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sur 288 notes
Une déception.

Huit chapitres, un pour chaque année de 1985 à 1992.
Des paragraphes, des descriptions, quelques commentaires afférents, aucune histoire, aucun lien.
Comme le titre l'indique, un journal avec des mini-épisodes de ce qui se passe dehors.

Annie Ernaux écrit : "Les fragments, comme ceux que j'écris ici, me laisse insatisfaite, j'ai besoin d'être engagée dans un travail long et construit (non soumis au hasard des jours et des rencontres). Cependant, j'ai aussi besoin de transcrire les scènes du R.E.R., les gestes et les paroles des gens pour eux-mêmes, sans qu'ils servent à quoi que ce soit."

Nous avons un point commun : ses fragments aussi me laisse insatisfaite et je préfère quand elle est engagée dans un travail long et construit. Quelques citations m'ont cependant marquée.
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La Feuille Volante n° 1080
JOURNAL DU DEHORS et LA VIE EXTÉRIEURE - Annie Ernaux – Gallimard.

De 1985 à 1992, puis de 1993 à 1999, Annie Ernaux a choisi de livrer à son lecteur tout ce qu'elle a vu dans son quotidien à Cercy où elle habite. Ce sont des instantanés , des scènes, des paroles, saisies dans le RER, dans les gares, dans les supermarchés, dans la ville. Bref de courts textes qui peignent une ambiance, des impressions fugaces que le quotidien citadin nous assène sans même que nous nous en rendions compte. Je ne suis pas vraiment familier des romans de cette auteure mais il me semble qu'elle a fait de sa vie personnelle et même intime la nourriture de sa création littéraire. Ici, c'est certes sa vie avec parfois ses vieux démons obsessionnels qui ressortent qu'elle évoque mais surtout ce qu'elle voit, l'extérieur qui contraste quelque peu avec les récits qu'elle nous donne à lire ordinairement. Elle laisse traîner un oeil attentif, parfois voyeur, parfois inquisiteur, avec alternativement indifférence, compassion, méchanceté ou détachement, comme un témoin muet et parfois lointain qui ne voudrait pas prendre parti mais qui se contente de percevoir ce qui se passe autour d'elle et d'en rendre compte avec des mots. C'est soit le quotidien banal des petites gens, des quidams, les relations avec leur famille ou ce qu'il reste de ceux qu'on appelle, souvent à tort, les grands de ce monde, parce que, leur pouvoir évanoui, il ne reste plus rien que des souvenirs qui contrastent avec tout ce qu'ils disaient vouloir faire ; ils se sont constamment cachés derrière des apparences et elle dénonce leur mépris et leur imposture.Elle évoque le monde du travail, ces petits boulots qui permettent de survivre et surtout ceux qui tendent la main parce que la richesse ou la sacro-sainte croissance les ont oubliés ou encore ceux qui aussi ont choisi de leur faire un pied de nez, ceux qui n'ont pas la bonne couleur de peau ou la bonne manière de s'habiller et qui ne répondent pas aux codes de la société. Elle concentre son regard sur leurs yeux, parfois vides, parfois artificiellement enjoués parce l'humour est aussi une arme et qu'on peut rire de tout, même de la misère. Elle lit les graffiti qui fleurissent sur les murs ou sur les trottoirs qui sont le témoin de la peur ou du désir, ils sont autant d'aphorismes philosophiques qui invitent à la réflexion sur une vérité qui dérange, l'égoïsme ordinaire, le mépris ou à la passivité des passants pressés. Ce sont des visions fuyantes d'un monde ordinaire, bien banal où il ne passe rien que de très dérisoire, avec ses erreurs, ses fantasmes, ses apparences trompeuses, des scènes d'un théâtre où la comédie le dispute à la tragédie surtout quand le métro est ensanglanté par des attentats. C'est vrai que, contrairement à tout ce qu'on va racontant, le destin est injuste, la vie n'est pas belle quand elle s'habille de sang et de crasse, que cela se passe à Paris ou à Sarajevo, elle est bien plus souvent déprimante, dure et sans merci . Parfois l'auteure conclut par un apophtegme bien senti, genre philosophe désabusée, cherchant un sens partout et n'en trouvant pas toujours. Elle note, écoute, laisse aller son regard vers l'extérieur, dit que l'émotion que lui prêtent les gens du quotidien. J'ai lu ces deux ouvrages avec une impression de solitude et de peur qui caractérisent nos sociétés occidentales et ce malgré le « vivre ensemble » dont on nous rebat les oreilles, malgré toutes ces manifestions publiques de solidarité...
Le «  Journal du dehors » (publié en 1993) rend compte des impressions de l'auteure de 1985 à 1992 et « La vie extérieure » (publié en 2000) reprend le même thème, mais pour les années 1993 à 1999, gommant, selon elle, certaines omissions, avec cette remarque qu'elle a l'impression que ce n'est pas elle qui les a écrits alors que, plus que tous les journaux intimes, ces scènes lui ressemblent et paraissent dessiner sa propre histoire. Ce dernier recueil est présenté sous forme d'éphéméride et insiste davantage sur la vie qui change les choses et les gens, le temps qui passe, le tout au quotidien où elle vit à Cergy, en banlieue. le style, toujours fluide et agréable procure un bon moment de lecture.
Ces textes, courts et en prose sont comme des clichés photographiques pris au hasard de la vie. Ils me rappellent les poèmes de Georges-Léon Godeau qui savait si bien rendre ce qu'il voyait en y mettait un zeste ce sensibilité personnelle. En lisant les textes d'Annie Ernaux, il me vient aussi à l'esprit une citation de Victor Ségalen « Voir le monde et, l'ayant vu, dire sa vision ».

