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Citations sur Mission banquise (2)

Il a fallu près de cinq jours de travail intense pour mettre en route le Polar Observer et installer le matériel d’observation et de mesures scientifiques sur la banquise. Frédéric Touvard a apporté la dernière touche à la pile à combustible et m’a initié à son pilotage. Hervé Henry a configuré la régulation des systèmes électriques, c’est-à-dire l’équilibrage entre le solaire, la pile à combustible et la charge des batteries au lithium.
Denis Conte, charpentier et alpiniste, compagnon de nombreuses expéditions, est omniprésent sur les chantiers. Il a fait un trou au carottier à travers la banquise : elle fait 2,35 m d’épaisseur, ce qui est rassurant, compte tenu des crêtes de compression et des zones de fractures qui m’entourent. La chaîne de thermistance, qui mesure en continu la température de la glace à différentes profondeurs, est installée dans le trou (l’envoi des données est automatisé par balise Argos). Serge Nègre a mis en place le photomètre du LOA (Laboratoire d’optique atmosphérique), le fluxmètre pour la mesure du rayonnement solaire et la station d’émission par satellite.
Heureusement qu’il a fait beau les trois premiers jours après la dépose au pôle (- 35°C en moyenne avec le vent) : cela nous a permis d’avancer efficacement. Depuis quarante-huit heures, le blizzard souffle à 30-40 km/h. On se refroidit vite et la neige soufflée rend le travail à l’extérieur très pénible. Hier soir à minuit, j’ai terminé ma « formation cinéma » avec le maître Emilio : sa vision du film me donne envie de faire des images. Jean-Gabriel m’a expliqué le fonctionnement des caméras et Francis Latreille m’a donné quelques consignes pour les photos. J’ai la tête pleine de mille informations apprises en cours accéléré, que je vais maintenant devoir maîtriser seul. L’équipe devrait me quitter demain si le temps le permet. Alors commencera ma dérive en solitaire.
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Le 14 avril 1986, j’arrivais au pôle Nord géographique après 63 jours de marche solitaire. Parti de l’extrême Nord du Canada, j’avais affronté la banquise dans sa partie la plus chaotique, là où elle vient s’écraser, mue par les forces titanesques qui la poussent inexorablement dans sa lente traversée de l’océan Arctique. J’avais maudit la glace au début, tant la progression était harassante ; combien de fois ai-je failli abandonner ! Puis, au fil des semaines, familiarisé avec cet univers hostile, mon regard sur la banquise changea peu à peu, jusqu’à deviner dans ce chaos d’un autre monde des forces, des formes, une puissance et une beauté qui allaient me marquer pour toujours. Sur ce parcours, pour moi héroïque, j’avais affronté la banquise à contre-courant et aussi contre le temps : la montée vers le pôle Nord est une véritable course contre la montre, car il faut y parvenir avant les premières manifestations de la débâcle, qui débute en mai. Pressé par le temps et anéanti par trop d’efforts, j’ai souvent imaginé revenir un jour faire le parcours inverse, vivre sur la banquise, me laissant emporter par elle pour une grande traversée de l’océan Arctique. (…) Me vint alors l’idée de faire construire un habitacle léger qui serait acheminé par les airs au pôle Nord. Deux années de réflexion et de nombreux dessins ont précédé ce jour du 11 avril 2002, où le Polar Observer, déposé sur l’axe de rotation de la Terre, a commencé son voyage immobile sur la banquise en dérive.
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