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sur 287 notes
Comme elle l'a déjà écrit, au moins, dans la Place (je n'ai pas encore tout lu d'elle), le fait de regarder certaines réalités, comme tout un chacun, fait naître en elle des pensées, des émotions, voire des réflexions. Mais les émotions sont ce qu'elle veille à éviter dans son écriture (ce qui frustre nombre de lecteurs qui, du coup, n'apprécient pas ses livres). A un moment ici, lors du compte-rendu écrit d'un récit oral entendu (la découverte d'une femme morte dans son appartement), elle saisit l'occasion pour (re)dire ce qu'elle ne veut pas faire en littérature.
Surtout, ce qu'elle voit, regarde, nourrit sa mémoire, la fait revivre et c'est finalement ses principaux écrits qui ont pu ainsi être écrits : « Des individus anonymes qui ne soupçonnent pas qu'ils détiennent une part de mon histoire, dans des visages, des corps, que je ne revois jamais. Sans doute suis-je moi-même, dans la foule des rues et des magasins, porteuse de la vie des autres. »
" Ce sont les autres, anonymes côtoyés dans le métro, les salles d'attente qui, par l'intérêt, la colère ou la honte dont ils nous traversent, réveillent notre mémoire et nous révèlent à nous-mêmes. »
Ici elle voudrait faire avec les mots écrits ce que fait (avec la chimie alors, les sels d'argents des appareils argentiques) l'appareil photo, la photographie : saisir un instant, une scènette.. "J'ai cherché à pratiquer une sorte d'écriture photographique du réel dans laquelle les existences croisées conserveraient leur opacité et leur énigme. (Plus tard, en voyant les photographies que Paul Strand a faites des habitants d'un village italien, Luzzara, photographies saisissantes de présence violente, presque douloureuse – les êtres sont là, seulement là -, je penserai me trouver devant un idéal, inaccessible, de l'écriture).»». « Trouver les mots qui contiennent à la fois la réalité et la sensation procurée par la réalité allait devenir, et rester à ce jour, ma préoccupation constante en matière d'écriture » (discours de Stockholm).
Alors elle a pendant plusieurs années écrit de temps à autres des petits textes relatant ce qu'elle a vu, entendu..
Étant moi-même photographe et observateur dans les rues des villes et aimant écrire, je n'ai pas trouvé inintéressants ces "petits" textes mais je préfère ses écrits au plus long cours, ses livres un peu plus consistants.
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Dans ce journal, Annie Ernaux note des instants de scènes de gens qu'elle a croisés dans différents lieux, comme dans les parkings, ou chez les coiffeurs, ou dans les hypermarchés par exemple ; elle "ne leur parle pas", elle "les regarde" et "les écoute seulement". Elle note donc ce qu'elle a vu, ce qu'elle a entendu, fait part de ses impressions.
Un journal court, simple, plaisant à lire, sur des petites scènes réelles de la vie.
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Récemment j'ai eu l'occasion de visiter à Paris l'exposition consacrée à un choix de photos mises en relation avec des textes d'Annie Ernaux affichés comme s'il s'agissait de photos, à côté de celles-ci, dans des salles thématiques portant par exemple sur les magasins, les transports etc. La majorité ou la totalité des textes, que j'ai trouvé extraordinaires, sont extraits de cet ouvrage que je me suis empressé de lire de retour chez moi.
D'abord, c'est incroyablement écrit, chaque mot est à sa place c'est à la fois très fin et très puissant. Er puis, si Annie Ernaux peut agacer parfois, du moins c'est ce qu'il me semble parfois déceler, par sa posture de femme engagée et quelquefois excessive, en réalité on perçoit dans ce livre quelque chose d'unique, que je n'ai pas constaté souvent et en tout cas pas à ce point : une extraordinaire attention aux autres, à tous les autres, à la petite mamie qui fait ses courses, au jeune maghrébin qui traine en bas, à ce SDF qui a laissé un mot et qui est parti, à ces personnes anonymes qui ont écrit des graffitis. Mais ce qu'elle arrive à dire de ces scénettes est d'une puissance très singulière. Durant l'exposition les gens m'ont paru scotché par ces diamants bruts mis en relation avec de superbes photos, montrant la convergence des luttes entre certains streetphotographes et la grande romancière de Cergy-Pontoise.
Faisant cela elle fait preuve tout à la fois d'un engagement démocratique remarquable et incarné (car combien d'entre nous ont perçu ce qu'elle a perçu, combien prêtent une telle attention à tous y compris aux plus humbles ?), mais surtout c'est de la grande littérature.

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J'ai apprécié cette autre facette de Madame Ernaux. Pour ceux qui prennent le métro ou qui connaissent la gare Saint-Lazare, ce sera un bond dans le passé avant l'arrivée du RER. Sinon, si vous êtes tout simplement un observateur du monde autour de vous, vous allez vous y reconnaître.
Annie est particulièrement touchée par les Sdfs qui se font de plus en plus nombreux. On reconnaît aussi quelques pensées qui ont été plus prolongées dans ses autres livres. Un livre idéal entre deux plus gros.
Une exposition se fait actuellement à la Maison Européenne de la photographie à Paris inspiré de ces pages, justement. A voir jusqu'en mai 2024.
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Ouvrage qui m'a été donné pour être catalogué puis plus tard mis en rayon dans la médiathèque où je travaille, j'ai été piqué au vif et ai eu l'envie de le découvrir avant tout ce travail interne.

