Quand j’étais enfant, le luxe, c’était pour moi les manteaux de fourrure, les robes longues et les villas au bord de mer. Plus tard, j’ai cru que c’était de mener une vie d’intellectuel. Il me semble maintenant que c’est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme.
Quand j'étais enfant, le luxe, c'était pour moi les manteaux de fourrure, les robes longues et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme.
Il m'a semblé que l'écriture devait tendre à cela, cette impression que provoque la scène de l'acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral.(p.12 / Gallimard, collection blanche, 1991)
À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi.
Je vivais le plaisir comme une future douleur. (p.45)
Quand j'étais enfant, le luxe, c'était pour moi les manteaux de fourrure, les robes longues et les villas au bord de mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est aussi de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme.
Souvent, j'avais l'impression de vivre cette passion comme j'aurais écrit un livre: la même nécessité de réussir chaque scène, le même souci de tous les détails.
Des siècles et des siècles, des centaines de générations et c'est maintenant, seulement, qu'on peut voir cela, un sexe de femme et un sexe d'homme s'unissant, le sperme - ce qu'on ne pouvait regarder sans presque mourir devenu aussi facile à voir qu'un serrement de mains.
Il m'a semblé que l'écriture devrait tendre à cela, cette impression que provoque l'acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral.
Quand j'allais dans la cuisine, chercher des glaçons, je levais les yeux vers la pendule accrochée au-dessus de la porte,« plus que deux heures », « une heure », ou « dans une heure je serai là et il sera reparti ». Je me demandais avec stupeur : « Où est le présent ? »
« Tout était manque sans fin, sauf le moment où nous étions ensemble à faire l'amour. Et encore, j'avais la hantise du moment qui suivrait, où il serait reparti. Je vivais le plaisir comme une futur douleur. »