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La Monture, de Carol Emshwiller. Sur Terre, une autre race est arrivée il y a quelques temps et a conquis la planète, faisant des humains leurs montures.
On va suivre Charley, une jeune monture "de luxe" avec ses belles jambes musclées, entraîné pour être la monture du futur dirigeant des Hoots (l'autre race).
Il y a pas mal de réflexions intéressantes, en particulier sur les relations entre Hoots et humains, avec Charley qui est bien traité et qui aime beaucoup sa vie (full syndrome de Stockholm) ; et son Hoot qui est très dépendant de lui mais qui adopte quand même des réflexes de postures dominantes à son égard. Des réflexions donc sur la domination, la liberté, etc. C'est parfois un peu confus, et ça n'apporte pas toujours de réponses claires (ce qui reflète Charley qui est paumé, et qui en plus de ça est en pleine crise d'ado XD), mais le sujet est intéressant !
J'ai quand même eu un peu de mal avec le style, qui est assez étrange, très haché. J'ai fini par m'y habituer cela dit (et je pense que c'est un parti pris pour refléter l'état psychologique de Charley).
En résumé, pas un coup de coeur, mais une lecture intéressante !
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Ce récit m'a beaucoup perturbé à vrai dire. On se retrouve dans un monde imaginaire où les humains sont devenus des esclaves d'extraterrestres qui ont du mal à marcher et se sert des humains comme montures avec des mords qui les blessent sur leur corps. Les humains n'ont plus d'identité.
On retrouve dans ce livre des valeurs d'écoutes, de collectif. On se parle également de guerre car les humains s'insurgent devant toute cette déshumanisation.
C'est vraiment une vraie oeuvre de science fiction mais décalé.
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Apprivoisés depuis trois siècles par les Hoots, lutins extra-terrestres aux sens aiguisés mais aux jambes atrophiées, les humains sont devenus leur moyen de transport. Élevés dans des haras, sélectionnés puis harnachés comme des bêtes de course, récompensés par des friandises pour leurs performances ou leur élégance, ils ont intégré leur statut de monture d'équitation. Charley, adolescent destiné à devenir la monture royale, noue avec le futur souverain une relation spéciale. Quand son père dissident redevenu "sauvage" le retrouve, une nouvelle voie et des choix s'offrent à lui: le mors en or dans les stalles chauffées ou la survie dans les montagnes austères ? L'auteur, en imaginant comment des animaux de proie pourraient dompter le plus dangereux des prédateurs, aborde avec simplicité, pudeur et une grande originalité les thèmes de la domestication, de l'aliénation animale, des différences raciales, de l'eugénisme et de la liberté. Pour cela, cette fable initiatique écrite à hauteur d'adolescent, hymne à l'humanité et au monde animal, est recommandable à tous les publics. Et quelle magnifique couverture aux airs d'enluminure...
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Un style plus que pénible, traduit de l'américain (ça se sent et c'est très pauvre). C'est le personnage principal qui est le narrateur: il est jeune, son vocabulaire limité. Soit… une phrase en exemple, sans commentaire, page 276 (attention au spoil?) « Genre, c'est la révolution en ce moment, ou quoi? »
Aucune description ou presque et un monde bizarre et peu crédible fait de petites bourgades, de champs de courses et de montagnes sans routes ni technologie ni quoi que ce soit à part des batons qui font mal et des fils électrifiés. Enfin de ce que j'ai (péniblement) pu comprendre.

Pour ce qui est du fond c'est insipide et ennuyeux sauf si on veut bien se laisser prendre par l'espèce de quête initiatique qui va rapprocher les deux personnages. Je ne m'y suis pas laissé prendre parce que rien ne tient debout. Les extraterrestres ont un vaisseau spatial de 3km mais pas de moyen technologique de se mouvoir (fauteuil roulant ? Volant ? Monture mecanique? Exosquelette ? Autre ???) donc obligés d'apprivoiser des humains pour ça. Ils sont incapables de marcher avec leurs jambes spaghettis mais peuvent faire des bons très puissants et rapides pour se projeter au cou des humains et les étrangler (comment ?). Ils sont incapables de marcher seuls car trop faibles mais en 2 mois le petit Hoot parvient à se muscler les jambes en marchant un peu tout seul tous les jours et est capable de marcher comme un Homme (pas hyper perseverants, ses semblables, dis donc.)

