J'ai aimé ce roman. Il ferait... un bon film ! 😉. Boris, le narrateur, nous livrant son journal, par essence intime, nous entraîne dans une connivence hilarante. En littérature comme au cinéma, il faut du talent pour déclencher le rire sans trivialité. Mais au-delà de cet humour, Boris, lucide, nous confie sa lâcheté face aux diktats des producteurs dont l'unique objectif est la rentabilité aux dépens de l'intégrité d'une oeuvre. Ridicules, pour ne pas dire d'une bêtise absolue, ces personnages le détournent de ses intentions jusqu'à l'absurde. Ainsi,
Fabrice Caro, sous couvert de comédie irrésistible, avec une dérision désarmante, éclaire l'angoisse des créateurs quand ils sont confrontés au pouvoir décisionnel et pose la question de la sincérité quand on ne veut pas blesser ceux que l'on aime. Truffée de références cinématographiques, l'histoire rappelle des films cultes qui entraînent, là aussi, dans la complicité. J'ai visualisé sans peine l'actrice et les acteurs (célèbres dans la vraie vie) de ce roman comme si j'assistais à une séance de cinéma ou à une pièce de théâtre, son histoire d'amour elle aussi désopilante. Boris, par ses confidences sans concessions, ne se ménage pas, il n'en est que plus sympathique, proche, humain. Je remercie
Fabrice Caro pour cette séance d'écriture bienfaisante qui m'évoque ces phrases de
Virginia Woolf : " Écrivez ce que vous désirez écrire, c'est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d'école tenant une coupe d'argent à la main ou envers quelque professeur armé d'un mètre, c'est commettre la plus abjecte des trahisons".