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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorsqu'on est un familier de l'auteur, son univers, on le connait, le reconnait à force d'arpenter les pages de ses romans. le monde de Dominique Fabre se situe entre Paris et cette banlieue où il a grandi.
Cette fois-ci, il nous emmène dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare d'où partent les trains de banlieue qu'il a tant pris. Et tous ces trains arrivant, repartant, c'était aussi l'espoir d'un départ possible et d'une autre vie.
« J'ai tellement pris de trains là-bas ! Je prendrai beaucoup moins de trains à Saint-Lazare que je n'en ai déjà pris. J'ai moins de directions à prendre, si on veut le dire comme ça. »
Dominique Fabre déambule dans la gare de sa jeunesse, car « il est impossible de ne pas revenir sur ses pas de temps en temps, qu'on en ait envie ou pas. » Et il ne peut que constater le temps qui passe, la ville qui se métamorphose. Les consignes n'existent plus, ni les téléphones avec le type qui récupérait les pièces. Mais il a toujours cette fascination pour les gens de rencontre. Ceux du passé qui ressurgissent, ses fantômes qui l'effraient un peu, ne va-t-il pas en devenir un lui aussi ? Alors, il raconte, c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour éloigner l'oubli. « Où est passée la voyageuse dont j'ai rêvé si longtemps ? » Car les rêves ont aussi droit de cité dans la gare d'une grande ville. Et des rêves d'autrefois, il y en a une foultitude qui se mêlent aux souvenirs dans la tête de l'écrivain pas encore fantôme.
Dans cette gare, il est même tombé amoureux, plusieurs fois, et ses rendez-vous se donnaient au pied du monument aux morts. Il y a eu celle qu'il appelait la Gitane, et qui vendait des lithos plutôt moches à la sauvette. Un jour, elle aussi a disparu.
Et puis, il y a le portrait de la mère, femme distante qui travaillait dans un bureau rue de Lisbonne et qui, le week-end, filait à la campagne avec son amant. Ah l'amant ! Pas vraiment le type sympa. « Il avait des doutes sur l'égalité. Il avait plein de drôles d'idées. » Lui aussi, un jour, est parti.
La gare Saint-Lazare, c'est comme un aimant qui attire les souvenirs et tous ceux qui ont croisé la vie de l'auteur, un jour, proches ou anonymes.
Tout du long de ces évocations, on sent la bienveillance, la nostalgie aussi car la ville change, les repères d'autrefois disparaissent ou sont déplacées comme la pharmacie Bailly au bas de la rue de Rome.
Avec peu, Dominique Fabre raconte le monde qu'il observe avec indulgence. Son écriture fluide, à fleur de page, nous touche et nous rend mélancolique. N'avons-nous pas nous aussi nos salles des pas perdus quelque part dans nos souvenirs ?
Ce n'est pas triste, juste empreint de douce mélancolie
« Alors, le dernier train si ça se trouve, on se dit qu'on l'a peut-être déjà pris sans se douter. »
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Première lecture d'un livre de Dominique Fabre. Écho, lointains souvenirs d'une enfance banlieusarde, hagarde en la gare Saint-Lazare des années soixante…
Dominique Fabre fait retour aux Pas-Perdus, à l'attente de ce qui n'est pas venu, à la Grande horloge qui seule a finalement le pouvoir de transformer la détresse. Et, cheminant dans la gare d'aujourd'hui, l'homme qui a vécu sans s'en éloigner réellement, toujours attentif au fourmillement des vies qui l'entourent sans l'emporter, serre encore en sa main le ticket sans destination du train de ses rêves.
Sa puissance d'évocation m'a beaucoup touchée.
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Un superbe texte autour de la gare saint-Lazare et de ceux qui la sillonnent. le narrateur, d'un certain âge on le devine, part toujours de la pensée qu'il ne fera plus jamais ceci ou cela. Cela lui permet de dévider le fil de ses pensées, et de décrire des bribes de sa vie, souvent douloureuse. C'est sa mère, assez peu aimante mais être méchante, absente et taiseuse, qu'il va apercevoir un jour rayonnante face à un inconnu ; c'est ce copain, avec qui il rêve de faire les 400 coups, et qui sera finalement écarté de son seul réel délit ; c'est l'amant de la mère, terrifiant, menteur, qu'il déteste et qui le déteste ; c'est cette fille aux allures de gitanes, vendeuse de lithographie, et son amour pur, à lui, si pur, dans la lumière, souvent décrite comme blafarde, de la gare. Ce sont, décrits avec tendresse et parfois cynisme, ces travailleurs de la nuit, ces conducteurs, ces fêtards, ces coquettes, tous ces usagers des trains que lui ne prendra. C'est la fin d'une époque qui ne semble pas avec tat changé.

