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EAN : 9782213725659
144 pages
Fayard (23/08/2023)
3.15/5   44 notes
Résumé :


« J’avais une tâche pour la vie, qui en un sens résumait toutes les autres, me faire aimer de toi. »

Derrière cette phrase qui pourrait passer pour romantique se cache en réalité le drame de toute une vie, car cette phrase, c’est celle d’un fils qui s’adresse à sa mère.

Avec des décennies de recul, un homme revient sur les traces de son enfance et de son adolescence, dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsqu'on est un familier de l'auteur, son univers, on le connait, le reconnait à force d'arpenter les pages de ses romans. le monde de Dominique Fabre se situe entre Paris et cette banlieue où il a grandi.
Cette fois-ci, il nous emmène dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare d'où partent les trains de banlieue qu'il a tant pris. Et tous ces trains arrivant, repartant, c'était aussi l'espoir d'un départ possible et d'une autre vie.
« J'ai tellement pris de trains là-bas ! Je prendrai beaucoup moins de trains à Saint-Lazare que je n'en ai déjà pris. J'ai moins de directions à prendre, si on veut le dire comme ça. »
Dominique Fabre déambule dans la gare de sa jeunesse, car « il est impossible de ne pas revenir sur ses pas de temps en temps, qu'on en ait envie ou pas. » Et il ne peut que constater le temps qui passe, la ville qui se métamorphose. Les consignes n'existent plus, ni les téléphones avec le type qui récupérait les pièces. Mais il a toujours cette fascination pour les gens de rencontre. Ceux du passé qui ressurgissent, ses fantômes qui l'effraient un peu, ne va-t-il pas en devenir un lui aussi ? Alors, il raconte, c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour éloigner l'oubli. « Où est passée la voyageuse dont j'ai rêvé si longtemps ? » Car les rêves ont aussi droit de cité dans la gare d'une grande ville. Et des rêves d'autrefois, il y en a une foultitude qui se mêlent aux souvenirs dans la tête de l'écrivain pas encore fantôme.
Dans cette gare, il est même tombé amoureux, plusieurs fois, et ses rendez-vous se donnaient au pied du monument aux morts. Il y a eu celle qu'il appelait la Gitane, et qui vendait des lithos plutôt moches à la sauvette. Un jour, elle aussi a disparu.
Et puis, il y a le portrait de la mère, femme distante qui travaillait dans un bureau rue de Lisbonne et qui, le week-end, filait à la campagne avec son amant. Ah l'amant ! Pas vraiment le type sympa. « Il avait des doutes sur l'égalité. Il avait plein de drôles d'idées. » Lui aussi, un jour, est parti.
La gare Saint-Lazare, c'est comme un aimant qui attire les souvenirs et tous ceux qui ont croisé la vie de l'auteur, un jour, proches ou anonymes.
Tout du long de ces évocations, on sent la bienveillance, la nostalgie aussi car la ville change, les repères d'autrefois disparaissent ou sont déplacées comme la pharmacie Bailly au bas de la rue de Rome.
Avec peu, Dominique Fabre raconte le monde qu'il observe avec indulgence. Son écriture fluide, à fleur de page, nous touche et nous rend mélancolique. N'avons-nous pas nous aussi nos salles des pas perdus quelque part dans nos souvenirs ?
Ce n'est pas triste, juste empreint de douce mélancolie
« Alors, le dernier train si ça se trouve, on se dit qu'on l'a peut-être déjà pris sans se douter. »
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C'est avec nostalgie que Dominique Fabre nous ramène sur les pas de son enfance, dans cette gare Saint-Lazare qu'il a si souvent arpentée dans les deux sens, le lieu où il a croisé tant de gens de passage. C'est pour lui l'occasion une fois encore de revenir sur sa mère, aimante sans doute mais mal-aimante, sur le ou les amants de sa mère, sur ceux et celles qu'il a croisés dont cette belle « Gitane » qui n'en est pas une.
Il nous conte avec tendresse et humanité toutes ces vies entrevues, banales ou non, qui font le monde.
Je ne sais pas qui a écrit la quatrième de couverture. Mais la référence à "ceux qui ne sont rien", selon la parole méprisante ou malheureuse de notre président de la République, ceux qui « sont pourtant la chair de l'humanité », est ici parfaitement justifiée. Elle est en accord avec un message subliminal de l'auteur, page 45, cherchez bien !
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Là où tout a commencé et où tout finira.


Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant :


https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/netgalley-lu-gare-saint-lazare-de.html?m=1


Pour ma part,


Ici, chaque chapitre commence par "Je n'irai plus jamais" ou "Je ne reverrai plus jamais".


