« Toujours pareil , je n'ai jamais voulu les envoyer promener, faire ce que j'avais envie de faire. Ils ne voulaient pas m'emmener en colonie de vacances ou bien c'est moi, je ne sais plus. Je ne voulais peut-être pas leur faire trop de peine. Je ne les détestais peut-être pas autant, je m'éloignais, je ne les voyais plus mais je ne pouvais pas me séparer d'eux. Au moment de la communion solennelle, de l'entrée en sixième, ça s'est mis à grandir ce sentiment bizarre, n'être bien nulle part, sauf devant un devoir, une composition, un livre dans un coin de la cour [...] Je commençais à ne rien voir. A ignorer. La boutique, le café, les clients et même mes parents. »
Et si c'était à cause de lui, des bourgeois, des gens bien que je suis en train de m'extirper mes bouts d'humiliation du ventre, pour me justifier, me différencier, si toute l'histoire était fausse...
Chez eux, c'est l'excursion, le remords lointain.
Pendant une semaine, je suis restée creuse, s'il avait pu rester dedans tout le temps. Pas seulement le plaisir.
La littérature, même, c'est un symptôme de pauvreté, le moyen classique pour fuir son milieu.
Cette lèvre inférieure tortillée au-dehors, le mépris, la supériorité. Un fendeur de vent, un gringalet de luxe.
À l'intérieur du cercle, un autre petit cercle, étouffé, silencieux, l'église à livres, la bibliothèque, mon grand bonheur.
Denise Lesur, étudiante. Je m'installe dans ce mot comme si je devais y rester toujours.
C'était presque irréel. Des traces de soleil fragiles et dorées sur les murs, un mois d'octobre mou. J'enjambais les coulées d'eau savonneuse que les commerçants jettent sur le trottoir.
Le plaisir et la pureté confondus, je n'appartiens à personne.