Le ridicule d'imaginer des humains asservis en montures aurait été excusé par une histoire de fond plus crédible mais pour moi ça ne passe pas du tout justement à cause de ce genre d'incohérences.
La conclusion sur le vivre ensemble est sans surprise et le livre se termine sur la fin attendue, sans éclat.
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‌Je remercie Patounet, notre cher Juke-box, de m'avoir choisi ce livre, qui me sortait de ma zone de confort. Je ne lis pas beaucoup de science-fiction, mais je suis toujours prête à relever un défi venant d'un de mes amis.

Mon retour de lecture reste mitigé, et paradoxalement ce n'est pas l'aspect SF qui m'a dérangée. J'ai aimé cette vision imaginée par l'auteur où la terre est passée sous la domination d'un autre peuple, les Hoots, et où les hommes les servent. Les plus chanceux, ceux à qui la sélection et la reproduction contrôlée ont permis l'amélioration des qualités athlétiques, servent de montures à leurs maitres. Cela vous rappelle quelque chose : eh oui, les Hoots traitent les hommes comme les hommes traitent les chevaux. Travaux des champs pour certains, courses et médailles pour d'autres.

Ce qui m'a empêchée de vraiment savourer cette lecture, c'est d'abord le style. L'autrice raconte par l'intermédiaire d'un jeune adolescent (Une douzaine d'années) et le style reflète ce choix. il est simple, presque naïf. Et en dehors du style, le fond reflète aussi l'age du narrateur; beaucoup de répétitions, d'hésitations, de questionnements. Ce qui est normal a cet âge d'autant plus que cet ado va connaître de profonds bouleversements. Mais, j'ai été tenue à distance par les mots, ne parvenant pas à ressentir de l'empathie pour ce personnage et peu d'émotions globalement. Assez rédhibitoire pour moi. Je ne sais pas exactement pourquoi ayant déjà lu d'autres livres racontes par des ados sans ressentir cette distance.

Et pourtant, les thèmes évoqués m'ont intéressée. Faut-il préférer une vie confortable, prévisible à une existence sauvage, aux milieux d'hommes qui vous apparaissent inférieurs, dans l'incertitude des jours à venir, sans toujours manger à sa faim ? La réponse évidente pour nous est non, rien ne peut remplacer la liberté, la possibilité de faire ses propres choix.

La réponse n'est pas si claire pour ce jeune homme, destiné à une existence où il aura un rôle important. Il sera la monture du chef des Hoots, actuellement enfant comme lui. Et ils s'entraînent ensemble, créent des liens. Alors que penser quand ils se retrouvent au fin fond de la montagne, dans un village au confort spartiate, ayant toujours faim (par ailleurs ayant élevé trois garçons, avoir toujours faim a l'adolescence est une caractéristique qui ne me surprend guère).

L'autrice nous décrit l'évolution de ce jeune homme, comment les évènements l'obligent à réfléchir, se poser des questions, parfois agir à l'encontre de ses sentiments. Il ne sait pas toujours ce qu'il veut vraiment, et ses préférences oscillent entre liberté et sécurité. Ils oscillent d'ailleurs un peu trop pour moi. J'aurais aimé que la fin soit plus tranchée, mais cependant elle est à l'image de tout le livre. Il est difficile pour lui de choisir d'exercer son libre-arbitre même s'il ne ressemble plus à celui qu'il était au début du roman.
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La Monture est un roman audacieux parce qu'il est à l'opposé de ce que l'on peut attendre d'un roman de science-fiction qui met en scène la planète Terre colonisée par des extraterrestres. Pas de scénarios hollywoodiens ni de méchants monstres verts. Mais des créatures herbivores aux jambes fragiles qui utilisent la gentillesse comme arme.
"Nous ne sommes pas contre vous, nous sommes avec vous. En fait, nous sommes bâtis pour vous tout comme vous êtes bâtis pour nous, afin que nos faibles petites jambes puissent pendre sur votre poitrine et nos queues sur votre dos".
Cette complémentarité et cette entente laissent présager une société idéale où les talents des uns et des autres s'additionnent, sans que les envahisseurs aient la moindre intention de coloniser la planète.
Carole Emshwiller a déclaré qu'à l'origine du roman, il y avait l'idée " qu'il serait intéressant d'écrire sur une proie chevauchant un prédateur plutôt que l'inverse." Elle crée donc ces créatures herbivores et dépendantes , les Hoots, qui doivent utiliser des prédateurs humains comme montures pour se déplacer.