L'utilisation de l'anaphore crée le rythme et la musicalité de ce récit. En effet, on lit Gare Saint-Lazare comme on écoute une chanson mélancolique des années 80. 


Car oui, ici, on revient quatre décennies en arrière, du temps des cabines téléphoniques, des consignes à la gare, des disquaires, des walkmans ; et le narrateur, que l'on devine aujourd'hui d'un certain âge, quelque part entre deux mondes, regarde le chemin parcouru et raconte la mémoire de ce lieu terrestre à travers ses propres souvenirs à la gare Saint Lazare


La gare Saint-Lazare, lieu de transit, de passage par définition, est la porte d'entrée de Paris depuis la banlieue. Ce lieu public à priori sans âme, est le berceau de la mémoire du narrateur, où il y a vécu de nombreux souvenirs : ses embarras d'enfance confronté à sa mère, ses premiers émois de jeunesse: son amitié avec le Crobard et son coup de foudre pour la Gitane etc.


Pour ainsi dire, il raconte ici surtout le souvenir de sa mère à l'époque, qui somme tout faite, n'avait qu'une seule ambition : celle de sortir de sa condition sociale, c'est-à-dire 22ans, divorcée, deux enfants bref s'élever et briser le plafond de verre. Vous découvrirez les déboires de cet acharnement en lisant le livre.


Les souvenirs d'une mère liés à cette gare ... Cette gare liée au souvenir d'une mère.


Mais avant tout, c'est le roman d'une gare en perpétuelle métamorphose, qui n'est plus ce qu'elle fut mais dont l'âme demeure le témoignage du temps qui passe dans la salle des pas perdus.


C'était beau, j'ai apprécié ma lecture mais sans plus. J'ai trouvé le récit trop intimiste, trop personnel. Dans la mesure où je vois la gare Saint-Lazare comme un véritable tiers-lieu fédérateur, quelque soit notre humble condition, je m'attendais peut-être à une histoire plus universelle, plus engagée. Cela dit, l'écriture est sublime et il y a une sensibilité omniprésente. Une oeuvre d'art littéraire !


Mention spéciale pour la cartographie  super sympa à la fin du livre.


+ À lire pour découvrir les milles visages de la gare Saint Lazare, des années 80 à nos jours,  à travers des anecdotes et des souvenirs particuliers. 

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Un superbe texte autour de la gare saint-Lazare et de ceux qui la sillonnent. le narrateur, d'un certain âge on le devine, part toujours de la pensée qu'il ne fera plus jamais ceci ou cela. Cela lui permet de dévider le fil de ses pensées, et de décrire des bribes de sa vie, souvent douloureuse. C'est sa mère, assez peu aimante mais être méchante, absente et taiseuse, qu'il va apercevoir un jour rayonnante face à un inconnu ; c'est ce copain, avec qui il rêve de faire les 400 coups, et qui sera finalement écarté de son seul réel délit ; c'est l'amant de la mère, terrifiant, menteur, qu'il déteste et qui le déteste ; c'est cette fille aux allures de gitanes, vendeuse de lithographie, et son amour pur, à lui, si pur, dans la lumière, souvent décrite comme blafarde, de la gare. Ce sont, décrits avec tendresse et parfois cynisme, ces travailleurs de la nuit, ces conducteurs, ces fêtards, ces coquettes, tous ces usagers des trains que lui ne prendra. C'est la fin d'une époque qui ne semble pas avec tat changé.

C'est l'une des force du livre : une telle mélancolie, ans nostalgie. Il n'est jamais affirmé que c'était mieux avant. Ou alors, si : ce qui était mieux avant, c'était la jeunesse (même si son enfance est rarement enviable). Mais c'était la vie, l'argent, l'amour, la peur.

La langue joue beaucoup dans le plaisir de la lecture : c'est une langue solide, directe, sans fioritures, inspirée de l'oralité sans tomber dans les excès que cela peut induire. Il en découle une fluidité dans la lecture, une certaine musicalité, efficace et poignante de sincérité.

