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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jeffrey Eugenides se met à dérouler son histoire comme un fil de soie, et plus le fil s'allonge et plus on se rapproche du dévidage de son origine.
Si on remonte la bobine, on retrouvera le cocon qui forme le premier noeud.
Quelques boucles hésitantes et parfois quelques noeuds plus serrés composent cet entremêlement passionnant de fiction, d'histoire et de digressions.

L'auteur américain nous implique dans une saga familiale aux accents greco-américains et nous fait traverser les mers, la crise économique, la Guerre, la Grande Dépression, les émeutes de la ségrégation raciale, dans un millefeuille d'histoires virevoltantes et passionnantes.

Eugenides creuse avec talent la question des fêlures et des ruptures.
Il pointe cet exact moment où la vie craque, ainsi que les personnalités et les identités.

Il explore ces moments de vie où une route empruntée s'interrompt brutalement, où un destin se brise, obligeant les êtres à multiplier les tentatives de colmater les brèches.

Il y a également la notion de ne pas pouvoir échapper à nos crimes, qui finissent par nous rattraper tôt ou tard.

Avec talent et humour, dans un récit plutôt dense, l'auteur fait s'entrecroiser des tranches de vie de trois générations pour mieux pointer les difficultés de l'intégration des immigrants, le poids des traditions et de la culture qui nous a façonnés et nous poursuit toute la vie.

L'hermaphrodisme est le thème central, mais il faut rétropédaler jusqu'aux années 20 et suivre l'étonnante histoire de ces trois générations qui tissent patiemment la toile finale où il sera abordé sous différents points de vue, aussi bien médical que socio-culturel mais surtout humain.

Middlesex, Prix Pulitzer en 2003 est un grand bestseller américain riche en symbolisme qui comme tout bon livre, nous amène là où la réalité ne nous emmènerait jamais et laisse une véritable empreinte.


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Lorsque les Turcs envahissent Smyrne, deux grecs, Lefty et sa soeur Desdemona, embarquent pour l'Amérique, avec leurs maigres bagages et un chromosome récessif chacun qui attend patiemment d'être réveillé. Les circonstances lui sont favorables puisque Lefty et Desdemona profitent de débarquer en terre inconnue pour vivre leur passion interdite et se marier. Leur fils épousant à son tour sa cousine, la petite Calliope voit le jour, fille pour tout le monde, bien qu'ayant les gonades des deux sexes.

Le roman se déroule en deux grandes parties : la première raconte l'émigration de la famille Stephanides aux États-Unis et les péripéties qui l'accompagne : ascension de Ford et du travail à la chaîne, prohibition et bars clandestins, émeutes à Detroit dues aux discriminations raciales, … La seconde partie traite de l'hermaphrodisme, et la difficulté pour Calliope de comprendre un corps qui lui envoie en permanence des signaux contradictoires. L'occasion pour moi de me renseigner un peu sur l'intersexuation, finalement pas si rare que ça (de 1 à 15 personnes sur 1000 concernées) et traitée jusqu'il y a peu à coups d'amputations.

