Ca fait quelques années que ce roman ronronnait gentiment dans ma bibliothèque et il a fallu attendre que j'adopte un chat pour que je me sente irrémédiablement attirée par lui. Il faut dire que la couverture vaut à elle seule le détour, c'est une véritable invitation à la lecture ce regard de tueur. Vous ne trouvez pas ?
Mais je vous rassure, je n'ai pas choisi ce livre seulement pour sa couverture. Je connais
Maria Ernestam et plus encore j'aime beaucoup ce qu'elle écrit, à commencer par
Les oreilles de Buster qui met en scène un chien cette fois même si ça n'est pas le centre du propos. Si je devais comparer cette auteure suédoise à une autre ça serait certainement à l'Américaine
Lionel Shriver, voilà qui vous aidera, je l'espère à la situer.
Pour en revenir à nos chats,
Patte de velours, oeil de lynx est un roman court ou novella comme on aime désormais le nommer. En une centaine de pages seulement, vous allez pénétrer dans l'intimité du couple formé par Sara et Björn, fraîchement installés dans leur nouvelle maison, au fin fond d'un quartier résidentiel de banlieue suédoise. A eux l'accès à la propriété, le rêve d'un petit jardin entretenu, le fantasme du calme et de la sérénité après avoir goûté à la promiscuité imposée par les immeubles de centre-ville. La maison est grande, des travaux ont été entrepris pour que le couple se sente bien chez lui. Tout semble plutôt prometteur, à un détail près : Michka. La chatte de Sara ne veut plus mettre une patte hors de la maison depuis qu'elle a croisé le chemin du matou des voisins. S'en suit une guerre de territoire que la nouvelle venue n'est pas du tout disposée à gagner. Et tandis que les tensions entre félins se cristallisent, les relations entre les voisins se tendent. On n'imagine pas tout ce qui peut se cacher derrière une histoire de chats…
L'auteure suédoise nous conte une sombre histoire de voisinage par le prisme des relations entre les félins des deux foyers, ce qui aurait pu servir à construire un fabuleux récit humoristique mais
Maria Ernestam préfère de loin l'ambiance hitchcockienne d'un bon roman psychologique qui verse dans le noir, le suspense voire un peu plus. C'est d'une grande finesse dans la manière dont les personnages sont dépeints comme à chaque fois. Son univers n'est pas forcément le plus gai mais il s'en dégage une atmosphère singulière que j'aime beaucoup. Il y a indéniablement une signature Ernestam que l'on retrouve dans ce roman inspiré en partie de sa propre histoire. Si vous ne connaissez pas l'auteure, c'est peut-être une bonne porte d'entrée dans son univers car après tout quel risque prenez-vous avec un roman d'une centaine de pages ? En revanche, gardez bien à l'esprit que le dernier chapitre est de trop : il ne vous apportera rien à part une bonne dose de frustration mais si vous repensez au chapitre qui le précède ou si vous vous prêtez au jeu de l'interprétation, alors vous resterez certainement sur une dernière impression beaucoup plus flatteuse de ce roman.
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