De 1985 à 1992, Annie Ernaux a décrit des petites tranches de vie, des saynètes saisies dans le R.E.R, le supermarché, chez le boucher ou ailleurs, bref, des petits moments a priori anodins qui sont pourtant non seulement révélateurs de toute une époque mais retranscrivent à merveille ce qu'est la vie, celle des autres dans un premier temps mais qui vient se confondre avec celle de l'auteure et la nôtre finalement.
C'es là où le lecteur se rend compte que depuis près de trente ans, certaines habitudes sont toujours les même, idem pour les faits divers et que la vie n'évolue que très lentement. Certes, il y a certaines enseignes qui ont disparu mais remplacées par d'autres et au final, ce n'est qu'un mot qui change car le contexte, lui, reste le même, certains préjugés aussi, certaines façons de penser malheureusement aussi !

Un livre bien écrit, très vite lu , ave=c une chute exceptionnelle je l'avoue (vous vous en rendrez compte si vous vous décidez à découvrir cet ouvrage par vous-même, à moins que ce ne soit déjà fait, alors je vous encouragerai certainement à le relire car vous serez fort surpris de ce que voue pourriez y découvrir, même après une seconde lecture ! Une lecture agréable mais dont je garderai certainement pas un souvenir intemporel et il est cependant déplorable d'y découvrir que certaines choses n'ont pas changé et ne changeront probablement jamais !

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1985 à 1992 à Cergy. le Journal du dehors

Scènes de la vie quotidienne prises et transcrites.

Elles font penser à l'inverse des photographies, où on aurait la description des sons, des paroles. 

Annie Ernaux s'interroge sur le sens de ses notes qu'elle prend, ces gens qu'elle voit sans les interpeller et qui portent chacun un peu de son passé de son histoire de ce qu'elle est et des êtres chers "D'autres fois, j'ai retrouvé des gestes et des phrases de ma mère dans une femme attendant à la caisse du supermarché. "

Elle prend les transports en commun, va chez le coiffeur, fait les courses et garde un peu des gens qu'elle croise. 

Le quotidien.

" C'est donc au-dehors, dans les passagers du métro ou du R.E.R.,les gens qui empruntent l'escalator des Galeries Lafayette de d'Auchan, qu'est déposée mon existence passée. Dans des individus anonymes qui ne soupçonnent pas qu'ils détiennent une part de mon histoire, dans des visages, des corps, que je ne revois jamais. "

Un intérêt sociologique, c'est curieux. 

Elle aura appris sur elle-même en écrivant et réitère avec La vie extérieure et Regarde les lumières mon amour que je vais lire un de ces jours. 
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Un bonheur de lire cette oeuvre dans les transports en commun, bout par bout, très meta comme expérience ! Permet également un retour dans la fin des années 80 et début des années 90 et ouvre les yeux sur l'experience quotidienne de croiser des personnes que nous côtoyons nous aussi, dans les transports en communs tous les jours.
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Enchaînement de scènes de vie sans queue ni tête. Je n ai vraiment pas compris l intérêt de ce roman très court. Dans la rue, à la pause d une caissière au supermarché… les descriptions s enchaînent sans attachement particulier à une histoire ou à des personnages. Dommage…
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« Je suis traversée par les gens, leur existence, comme une putain. »

Il y a le mythe de l'écrivain tenant son journal pour une hypothétique postérité ou prenant des notes à la volée dans son carnet (Moleskine ou Mulberry, selon la rive) pour alimenter le contenu de son prochain livre.

Annie Ernaux s'en moque un peu : « La semaine dernière, J.-C. L., critique littéraire : “C'est aux carnets (de notes) qu'on reconnaît le véritable écrivain. “ L'écriture ne suffit donc pas, il doit y avoir des signes extérieurs, des preuves matérielles, pour définir l'écrivain, le “vrai“, alors que ces signes sont accessibles à tout le monde. »

La démarche d'Annie Ernaux est donc différente, décrite dans ce Journal du dehors qui dit bien les limites de l'exercice mais expose comment l'autre la nourrit, elle, bien plus que son oeuvre :

« Les fragments, comme ceux que j'écris ici, me laissent insatisfaite, j'ai besoin d'être engagée dans un travail long et construit (non soumis au hasard des jours et des rencontres). Cependant, j'ai aussi besoin de transcrire les scènes du R.E.R., les gestes et les paroles des gens pour eux-mêmes, sans qu'ils servent à quoi que ce soit. »

Et plus loin :

« Des individus anonymes qui ne soupçonnent pas qu'ils détiennent une part de mon histoire, dans des visages, des corps, que je ne revois jamais. Sans doute suis-je moi-même, dans la foule des rues et des magasins, porteuse de la vie des autres. »

Alors se succèdent ces saynètes du quotidien, saisies à la volée parce qu'elles provoquent « une émotion, un trouble ou de la révolte ». Des fragments de vie qui, instantanément, peuvent sembler manquer de sens, mais après réflexion, en disent si long sur ce que nous sommes et la façon dont nous nous situons socialement.

On y retrouve les thèmes chers à l'auteure : l'importance du sens des mots, la misère sociale latente ou héritée, la violence d'autrui, les réminiscences du passé dans une fulgurance du quotidien, le supermarché comme microcosme social et violent d'une société à deux vitesses.

Un petit livre « entre-deux » dans l'oeuvre d'Annie Ernaux, tournant sociologique élargi même si sa propre histoire n'est jamais bien loin…
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Mon Dieu ! Quel niveau !
Cet espèce de reportage dans le RER et à l'occasion de ses visites au supermarché aurait pu être divertissant, amusant, léger. Et bien, non, c'est plat de chez plat, rempli de platitudes, bref, c'est assez consternant.
Dire qu'elle a reçu un prix Nobel pour ses écrits; le jury devait être dans un mauvais jour.
Si vous croisez ce livrez sur les rayonnages d'une librairie ou d'une médiathèque, n'hésitez pas à changer, non pas de trottoir, mais de rayon.
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