Mais très rapidement, dès le premier chapitre qui expose les méthodes des envahisseurs, puis dans les chapitres suivants racontés par Charley convaincu de la supériorité de ses maîtres, s'esquisse l'intention de l'auteure : dénoncer de l'intérieur les mécanismes de la domination.
En détruisant rapidement l'illusion utopique, elle illustre la relation dominant-dominé en montrant d'une part la face cachée des Hoots et l'endoctrinement des humains qui se complaisent dans l'esclavage.
Le cas de Charley est significatif de l'emprise qu'une idéologie, avec la propagande adéquate, peut exercer sur un individu. le fait qu'il soit un enfant importe peu, puisque de nombreuses montures partagent les mêmes convictions. Complètement intoxiquées par le dressage effectué dès la naissance, les montures cultivent l'ambition d'être la meilleure monture et font preuve de rivalité et de mépris envers les autres. La méthode "opposer pour mieux régner" a déjà fait ses preuves.
Pire encore, après l'arrivée héroïque du père combattant les tyrans, Charley ne peut se résoudre à ce renversement du pouvoir :
"Je n'arrive pas à m'habituer à nous voir tous, Sams et Sues, nous promener sans Hoot nous montant. Ils ressemblent à des demi-hommes." La liberté est alors la défaite de l'individu qui ne peut se concevoir que dominé.

Au fur et à mesure du récit, alors même que Charley mûrit dans les épreuves, l'auteure passe du lexique de la soumission au lexique de la rébellion. Mais il faudra attendre la rencontre avec Lily, une "rien" pour qu'il comprenne réellement le monde dans lequel il a vécu.

En brouillant les présupposés sur la relation maître-esclave, l'auteure réussit un roman brillant et ambitieux, qui dérange parce qu'il adopte un ton faussement naïf qui pointe la propension de chaque individu à se laisser manipuler en échange d'un confort matériel ou intellectuel.
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La monture est un roman de Carol Emshwiller; totale découverte pour moi, même si j'avais déjà lu plusieurs critiques de ce livre ici et là lors de sa réédition chez Argyll. C'est un roman assez court, mais frappant, et qui selon moi est aussi particulièrement marquant, même si j'en espérais davantage.

La monture inverse les rôles, les points de vue et les valeurs. Les humains sont les montures des Hoots, qui ont pris le contrôle de la planète. C'est profondément dérangeant et pénible à imaginer. Ca l'est d'autant plus à double titre. D'abord, l'autrice nous propose un récit raconté par Charley, une des Montures, particulièrement satisfait de son sort. Content de servir, content de l'état des choses, et content de sa place. Notons que Charley en est même réduit à sa fonction première, et que c'est cette fonction qui est le titre du roman. Preuve qu'il n'est rien en dehors de son rôle. Ensuite, parce que les premières pages s'adressent à nous, humains : petits êtres réduits à deux jambes et destinées à servir. le narrataire est donc intégré au récit et au monde proposé, et fait partie des esclaves des Hoots. Pas commode d'entrée de jeu, il faut le reconnaître.
Ce qui est le plus pénible, c'est l'utilisation par les Hoots de notre propre argumentaire utilisé jusqu'ici pour justifier notre domination sur le vivant. Encore plus quand cet argumentaire est retourné… contre nous-mêmes. le roman offre alors un reflet de notre fonctionnement d'humains. Et il inverse les positions pour nous prendre à notre propre jeu. Ici, l'humain est un simple cheval ou un chien, cet animal de compagnie qu'on caresse avec bienveillance et qu'on « aime », à notre façon d'humain. le roman donne d'ailleurs quelques aperçus de cet amour inégal et malaisant : les petites récompenses, dressage, divertissements, tableaux dans les habitations, comme des traces de cet « affectueux » amour bienveillant que les Hoots portent à leurs montures et les Humains à leurs animaux de compagnie. On retrouve même le discours sur la « complémentarité » entre espèces… Quand l'Homme devient l'animal de compagnie, on se rend compte à quel point ce blabla existe pour nous donner bonne conscience.


Par ailleurs, La monture est un texte qui oscille avec brio entre cruauté et grande naïveté. Cruauté du discours faussement bienveillant et mielleux des Hoots, cruauté du sort auquel on est réduit. Certains épisodes m'ont viscéralement gênée (notamment celui avec le mors que Charley veut mettre). La violence des combats n'épargne pas les personnages, détruit des familles, dès lors scindées par les chemins pris et les valeurs de chacun. Haine, ressentiment, perte de repères, position humiliante : La monture est un roman qui n'épargne pas son lectorat.
Sans doute la cruauté est-elle exacerbée par le discours naïf et ingénu de Charley, passif devant son sort. Son phrasé est court, très simple, et Charley saute du coq à l'âne sans arrêt. le vocabulaire est peu étendu et certaines de ses pensées ressemblent à du boudin d'enfant face au discours parental. le style du roman est donc à l'image de Charley, de son âge, de son statut et de son histoire. Il y a une cohérence d'ensemble, toutefois à la longue ça m'a lassée. Heureusement, le roman est assez court.