© Hervé GAUTIER – Octobre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com
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Magnifique, que dire de plus?
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Ce journal tenu par l'auteur est constitué d'une suite d'anecdotes, de situations observées au gré de déplacements dans les transports en commun ou dans des commerces. Fragments de vie d'inconnus, qu'une attitude, une expression ou une apparence lui rend familier, même si tout les sépare selon les critères d'appartenance sociale. c'est une sorte de prise de clichés instantanés, qui auraient été enfouis à tout jamais au fond de sa mémoire, si la volonté de les consigner au jour le jour par écrit ne leur avait pas offert une certaine immortalité.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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🗞 « Je suis sûre maintenant qu'on se découvre soi-même davantage en se projettent dans le monde extérieur que dans l'introspection du journal intime - lequel, né il y a deux siècles, n'est pas forcément éternel. Ce sont les autres, anonymes côtoyés dans le métro, les salles d'attente qui, par l'intérêt, la colère ou la honte dont ils nous traversent, réveillent notre mémoire et nous révèlent à nous-mêmes. »
(P.10)

🗞 Je me suis souvent demandé quel était le meilleur moyen pour comprendre qui l'on est. Naturellement, je me suis dirigée vers l'écriture d'un journal intime dans lequel je notais les faits, gestes et paroles qui m'affectaient, quelle qu'en soit la raison. Une fois les mots posés commençait alors cette étrange aventure qui consiste à creuser pour comprendre, et dont les conséquences sont parfois inattendues. Dans les moments de plus grand inconfort, je fuyais cette solitude en me plongeant dans des endroits où la foule ôterait cette douloureuse sensation.

🗞 Dans ce journal du dehors, Annie Ernaux retranscrit des scènes de la vie quotidienne, des bribes de conversation, elle fait le portrait de ces inconnus qui existent dans sa vie sans en faire partie, tout ce qui constitue sa vie dans la ville de Cergy Pontoise. Plus que l'envie de retranscrire le fait d'une époque, elle cherche aussi ce que tout ce qu'elle décrit (choisit de décrire) révèle d'elle-même et fait jaillir en elle. D'où viennent la révolte face à l'injustice, l'indifférence face à la pauvreté ou la tristesse face à l'impossible ? Les autres, même s'ils n'interagissent pas avec nous, sont le reflet de qui l'on est.

🗞 J'ai toujours aimé la plume d'Annie Ernaux et avec ce recueil de feuilletons journaliers, elle propose une alternative au traditionnel album photos. Les mots sont éternels, ils ont le pouvoir de nous replonger dans une émotion passée, révolue, comme si hier n'était finalement pas si loin…

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Ce journal est plutôt original : des bribes de conversations entendues par l'auteure dans les transports en commun (métro, RER, train), dans les supermarchés, chez les commerçants (coiffeur, boucher, dentiste), dans la rue et autres lieux publics, de 1985 à 1992, ainsi que des articles de journaux.
Des mots d'inconnus, hommes, femmes et enfants, de tous les âges, toutes les catégories sociales, toutes les professions, qui permettent à Annie Ernaux de poser des réflexions sur la société, société de consommation, société dans laquelle tout doit aller vite, mais aussi sur elle-même, qui se retrouve ou retrouve certains de ses proches dans le caractère et les mots de ces inconnus croisés le temps de quelques minutes.

L'idée est intéressante, le souvenir du quotidien, de certains moments de notre journée qui nous ont marqué.
Un journal du dehors qui permet une introspection.
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Journal du dehors” et ”La vie extérieure” d'Annie Ernaux. 15 ans de notations régulières, d'instants de vie, d'observations fines, humoristiques ou graves du quotidien parisien entre 1985 et 1999. Guerres du Golfe et de Bosnie, passants et médecins, sans-abris et étudiants, scènes de centres commerciaux et de métro, manifestations et faits divers, émissions culturelles et politiques, se côtoient et se télescopent avec justesse, cynisme et désillusion.
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J'ai emprunté ce livre à la médiathèque dans la volonté de continuer à explorer l'oeuvre d'Annie Ernaux.
Intitulé "journal" et les fragments étant datés de 1985 à 1992, ce recueil de notes regroupe des textes sur ce que l'auteur a pu observé lors de ses sorties, trajets en métro, courses en grande surface, mais aussi les affiches, la publicité et les médias.
Ce que je trouve toujours extrêmement intéressant c'est la réflexion qu'elle mène sur l'écriture, ses codes, ses règles, ses lois et la possibilité de les transgresser ou de les respecter par souci de vérité.
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Second livre que je lis d'Annie Ernaux avec journal de dehors.
A peine une centaine de pages pour des scènes de vie quotidienne que l'auteure vit à Cergy entre 1985 et 1992.
Il n'y a pas un grand intérêt à ça, heureusement c'est court et ça se lit très rapidement.
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Il s'agit d'un livre court, qui se lit rapidement.
L'auteure nous amène à la réflexion au travers des fragments de vie rapportés au gré de ses déplacements dans la ville.
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