AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 70 notes
5
12 avis
4
10 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tout (ou presque) sur la condition des Roms en ce début de XXIe siècle, entre Roumanie, Hongrie, et France : la loi (libre circulation en Europe et façon dont les autorités la contournent à l'égard des Roms), des faits, des chiffres… Mais aussi des histoires d'enfants, de femmes, d'hommes à travers les parcours chaotiques du jeune Darius et de ses proches.
Cette histoire tragique ressemble fortement à celles des migrants qui fuient la guerre et/ou la pauvreté (pas celle des exilés fiscaux, évidemment), avec un petit plus ou un gros moins, puisque les Roms souffrent d'emblée d'une sale réputation, et sont donc encore plus 'indésirables'.

L'auteur est à bonne école : on sent qu'elle a lu les premiers JC Grangé, et qu'elle connaît Olivier Norek - elle lui lance quelques clins d'oeil. Cette intrigue rappelle d'ailleurs 'Entre deux mondes'. Comme son mentor, Julie Ewa parvient à présenter des univers contrastés, sans manichéisme - malgré quelques purs salauds, et des gentils vraiment sympas.

J'avais beaucoup aimé son précédent roman 'Les petites filles'.
Celui-ci me semble moins réussi, plus scolaire.
Malgré un sujet intéressant, traité avec honnêteté, ma lecture est devenue laborieuse à mi-parcours - surtout que les personnages se multiplient et l'intrigue s'éparpille.
J'avais beau croire à toutes leurs mésaventures, et m'indigner, j'ai fini par ne plus ressentir grand chose pour Darius, Cybèle, Lina et les autres...
Commenter  J’apprécie          340
La famille Stanescu arrive de Roumanie. le père atterrit dans le Nord de la France avec ses deux enfants, Cybèle 16 ans et Darius 9 ans. Pour cette famille de Rom, la France représente un nouvel Eldorado. Fuyant la misère suffocante de leur pays de naissance, ils espèrent pouvoir enfin construire un avenir meilleur, par le travail et dans la dignité. Ce qui les attend est pire que ce qu'ils vivaient au pays, l'inconnu en sus, les rêves en moins. Chassés de la « platz » qui devait devenir leur refuge, ils errent dans la ville en faisant les poubelles. C'est à cette occasion qu'ils rencontrent Lina, une jeune femme qui a le coeur sur la main et ne peut accepter de les laisser à leur sort. Quand Darius et son père disparaissent, c'est chez Lina que Cybèle se rend naturellement pour obtenir de l'aide. Avec l'aide de Thomas, elles vont tenter de réunir la famille. Une aventure qui les mènera jusqu'à Paris.

D'abord, je voudrais dire que j'avais beaucoup aimé le premier livre de Julie Ewa, « Les petites filles ». On y découvrait Lina poursuivant ses études en Chine, confrontée à la politique de l'enfant unique et à tous les trafics inhérents à cette mesure. Elle y rencontrait Thomas travaillant pour une ONG qui enquêtait alors sur les disparitions d'enfants, principalement des petites filles. Si vous ne l'avez pas lu, je vous le conseille pour découvrir le parcours des deux personnages principaux et découvrir leurs tempéraments.

L'auteur utilise ses personnages principaux Lina et Thomas comme des bêta témoins de notre temps, mais elle leur rajoute la bonne dose d'humanité qui nous manque souvent. Quand nos regards se détournent de la misère, elle oblige ses personnages à l'affronter. Comme pour son premier opus, Julie Ewa a effectué un travail préparatoire à l'écriture : elle est partie sac au dos en Roumanie et a enquêté sur la situation des Roms. En ce sens, son livre soulève de véritables problématiques dont je n'avais même pas idée. Ce qui prouve que mes yeux à moi se sont aussi détournés.