Eugenides nous offre un beau voyage de presque un siècle, oscillant entre L Histoire avec un grand H et les tribulations d'une famille emportée par ces événements, sans nous ennuyer une seule seconde.
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Prix Pulitzer 2003, ce roman est l'histoire de Callie née fille et qui se découvre garçon à l'adolescence suite à une anomalie génétique.
Toutefois, même si c'est abordé, ce n'est pas un récit sur le genre, sur l'inné et l'acquis mais c'est une saga familiale qui court sur trois générations.
Des grands-parents qui arrivent de leur village en Turquie, aux parents qui vont naître américains et connaître la grande dépression des années trente mais aussi le rêve américain aux petits-enfants.
C'est un roman intéressant, dense et qui demande de la concentration.
Le style est magnifique et la psychologie des personnages fouillée.
L'écriture est exigeante, il y a des longueurs et il faut s'accrocher au début pour rentrer dans l'histoire.
Il est questions d'intégration, d'image de soi, de traditions, de troubles de l'identité, d'origine et de tolérance.
C'est un roman à part.
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L'histoire sur trois générations d'une famille américaine atypique d'immigrants grecs ayant fui les massacres de Smyrne en 1922. Cal Stephanides, né Calliope, nous raconte sa quête identitaire.
"J'ai eu deux naissances. D'abord, comme petite fille, à Détroit, par une journée exceptionnelle claire du mois de janvier 1960, puis comme adolescent, au service des urgences d'un hôpital proche de Petoskey, Michigan, en août 1974..."
Pour comprendre Calliope Stephanides, il faut remonter dans la généalogie, reprendre le chemin du destin à une étape determinante. Et ça commence par le mariage incestueux de ses grands parents.
Jeffrey Eugenides a mis 8 ans pour écrire ce livre et je comprends pourquoi. Une fresque incroyable. Quand à moi, il m'a fallu du temps pour le lire, à cause des constants aller-retour entre les différents récits et des détails foisonnants.
J'ai eu un peu de mal avec les deux premiers chapitres mais ensuite plus de répit.
Un livre époustouflant. Quel écrivain. Merci Monsieur.
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L'organisation de ce livre est vraiment parfaite! L'histoire n'est pas vraiment racontée dans l'ordre chronologique pourtant on s'y retouve parfaitement. Cal commence par revenir au moment précédent sa naissance puis, il revient encore plus en avant dans son histoire, qui devient en fait celle de ses grands-parents. Il continue sur celle de ses parents et sans de transition trop brusque, il passe à la sienne où il nous montre comment la découverte de son intimité et de ses sentiments contradictoires vont le troubler. Car il est besoin de remonter si loin pour comprendre ce qu'il est.
Il y a un moment où je me suis un peu ennuyée cependant ; juste avant la rencontre de Calliope avec l'Objet, je trouvais que ça devenait un peu monotone... Mais ça reprend de plus belle par la suite, et je ne l'ai plus relaché avant de l'avoir fini. J'ai beaucoup aimé les comparaisons entre les hommes et les femmes, avec l'exemple de la chasse et la cueillette, on se rend compte à quel point nous sommes différents. L'hermaphrodite, celui qui est à la limite des 2 sexes, permet d'avoir une vision sur ces deux milieux.
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Magistral! Pantagruélique! Homérique!
"Middlesex" ressemble à un banquet qui aurait réuni, sous le soleil et les oliviers, les dieux de l'Olympe-copieux, généreux, somptueux- qui aurait dégénéré en orage et en tempête.
C'est un roman d'excès qu'il s'agisse de l'intrigue et de ses audaces, de la langue, de la narration mais sans aucune boursouflure; un roman-ogre qui multiplie les appétits. Lectrice, j'ai pris ma part, et plus encore, de ce festin que j'ai savouré de la première à la dernière page.

