Cela faisait un long moment que j'avais acquis ce roman parce qu'on m'avait vanté les talents de
Jeffrey Eugenides et que j'avais vu son interview par
François Busnel dans ses DVD sur ses pérégrinations aux Etats-Unis.
Busnel disait que
Jeffrey Eugenides avait su capturer toute l'histoire de l'Amérique, ses valeurs, ses noirceurs, sa complexité, en un seul roman.
La couverture est elle aussi très parlante. Il est vrai qu'en lisant la quatrième de couverture, je ne l'aurais pas forcément acheté. Les quatrièmes de couverture me donnent souvent envie de reposer un livre sur son étagère. La couverture, c'est différent. Ici la belle statue d'un Apollon grec avec des lèvres roses ne signale pas non plus que le roman que je m'apprête à lire parle de l'Amérique, que c'est une grande fresque historique et un grand récit familial.
Sur plus de 600 pages l'auteur nous emmène découvrir les générations d'une famille, les Stephanides. Qui sont-ils ? Des Grecs venus du continent européen qui s'installent à Detroit. Personnages paumés, lunaires, farfelus, complètement barrés, originaux, tous attachants et chacun monstrueux dans sa part de lumière et d'obscurité, tentant d'échapper à la monstruosité des hommes qui tuent d'autres hommes pour garantir la pureté d'une race... on connait la chanson.
Et l'on tombe amoureux de la première génération, Lefty, Desdemona, le docteur Philobosian. Puis Tessie, puis Milton, puis le héros du roman Calliope ou "Cal" et Chapitre Onze... Tout est parfait dans ce roman, dont on dévore chacune des pages, tant elles sont pleines d'enthousiasme, tournées vers l'avenir alors même qu'elles racontent un passé cruel et parfois dramatique.
Les petites histoires font la Grande Histoire, celle de la construction de l'Amérique, de son Âge d'or, celle où
Henry Ford voulut changer la face de la terre avec ses automobiles et son New Way of Life. J'ai trouvé cela très réussi, rien n'est tout à fait manichéen non plus,
Jeffrey Eugenides sait nous faire aimer ses personnages et lorsque Milton commence à développer ses idées contre les Noirs, on comprend les opinions d'un côté comme de l'autre, c'est la force du roman.
Et puis la chute, enfin, les chutes, car dans ce roman, tout le monde chute à un moment ou à un autre. L'adolescence est belle, cruelle, pleine de tensions et d'incompréhension. Vous trouverez peut-être que le roman tourne beaucoup autour du sexe, mais c'est bien là la racine du roman, un mariage entre frère et soeur, les grossesses et les déboires des femmes pour tomber enceintes ou ne pas tomber enceintes, les atermoiements et les premiers émois des jeunes adolescents, l'homosexualité, la vie tout simplement.
J'ai adoré ce roman. C'est un grand coup de coeur, un symbole, un roman qui parle de différence, de tolérance, d'ouverture d'esprit, de famille, de déchirure, d'amour d'adolescents et d'amours adultes, de genre mais aussi d'identité.
Chef d'oeuvre.
Lien :
http://www.unefrancaisedansl..