Il y a deux façons de reconnaitre ce qu’on n’a jamais vu. La première, propre à l’enfant et à l’IA, consiste à reconnaitre un objet nouveau en l’identifiant à ceux qu’on a déjà reconnus. La seconde propre au philosophe et à l’amoureux consiste, soit à être surpris par ce qu’on a l’habitude de voir, soit à accueillir l’étrange impression de reconnaitre l’être qu’on rencontre. (p. 100)
Nous sommes en présence de deux faux problèmes: la machine est-elle plus forte que l’homme ? la machine peut-elle penser ? Que la machine soit plus forte que l’homme est à la fois une évidence et une absurdité. (…)
S’il s’agit de dire que l’IA met en échec l’intelligence humaine, une telle évidence devient un non-sens complet. Un joueur d’échecs ou de go n’est pas battu par plus fort que lui, il est seulement battu par plus nombreux. Il est battu par une usine. (p. 48)
Pour être le contemporain de soi-même, il faut paradoxalement renoncer à la conscience de soi. Pour agir, il faut ne pas se regarder faire.