Nous sommes en 1922 non loin de Smyrne, dans un petit village peuplé de grecs. Enfin "peuplé" est un bien grand mot... Les vieux meurent les uns après les autres, les jeunes sont presque tous partis à Smyrne ou ailleurs. Desdemona et Lephty ont perdu leurs parents et se retrouvent seuls. Si ce dernier aime à courir la ville lorsque vient la nuit pour fumer, écouter des chanteurs de rebetika et des disques de jazz, jouer et séduire; la jeune femme, elle, reste au logis pour élever ses précieux vers à soie. Mollement, elle cherche une épouse à son frère, beau comme un mythe, pour le garder au village près d'elle. Sans succès. L'une est trop maigre et l'autre sent mauvais. Desdemona s'étiole et s'ingénue à dissimuler sous une résille disgracieuse son ondoyante chevelure brune... L'avenir qui attend le frère et la soeur semble bien morne, bien gris malgré la lumière et le bleu du ciel. Et puis, comme dans toute tragédie grecque qui se respecte, la passion est là, qui veille. La passion et le désir pour qui le reste ne compte pas. Lephty se surprend à rêver aux cheveux de sa soeur quand une prostituée dénoue les siens pour lui; Desdemona est troublée quand elle entend la respiration de son frère à travers la cloison. Frère et soeur se désirent, se déchirent et succombent. Ils n'ont pas le droit. C'est mal. Mais c'est comme ça.
En dehors du village, c'est la guerre. La violence. le sang. le feu. Comme à Troie peut-être bien.
Alors que Lephty et Desdemona se débattent avec leurs consciences, Smyrne et ses environs sont pris par les forces turques. La ville brûle et les grecs doivent fuir. Nos deux héros trouvent une place de justesse dans un bateau qui les mène tout droit en Amérique. Ils se sont enregistrés comme mari et femme. C'est facile, finalement, de se jouer du destin et d'effacer ce qui doit l'être. Quand ils débarquent aux USA, c'est pour écrire une nouvelle histoire et ce n'est que le début. Tout ira bien et leur secret le restera, il n'aura pas de conséquence. Les malédictions, c'est bon pour la vieille Europe, gorgée des ses mythologies, pas pour les Etats-Unis.
Cette nouvelle vie qui commence, c'est celle de l'exil de ces grecs et de leur apprentissage de l'Amérique; c'est celle de leur communauté et de leur famille. C'est aussi la saga d'un pays en pleine mutation, de l'industrie automobile et de ses ouvriers. C'est, enfin, celle de la petite-fille de Lephty et Desdemona, celle par qui la malédiction -à moins que ce ne fut la génétique- s'est réveillée. C'est elle -ou lui plutôt- qui nous raconte l'histoire, qui en dévide le fil comme Desdemona dévidait celui de ses vers à soie pour essayer de comprendre. De se comprendre surtout et de savoir qui elle/il est vraiment.

Avec "Middlesex", Jeffrey Eugenides réussit le pari d'écrire un roman de l'intime, profond, sensible et clairvoyant ainsi qu' un roman d'apprentissage, tout en tissant pour ses lecteurs une vaste fresque familiale et sociologique dans une langue où l'amplitude n'a d'égal que la richesse. Un tel souffle romanesque, une telle ambition, croyez-moi, ça ne se boude pas et Homère lui-même serait fier de cette singulière, plantureuse mais ô combien passionnante Odyssée.

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Les thèmes sont la culture traditionnelle grecque, l'hermaphrodisme, l'immigration en Amérique.
Ces trois thèmes sont magnifiquement traités.
L'histoire d'un gène qui passe dans une famille pendant trois générations pour se révéler avec la narratrice: Calliope.
Cette jeune fille se rend compte à l'adolescence qu'elle n'est pas une fille comme les autres, et pour cause elle n'est pas réellement une fille.
La condition de cet homme-femme qui depuis sa naissance doit composer avec sa nature d'hermaphrodite nous touche et nous fait réfléchir sur notre propre condition.
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Cela faisait un long moment que j'avais acquis ce roman parce qu'on m'avait vanté les talents de Jeffrey Eugenides et que j'avais vu son interview par François Busnel dans ses DVD sur ses pérégrinations aux Etats-Unis. Busnel disait que Jeffrey Eugenides avait su capturer toute l'histoire de l'Amérique, ses valeurs, ses noirceurs, sa complexité, en un seul roman.

La couverture est elle aussi très parlante. Il est vrai qu'en lisant la quatrième de couverture, je ne l'aurais pas forcément acheté. Les quatrièmes de couverture me donnent souvent envie de reposer un livre sur son étagère. La couverture, c'est différent. Ici la belle statue d'un Apollon grec avec des lèvres roses ne signale pas non plus que le roman que je m'apprête à lire parle de l'Amérique, que c'est une grande fresque historique et un grand récit familial.

Sur plus de 600 pages l'auteur nous emmène découvrir les générations d'une famille, les Stephanides. Qui sont-ils ? Des Grecs venus du continent européen qui s'installent à Detroit. Personnages paumés, lunaires, farfelus, complètement barrés, originaux, tous attachants et chacun monstrueux dans sa part de lumière et d'obscurité, tentant d'échapper à la monstruosité des hommes qui tuent d'autres hommes pour garantir la pureté d'une race... on connait la chanson.

