J'ai eu un petit peu de mal à entrer dans
La cité du ciel, mais une fois passé la mise en place de l'univers, impossible de lâcher le roman. Il y a un côté naïf avec les quatre protagonistes principaux et en même temps, tellement de notions et d'éléments sérieux et dangereux, que la jeunesse du récit prend une tournure plus mature rapidement. Il y a même un apprentissage que je dirai un peu abrupt de la vie d'adulte qui rend le tout très intéressant et qui donne encore plus envie de voir nos héros évoluer.
Dans ce premier tome, nous découvrons deux mondes aux antipodes l'un de l'autre. Celui de Sera et Leela, des Céruléennes qui vivent sur une "planète" où leur société est entièrement composée de femmes. A côté de cela, Agnes et Léo sont deux adolescents de Kaolin, un monde qui est plus semblable au nôtre. Si le début du roman est assez lent, c'est que nous découvrons, à travers les yeux de ces quatre personnages, leurs mondes, leurs vies de tous les jours, les us et coutumes auxquels ils sont habitués. C'est intéressant, mais j'avoue que pour moi, cela a été un peu trop long dans la mise en action du roman. Même si c'était nécessaire, j'en ai bien conscience. Je n'ai accroché à aucun des deux. le premier est trop penché sur la religion, et j'ai toujours du mal avec cela. Il y a trop d'aveuglement et pas assez de réflexions. le second est patriarcale au possible... Autant vous dire que cela m'a hérissé le poil... Mais en même temps, ce sont de bons leviers pour voir nos héros prendre leur envol et s'affranchir de ces barrières. Et je pense toujours que ce genre d'univers permet aussi aux lecteurs de réfléchir. Donc, c'est un mal pour un grand bien !
Le point le plus positif a donc été pour moi de voir Sera, Leela, Agnes et Leo grandirent. Ils évoluent tous les quatre énormément, chacun aspirant à une vérité, une reconnaissance et une liberté. C'est rafraîchissant, d'autant plus qu'ils doivent combattre ce qui a été pour eux toute leur vie. Vous me direz que c'est l'essence même de devenir adulte, certes, mais certains d'entre nous n'arrive pas à franchir ce cap. Et je trouve cela toujours "beau" d'une certaine façon, car c'est une remise en question, une perte de naïveté mais aussi un gain de liberté. Les quatre adolescents cherchent à devenir ce qu'ils ont toujours souhaité ou bien ce qu'ils aimeraient devenir.
A côté de cela, de nombreuses éléments qui font écho à notre société sont mis en avant : religion, homosexualité, écologie, dominance masculine, corruption, racisme... C'est contemporain, en ajoutant un côté rétro (grâce à l'univers) et aussi fantastique avec les présences de créatures aux pouvoirs magiques. L'ensemble est très bien réussi, sans compter que les changements de points de vue donnent un gros plus. Déjà pour la compréhension global de l'univers, mais aussi du côté émotionnel. J'ai vraiment accroché, notamment, je pense, parce que je voulais voir nos héros combattre tout ce qui pouvait me révolter. Et
Amy Ewing m'a vraiment happée quand une évasion se met en place et qu'une conspiration est découverte. de quoi nous donner quelques petits frissons.
Côté personnages, j'ai plus été sensible aux jumeaux Agnes et Leo. Il faut dire d'une part qu'ils sont plus proches de nous, et d'autres part les Céruléennes ont ce côté décalé, pieux et naïfs qui les placent comme des êtres un peu supérieurs. J'ai aimé suivre Sera et Leela, mais je n'ai pas su m'identifier à elles, si vous voyez ce que je veux dire. Et pourtant Sera a ce côté téméraire, curieux et volontaire que j'adore chez une héroïne. Leela est plus en retrait même si elle commence à prendre des initiatives vers la fin du roman. Agnes se découvre un peu, notamment parce qu'elle commence à entrevoir une liberté qu'elle ne croyait pas réellement possible. J'ai aimé la voir prendre des risques et s'épanouir. Leo, le seul homme du quatuor, ne nous est pas présent de la meilleure façon au début du roman, mais bien évidemment, cela change petit à petit. Il est peut-être celui qui a le plus à apprendre au final, alors qu'il était celui avec le plus de liberté.
Un petit mot sur Xavier... Mon dieu que cet homme est une abomination... Il n'a aucune excuse, son comportement est ignoble, il n'aime personne à part lui, sa réputation et son argent, traite ses enfants comme des parasites, ne donne aucune valeur aux êtres vivants l'entourant... Il est détestable... et pourtant, j'aimerai comprendre comment il en est arrivé là. Parce que je ne pense pas qu'on naît méchant. Et même si cela ne rattrapera jamais ce qu'il est devenu, j'espère que l'auteur se penchera sur son cas.
Un premier tome qui démarre doucement donc, mais qui promet déjà de très jolies choses par la suite. La seconde partie du roman est plus dynamique, à mon grand plaisir, et j'ai hâte de voir quelles tournures vont prendre les choses, maintenant que tous les pions sont mis en place.