C'est l'une des force du livre : une telle mélancolie, ans nostalgie. Il n'est jamais affirmé que c'était mieux avant. Ou alors, si : ce qui était mieux avant, c'était la jeunesse (même si son enfance est rarement enviable). Mais c'était la vie, l'argent, l'amour, la peur.

La langue joue beaucoup dans le plaisir de la lecture : c'est une langue solide, directe, sans fioritures, inspirée de l'oralité sans tomber dans les excès que cela peut induire. Il en découle une fluidité dans la lecture, une certaine musicalité, efficace et poignante de sincérité.

Un livre sensible et bouleversant, qui rend hommage à nos souvenirs et à la vie, aux vies, toutes les vies.
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Ce roman est une longue déambulation du narrateur dans et autour de la gare Saint-Lazare, chaque coin, quai, commerce, bistrot, lui rappelle un moment de sa vie qu'il fait partager aux lecteurs. Nimbé de mélancolie, de nostalgie, d'espérance dans ce théâtre très animé de la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare.

C'est le roman d'un enfant de 63 ans toujours en quête de sa mère.
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Là où tout a commencé et où tout finira.


Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant :


https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/netgalley-lu-gare-saint-lazare-de.html?m=1


Pour ma part,


Ici, chaque chapitre commence par "Je n'irai plus jamais" ou "Je ne reverrai plus jamais".


L'utilisation de l'anaphore crée le rythme et la musicalité de ce récit. En effet, on lit Gare Saint-Lazare comme on écoute une chanson mélancolique des années 80. 


Car oui, ici, on revient quatre décennies en arrière, du temps des cabines téléphoniques, des consignes à la gare, des disquaires, des walkmans ; et le narrateur, que l'on devine aujourd'hui d'un certain âge, quelque part entre deux mondes, regarde le chemin parcouru et raconte la mémoire de ce lieu terrestre à travers ses propres souvenirs à la gare Saint Lazare


La gare Saint-Lazare, lieu de transit, de passage par définition, est la porte d'entrée de Paris depuis la banlieue. Ce lieu public à priori sans âme, est le berceau de la mémoire du narrateur, où il y a vécu de nombreux souvenirs : ses embarras d'enfance confronté à sa mère, ses premiers émois de jeunesse: son amitié avec le Crobard et son coup de foudre pour la Gitane etc.


Pour ainsi dire, il raconte ici surtout le souvenir de sa mère à l'époque, qui somme tout faite, n'avait qu'une seule ambition : celle de sortir de sa condition sociale, c'est-à-dire 22ans, divorcée, deux enfants bref s'élever et briser le plafond de verre. Vous découvrirez les déboires de cet acharnement en lisant le livre.


Les souvenirs d'une mère liés à cette gare ... Cette gare liée au souvenir d'une mère.


Mais avant tout, c'est le roman d'une gare en perpétuelle métamorphose, qui n'est plus ce qu'elle fut mais dont l'âme demeure le témoignage du temps qui passe dans la salle des pas perdus.


C'était beau, j'ai apprécié ma lecture mais sans plus. J'ai trouvé le récit trop intimiste, trop personnel. Dans la mesure où je vois la gare Saint-Lazare comme un véritable tiers-lieu fédérateur, quelque soit notre humble condition, je m'attendais peut-être à une histoire plus universelle, plus engagée. Cela dit, l'écriture est sublime et il y a une sensibilité omniprésente. Une oeuvre d'art littéraire !


Mention spéciale pour la cartographie  super sympa à la fin du livre.


+ À lire pour découvrir les milles visages de la gare Saint Lazare, des années 80 à nos jours,  à travers des anecdotes et des souvenirs particuliers. 

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