Plus fort qu'elle

J’ai tellement envie de toi, de t’embrasser, de te serrer dans mes bras, que nous fassions l’amour pendant des heures et des heures, que nous soyons ensemble. Toi et moi, seuls pour toujours, pour l’éternité. Je t’aime tant, ma chérie…

Il m’a dit des centaines de fois qu’il m’aimait, qu’il ne pouvait pas vivre sans moi. Il m’a aussi dit qu’il m’admirait, que bientôt lui aussi allait tout bazarder. Il m’a promis que bientôt nous vivrons notre amour au grand jour, sans être obligés de nous cacher et qu’il emmerde tous ceux qui nous critiqueront. Je n’oublierai jamais ce moment.

Raphaëlle confie qu’il voulait faire l’amour tout de suite.

Du fond du couloir, il voit s’illuminer le visage de sa maîtresse dès qu’elle l’aperçoit. Elle rayonne. Il la trouve magnifique, désirable. Il se dit qu’elle est vraiment sexy et que cela aurait été un crime de passer à côté d’un pareil canon.

C’est dur pour une maman d’être séparée de ses enfants et je sais qu’elle souffrait de ne pas les voir. Cependant, elle se convainquait que tout rentrerait dans l’ordre quand il aurait quitté “l’autre”. En toute franchise, Raphaëlle me faisait peur quand elle parlait d’elle. Il y avait tant de haine. […]

« Raphaëlle ne semblait pas prendre la mesure de son geste. Elle disait que seul comptait son amour pour Patrick Maisonnave. C’était à la fois incompréhensible et surréaliste. Je n’ai pas osé lui dire qu’elle avait fait la plus grosse bêtise de sa vie. Elle ne m’aurait pas écoutée. Elle pensait qu’en faisant le premier pas, en envoyant un signal aussi puissant, il serait bien obligé de suivre. […]

Pour vivre heureux, vivons cachés, lui a-t-il dit avant de se reprendre : Bientôt, ma chérie, je te le jure, nous vivrons notre amour au grand jour, mais en attendant prudence !

Elle m’a foutu la honte. Les gens me regardaient comme le cocu de service, celui qui n’a pas su y faire avec sa femme. Un minable ! Et puis, quand les gens ont su qu’elle avait laissé ses enfants et qu’elle ne cherchait même pas à les revoir, le vent a tourné. Là, fini le con, le con de cocu ! J’étais le père courageux qui s’occupait seul de ses gosses, et elle, c’était la salope, la mauvaise mère. Qu’est-ce qu’elle a pris ! D’un coup, il n’y a plus eu personne pour la défendre. […]

« Je sais trop bien ce que les gens ont pensé. Je le voyais dans leur regard : si ma femme allait voir ailleurs, c’est parce qu’elle n’était pas heureuse avec moi, qu’elle avait trouvé mieux. Je me demande si certains n’ont pas cru que je la tabassais et que c’est pour cette raison qu’elle s’est barrée. Mais je n’ai jamais haussé la voix sur elle. C’est plutôt elle qui m’engueulait, et plus souvent qu’à mon tour. Car sous ses airs de sainte-nitouche, elle a un sacré caractère. Elle peut être dure, même avec ses enfants. Demandez-leur, ils vous diront qu’ils en ont bavé avec elle. Pourquoi je n’emploie pas le mot “mère” pour parler d’elle ? Tout simplement parce qu’elle n’est plus leur mère, ils n’en veulent plus !

Elle a frémi en voyant son amant poser un baiser sur les lèvres tendues de sa femme. Elle en aurait pleuré. Elle a détesté ce moment, non pas parce qu’ils se sont enfermés tous les trois dans le bureau, mais parce qu’elle n’a pas pu s’empêcher de trouver « l’autre » jolie.
La sorcière était grande, blonde, élégante et soignée. Raphaëlle l’avait imaginée comme un vieux pain rassis.

C’était écrit. Il devait bien arriver un jour, ce premier baiser. À force de se tourner autour au moindre prétexte, de se frôler, de laisser une main effleurer celle de l’autre une seconde de trop, d’échanger des regards furtifs à travers la grande vitre dont le rideau restait constamment levé, ce moment qu’elle espérait et redoutait à la fois est arrivé.