Enfin, pour moi ce roman est semblable à un conte, tant il en reprend certains codes.
Premier élément en faveur du conte : le background très limité. Où on est ? A quelle époque ? Comment les Hoots sont parvenus jusqu'ici et comment ont-ils réussi à s'imposer ? le roman n'offre que très peu d'infos. Aucune explication non plus n'est donnée sur leurs capacités à s'adapter, biologiquement. Ils sont petits, tiennent à peine debout, et ils sont les maîtres du monde ? Difficile à croire… C'est parce qu'on est typiquement dans un conte. Nul besoin de chercher la vérité et la vraisemblance, ici ce n'est pas ce qui compte.
Deuxième élément qui m'a fait penser au conte : l'aspect oral et très simple du récit. L'oeuvre est courte, centrée sur quelques personnages et une intrigue fort simple, linéaire, uniquement ponctuée de quelques grands événements. L'intérêt ne réside donc pas non plus dans la difficulté de l'intrigue et le scénario hyper développé.
D'autre part, les personnages sont, à première vue, assez bruts, pas très fins. Pas très complexes à comprendre. Mais ils évoluent au fil du récit, au gré des amitiés qui se forgent, des liens familiaux qui se solidifient et d'attachements divers et variés qui se développent. Alors on parvient enfin au dernier élément caractéristique du conte : le message.
Car La monture interroge en effet. le roman provoque toute une série de questionnements, et le fait dans la douleur. Car je l'ai dit plus haut, le roman porte une large part de cruauté. le conte ne fait jamais dans la dentelle, il apprend la vie et le sens de la vie. On est tout à fait dans ce registre ici.
Le récit questionne alors les rapports maître/esclave, et surtout ce que cela signifie d'être un être humain. La réponse de Charley à cette question est la suivante : « Je ne sais pas ». Terrifiant, non ? On ne lui a jamais appris, comment pourrait-il le savoir ? La monture est donc cela : un apprentissage de l'humanité, de la liberté et de ce que cela signifie; le poids du choix, de la responsabilité, et aussi de la perte liée à l'attachement. Autant d'apprentissages très difficiles pour Charley qui s'y perd, refuse, s'obstine, recherche son petit confort « comme avant ».

Pas mal de choses intéressantes à en dire, toutefois, comme je l'ai dit plus haut, ce roman n'a pas provoqué chez moi les ressentis que j'avais espérés – et craints. Je m'attendais à une lecture particulièrement insupportable, qui me hérisserait à chaque instant. Ca a été le cas pendant le premier tiers, puis la lassitude de la narration et des atermoiements de Charley m'ont lassée. de ce fait, je me suis un peu ennuyée pendant la seconde partie, avant de finir le bec dans l'eau avec cet excipit très ouvert. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus fracassant, dérangeant, viscéralement. J'ai été gênée, dérangée, mais ça n'a pas non plus généré chez moi de malaise profond.
Le pire, je crois, c'est que « je m'y suis fait » : peut-être que dans le fond, c'est précisément ça, cette habitude à la servitude, qui peut paraître insupportable. Car j'ai très bien pu comprendre Charley dans son désir de retour au confort et dans son absence de questionnement. Je m'y suis d'ailleurs complu comme lui, finissant par donner raison aux Hoots : syndrome de Stockholm sans doute… En attendant, le roman nous pousse à nous interroger : que ferions-nous, à la place de Charley ? Serions-nous tentés de résister, de nous révolter, ou pas ?
Alors, a posteriori et quelques jours – semaines – après la lecture, je me dis que La monture est un texte qui se rumine. Il faut l'absorber et le mâcher sur la durée comme le font les vaches. Il se réfléchit davantage sur le temps long qu'il ne fait réagir sur le temps court. Selon moi, il ne génère que peu d'émotions brutes et directes dans l'instant, sauf par moments très fugaces. Il provoque au contraire un long chemin de pensée et révèle toute sa force dans cette mastication prolongée. En cela, il est davantage, pour moi, un texte philosophique qu'un roman d'action, et à prendre comme tel.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/c..
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"La monture" est un livre qui m'a mise profondément mal à l'aise. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé cette lecture au contraire mais l'ambiance générale est tellement bien faite que ça nous donne envie de repousser le livre autant qu'il nous repousse.