« À côté de ceux qui ne la remarquaient même pas se trouvait un afflux de passants qui fuyaient toute interaction. Il y avait les marcheurs impassibles : ceux qui gardaient les yeux fixés à l'horizon en ignorant délibérément sa présence. Plus ils s'approchaient de l'adolescente, plus leur cou semblait souffrir d'un vilain torticolis les empêchant de baisser la tête sur la mendiante qui gisait à leurs pieds. À côté de ces êtres imperturbables circulaient aussi une panoplie de « comédiens » qui, passés experts dans l'art de la simulation, s'apparentaient davantage à de mauvais clowns. Cet étudiant qui collait soudainement le nez à son portable. Cette femme qui paraissait émerveillée par la vitrine d'un toiletteur canin. Et tous les autres qui feignaient la rêverie ou l'inattention, une parade plutôt délicate en comparaison des gadjé qui changeait tout bonnement de trottoir, de peur d'être harponnés par un invisible hameçon. »

Vous vous reconnaissez un peu, ça vous met mal à l'aise ? C'est normal, c'est le but ! Julie Ewa fait table rase des idées reçues et met à plat la véritable problématique de ce peuple. En mettant l'accent sur la libre circulation des hommes à l'intérieur de la Communauté européenne, elle explique très justement comment les Roms, qui ne sont pas forcément Roumains, et par opposition aux migrants, ne peuvent être « renvoyés chez eux » (que je hais cette expression). Alors, comment aider cette population estimée à dix millions en Europe, dont on ne sait que faire, bringuebalée de campement en campement, chassée en permanence, déplacée comme un colis devenu trop encombrant.

« le gamin des ordures » évoque donc un phénomène de société très actuel, incite le lecteur à ouvrir les yeux face à une misère qui fait partie du notre paysage urbain quotidien et dont nous avons finalement l'habitude.

Et pourtant… Si ce n'est par la honte, je n'ai pas été touchée par ce roman. Mon cerveau n'a cessé d'analyser, de comprendre les différentes problématiques : j'ai appris énormément de choses dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Je vous parle ici d'émotion pure. de larmes aux yeux, de sourires quand la situation s'améliore, de battements de coeur plus rapides qui encouragent à passer très vite à la page suivante. Je n'ai rien ressenti de tout cela. Ce qui me fait énormément m'interroger sur moi-même. Moi qui suis une écorchée vive, qui fonctionne principalement à l'émotion, pourquoi ce récit ne m'a-t-il pas touché, alors que je me sens tellement concernée par la situation des migrants ? En soit, c'est préoccupant, navrant et terriblement égoïste. J'avais l'impression de me regarder lire ce livre d'en haut, sans réussir à rentrer vraiment dedans, comme si quelqu'un d'autre que moi le lisait. J'étais indifférente et détachée, l'esprit uniquement focalisé sur le raisonnement. Impossible de m'attacher à cette famille, difficile également de m'attacher à Lina, Robin des Bois des temps modernes qui est pourtant pleine de bonnes intentions, d'humanité et d'une volonté farouche de venir en aide à cette famille, en dépit des difficultés, des kilomètres et de son propre confort. J'ai trouvé les personnages impliqués (je parle ici de Lina et Thomas) quand moi je les regardais avec froideur. En y réfléchissant, je suis le reflet parfait de la longue citation du début de cette chronique, celle qui passe et regarde son portable ou feint d'être très absorbée par une vitrine sans intérêt. Je suis celle qui ne veut pas voir. Je suis celle que ça encombre. Alors, même si je ne suis pas entrée dans cette lecture avec passion, si j'en suis sortie avec frustration, Julie Ewa m'a forcée à garder les yeux ouverts.

C'est pour cette raison que je vous encourage vraiment à lire ce livre : c'est nécessaire parfois de se regarder en face et de faire un point avec soi-même.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          30
Un très bon livre pour qui veut apprendre tout un tas de choses sur les Roms et leurs vies difficiles malgré l'espoir qui les anime lorsqu'ils débarquent en France. Julie Ewa, à ce jeu-là est très forte et l'avait déjà prouvé avec Les petites filles, son premier roman que je recommande vraiment.
Le gamin des ordures manque cruellement d'émotions à cause du côté documentaire qui écrase tout le reste. L'auteure s'éparpille un peu trop à mon goût et j'ai donc perdu tout intérêt pour les personnages et leurs fins - et donc l'histoire en elle-même.
Lien : https://surlestracesde.wordp..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (187) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}