Et l'on tombe amoureux de la première génération, Lefty, Desdemona, le docteur Philobosian. Puis Tessie, puis Milton, puis le héros du roman Calliope ou "Cal" et Chapitre Onze... Tout est parfait dans ce roman, dont on dévore chacune des pages, tant elles sont pleines d'enthousiasme, tournées vers l'avenir alors même qu'elles racontent un passé cruel et parfois dramatique.

Les petites histoires font la Grande Histoire, celle de la construction de l'Amérique, de son Âge d'or, celle où Henry Ford voulut changer la face de la terre avec ses automobiles et son New Way of Life. J'ai trouvé cela très réussi, rien n'est tout à fait manichéen non plus, Jeffrey Eugenides sait nous faire aimer ses personnages et lorsque Milton commence à développer ses idées contre les Noirs, on comprend les opinions d'un côté comme de l'autre, c'est la force du roman.

Et puis la chute, enfin, les chutes, car dans ce roman, tout le monde chute à un moment ou à un autre. L'adolescence est belle, cruelle, pleine de tensions et d'incompréhension. Vous trouverez peut-être que le roman tourne beaucoup autour du sexe, mais c'est bien là la racine du roman, un mariage entre frère et soeur, les grossesses et les déboires des femmes pour tomber enceintes ou ne pas tomber enceintes, les atermoiements et les premiers émois des jeunes adolescents, l'homosexualité, la vie tout simplement.

J'ai adoré ce roman. C'est un grand coup de coeur, un symbole, un roman qui parle de différence, de tolérance, d'ouverture d'esprit, de famille, de déchirure, d'amour d'adolescents et d'amours adultes, de genre mais aussi d'identité.

Chef d'oeuvre.
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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J'attendais avec impatience ce livre, après avoir lu "Virgin suicide" dans le plus grand enchantement... Et je n'ai pas été déçue!
Cette saga retraçant l'histoire de la famille du narrateur, de la Grèce au Michigan est absolument passionnante et, passées les premières aventures dans les années 20, histoire de nous habituer au style de l'auteur, on ne peut plus lâcher ce pavé pourtant conséquent. J'ai appris une foultitude de choses sur les États-Unis et leur histoire récente, sur l'hermaphrodisme, sur la Grèce aussi et sur l'émigration, sans jamais m'ennuyer tant l'auteur soigne l'écriture!
Une vraie découverte!
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Décidément, la jeune littérature américaine n'a pas fini de faire des miracles. Après Rick Moody, Jonathan Franzen et Jonathan Safran Foer, voici un quatrième mousquetaire dont le nom fleure l'ouzo et l'hydromel: Jeffrey Eugenides, né en 1960 à Detroit dans une famille d'origine grecque, sous le signe de l'ivresse. Une ivresse torrentielle, contagieuse, qui booste les 680 pages de Middlesex, couronné par le prix Pulitzer. Dix ans de travail, un souffle homérique, une prose qui charrie près d'un siècle d'histoire, un gigantesque travelling reliant les rives du Bosphore et les paysages du Michigan: ce roman est un Niagara de récits enchevêtrés où l'auteur de Virgin Suicides défriche des territoires passablement sulfureux avec les bons vieux outils de la littérature classique.

Sur ce qui pourrait n'être qu'une bizarrerie génétique, Eugenides greffe un roman-fleuve qui soulève des problèmes essentiels (la bisexualité, la question de la normalité, la crise d'identité) en balayant l'histoire de l'Amérique, depuis l'époque de la prohibition jusqu'aux émeutes raciales des sixties. Et puis, il y a cette prose si chatoyante, enluminée comme une icône byzantine: émotion assurée quand - avec une délicatesse flaubertienne - la plume du romancier s'attarde sur une main gantée de soie, une calandre de Packard, une clarinette qui donne la sérénade, un coffret sculpté d'où s'échappe toute la farandole des souvenirs. Douceurs, noirceurs, humour, nostalgie, Eugenides mêle les registres avec un sacré panache. Cela s'appelle la grâce.


Lien : http://www.lexpress.fr/cultu..
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