tendances opposées à ses discours? La cohérence de ses actes est-elle de rigueur? Lui qui se prête à invectiver les EU et l'UE pour leurs comportements et leurs paroles incorrectes et non respectueuses du droit international. Ses manières et ses projets ont-ils plus de vertu qu'un autre?

Le projet Novorossia est-il positif pour les populations concernées? ou ne va-t-il que créer de nouvelles zones criminelles de trafic d'armes et de drogues qui s'accompagne de dommages collatéraux?

Vladimir est-il le seul maître à bord dans sa tête ou subit-il des influences néfastes?
Au vu de l'actualité en 2022, il n'y a visiblement plus aucun homme politique ou oligarque qui ose affronter Poutine ou lui suggérer une autre solution que celle qu'il a choisie envers et contre tout bon sens et logique.
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Ce livre parle avant tout des philosophes russes dont Poutine s'inspire pour légitimer sa gouvernance. L'inconvénient c'est que la lecture est assez ardue pour ceux qui ne connaissent pas les courants de pensée qui ont animé la Russie au cours des 2 derniers siècles.
Poutine veut rebâtir un empire, et ce au nom du panslavisme, ou de l'eurasisme, ou de l'orthodoxie, en fait peu importe, toute justification est bonne à citer quand elle va dans la direction qu'il veut. Ce qui est particulièrement bluffant ce sont les paragraphes sur l'Ukraine, on voit que l'actualité de 2022 était prévisible depuis longtemps. L'auteur cite un penseur russe, Alexandre Douguine :
“Avant trois ans, il s'emparera d'une partie de l'Ukraine, celle qui se trouve sur la rive droite du Dniepr.” Quant à l'Ukraine occidentale, qui gardera Kiev pour capitale, elle ne pourra “jamais incarner un État”. Il ne lui restera qu'à devenir “une zone folklorique de l'identité ukrainienne”, mais sans au­­cune indépendance politique."
Malheureusement il avait raison.
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J'ai trouvé "Dans la tête de Vladimir Poutine" de Michel Eltchaninoff fort instructif. L'auteur, rédacteur en chef de Philosophie Magazine, partant des noms des philosophes que Vladimir Poutine cite volontiers, fait l'inventaire des idées que celui-ci leur a progressivement empruntées pour forger sa doctrine personnelle et son projet politique. Pour ce faire il s'appuie sur des interviews de personnalités russes, un suivi attentif de l'actualité russe et de nombreuses lectures d'auteurs russes.
L'ouvrage est en outre, l'occasion d'une intéressante revue des débats des penseurs russes depuis deux siècles.
Son intérêt est enfin de bien montrer comment la vindicte de Poutine à l'égard de l'Ukraine a pu se forger au fil des années.
La limite de l'ouvrage est d'avoir été écrit en 2015 à l'exception du dernier chapitre ajouté en 2022, ce dernier chapitre ne couvrant pratiquement que les mois précédant la nouvelle invasion de l'Ukraine.
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Voici incontestablement un essai qui nous aide à comprendre la personnalité et l'idéologie de Vladimir Poutine. Écrit après l'annexion de la Crimée en 2014, cet ouvrage se lit aujourd'hui avec un sentiment de grande clarté. On mesure ainsi ce qui nous avait manifestement échappé à savoir :
1.le tropisme soviétique de Poutine qui se débarrasse de toute doxa marxiste, et qui fait du rejet de l'Occident un programme politique radical, tout en prônant l'économie de marché,
2.le conservatisme du dirigeant au tournant de 2012 avec l'appui de la religion orthodoxe et les références littéraires et philosophiques de grands auteurs russes, luttant contre la décadence des moeurs (homosexualité, l'explosion de la cellule familiale traditionnelle, la baisse de la natalité et des valeurs morales…)
3.La volonté de créer un large empire eurasien pour contrer l'influence de l'Occident et pour créer une communauté économique
C'est une lecture passionnante !
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