Le concept est étrange et glauque : des extraterrestres venus sur terre suite à un crash il y a plus d'une centaine d'années, décident de dresser et domestiquer les humains par la domination physique.

Ici les humains sont traités de la même manières que les chevaux. Ils sont croisés par reproduction, élevés dans des stalles, on leur fait porter des mors, on les félicite ou on les puni.

Ce roman présente la situation aux travers des yeux d'un petit garçon qui n'a connu que cette forme de société. C'est là que l'écrivaine a choisi un parti pris intelligent car on se retrouve dans la tête de ce garçon qui se pose milles questions et qui se bat intérieurement contre son propre fanatisme pour ces extraterrestres. Il les adore, il aimerait être la meilleure monture qui existe pour eux. Mais un évènement va tout bouleverser et l'amener à questionner sa position, ses choix et les choix collectifs.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher les surprises cachées de ci de là au travers du livre mais soyez avertis, vous n'allez pas passer un "bon" moment, tout est fait pour vous mettre mal à l'aise et ça marche !
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La Monture est un roman surprenant et volontairement malaisant qui permet, sous couvert d'une intrigue faussement classique, d'interroger notre rapport aux animaux mais surtout les questions de domination et de racisme entre les peuples. La narration peut parfois déstabiliser mais le roman n'en reste pas moins très intéressant en proposant un schéma qui ne tombe pas dans l'écueil du manichéisme. Notons qu'il sort en poche au mois d'avril pour celleux que ça intéresse!

Retrouvez la critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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La Monture est un court roman aux allures de conte, récemment publié par les éditions Argyll. Il s'agit d'ailleurs de la première traduction française parmi la poignée de romans signés par Carol Emshwiller, parfaite contemporaine de le Guin qui en fait l'éloge.

À une époque indéterminée, une race extraterrestre a débarqué, conquis et domestiqué les êtres humains (« les nous »). Les Hoots, bipèdes à l'allure féline mais aux jambes atrophiées, voient essentiellement dans les hommes un parfait mode de locomotion.

Le premier chapitre, introductif, est très instructif, car on rentre dans la peau d'un représentant Hoot, justement. Dans la suite du roman, nous suivrons Smiley, un jeune adolescent promis à devenir la monture officielle du futur chef Hoot, qui n'est pour l'heure qu'un bébé.

Dès les premières pages, le style de l'auteure m'a rebuté. À vrai dire, je ne m'y suis jamais fait. Un style un peu vieilli, mais c'est surtout la façon de rendre les pensées et les paroles des Hoots d'une part et celles d'un Smiley plus tout à fait humain d'autre part, qui ma challengé. La traduction n'a semble-t-il pas beaucoup aidé.
Fort heureusement, ces premières pages nous plongent aussi au coeur du sujet, elles annoncent la couleur et cela a suffi pour me motiver suffisamment.

Ce conte explore avec une sensibilité folle les rapports de domestication, et plus généralement de domination. On y prend également la mesure de l'aliénation sous-jacente. On y voit bien sûr aussi la relation de maître à esclave disséquée, avec ses paradoxes perturbants, comme dans La planète des singes, ou encore l'excellent Dogville.
À côté de cela, d'autres thèmes forts sont explorés, comme le passage à l'adolescence (rapport aux parents, découverte de l'amour), la quête de soi-même, mais aussi l'amitié.

La Monture est un roman poignant qui fait réfléchir, forcément et intelligemment. La narration à la première personne nous plonge dans l'intimité psychique du Smiley, et c'est ici plutôt efficace. le climax se fait longtemps désirer pour éclater plus fort encore : larmes assurées ! le dénouement ne m'a pas déçu non plus.

Bref, un roman fort qu'on appréciera d'autant plus si l'on fait abstraction de l'écriture parfois laborieuse et de quelques invraisemblances somme toute normales pour un conte.


Si vous avez aimé l'ambiance et la narration de ce roman, Roche-Nuée, de Kilworth Garry pourrait vous plaire, avec des thèmes différents mais apparentés (quête de l'identité, tolérance et rapport à l'autre, races), même si personnellement cet autre conte ne m'a pas vraiment ému.


Carol Emshwiller s'est éteinte le 2 février 2019. Deux ans de plus et elle était centenaire. Deux ans qui ont vu le monde entier consentir comme un seul homme. Deux ans qui ont vu partir en fumée des libertés lentement et durement acquises.
Destin ironique ou mal pour un bien ? Je l'ignore mais je suis bien certain que cette grande dame eut été bien attristée.
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