Un livre sensible et bouleversant, qui rend hommage à nos souvenirs et à la vie, aux vies, toutes les vies.
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Dominique Fabre est un écrivain français né à Paris en 1960. A 23 ans, il travaille dans le tourisme et sur des chantiers d'appartements ou il rencontre sa femme avec qui il aura deux fils. Après cela, il obtient un poste de correcteur en imprimerie, puis en presse avant d'écrire son premier livre en 1995.
Consultant la liste des nouveautés littéraires, quelle ne fut pas ma surprise en tombant sur ce bouquin, quelqu'un avait écrit un roman sur MA gare ! Car je considère cette gare comme ma propriété. J'avais dix ans quand j'ai quitté Paris ma ville natale et depuis cette date remontant au milieu du siècle dernier, malgré plusieurs déménagements, j'ai toujours habité le Grand Ouest parisien, donc toujours desservi par la gare Saint-Lazare, mon cordon ombilical avec la capitale, autant vous dire que je connais le quartier ! J'ai néanmoins été rassuré en constatant que c'était Dominique Fabre qui en était l'auteur, un précédent roman, Mon Quartier, attestait de sa connaissance des lieux.
Alors je l'ai suivi comme son ombre dans ses déambulations à travers la gare ou dans les rues avoisinantes, à ses souvenirs personnels répondaient les miens propres, parfois ils se confondaient quand nous avions vécu les mêmes expériences ou moments.
L'écrivain mêle la visite géographique des lieux, la gare, le quartier, et sa vie d'enfant jusqu'à celle de jeune homme. Un coin de ville où sa mère très présente est un fil rouge pour son récit. Une mère célibataire avec deux enfants, l'écrivain et sa soeur, une petite vie pas bien riche, elle est comptable toujours en recherche d'un job. Parfois un amant pour vivre un peu quand le gamin est à l'internat… le narrateur grandit, il traine souvent dans la gare avec son pote le Crobard qui passe son temps à dessiner… des rencontres au milieu de cette foule qui court vers son train ou à l'opposé vers son métro, là un arnaqueur, et puis cette petite jeune fille qui vend des lithographies à la sauvette dont il tombe amoureux, bohème et junkie, un jour elle disparait comme elle était apparue… « Elle est dans mon coeur pour toujours », souvenir étroitement lié à cette gare.
Tout le roman baigne dans une douce mélancolie, parce que l'auteur n'a pas le caractère d'un mariole (« Toute ma vie je serai peut-être bon à rien, juste un peu spécialisé dans la gare Saint-Lazare ») et surtout parce que ses souvenirs lui montrent le temps passe, les choses évoluent, la gare d'aujourd'hui n'est plus celle qu'elle était alors, ça se modernise, des commerces ont disparu, d'autres sont arrivés. Et puis sa mère, toujours sa mère, descendant du train dans cette gare pour aller travailler, ou bien lui pour aller la voir à son bureau ; décédée aujourd'hui, un autre souvenir à jamais gravé dans son coeur, « Tu es encore aussi la personne qui attend quai B à Asnières le train vers la gare Saint-Lazare et sort du côté de la rue de Rome, où j'aimerais encore que tu sois, dans une autre vie. »
Vous ne connaissez pas cette gare, ni ce quartier ? Qu'importe, c'est un beau et charmant voyage à faire avec ce roman. Prenez votre ticket !
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critiques presse (4)
Marianne_
24 novembre 2023
Dominique Fabre errait donc dans la gare Saint-Lazare, avant qu’elle ne soit modernisée. [...] Éloge d’un temps passé, qui comme son nom l’indique, ne se rattrape guère, ne se rattrape plus.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeMonde
04 septembre 2023
Sans en exagérer la tristesse, il y a dans "Gare Saint-Lazare" une teinte légère de crépuscule, balancée par une sorte de nonchalance mélancolique parfois singulièrement gaie, comme un sourire du style, la merveille de l’écriture au service de la vie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
01 septembre 2023
Sans en exagérer la tristesse, il y a dans Gare Saint-Lazare une teinte légère de crépuscule, balancée par une nonchalance mélancolique parfois singulièrement gaie, comme un sourire du style, la merveille de l’écriture au service de la vie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RevueTransfuge
24 août 2023
"Gare Saint-Lazare" est habité par les fantômes et les rêves.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
« Aujourd’hui je rêve que je cours à nouveau pour attraper le dernier train de la gare Saint-Lazare, je voudrais courir sur le quai à m’en faire exploser les poumons ; voir tout autour de moi comme elle est blafarde, cette lumière des derniers trains gris qui roulaient. Et puis, encore une fois juste nos reflets dans la vitre, quand on est tourné vers la Seine, du côté de la Défense ; se dire qu’on aura bientôt fini de prendre ce train là, car on aura trouvé un logement à Paris, ou ailleurs, parce que Manuella sera partie vivre en Espagne, et c’en sera terminé pour toujours, l’heure de la sonnerie du quai, qui parfois se met en marche quand il fait tout à fait nuit dans nos vies, et que nous n’avons plus nulle part de nouveau où aller. Alors, le dernier train si ça se trouve, on se dit qu’on l’a peut-être déjà pris sans se douter. » P114
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Elle venait des Hauts-de-Seine elle aussi. Quand je l'ai rencontrée, elle essayait de se rendre à la fac en « candidat libre ». Ça ne s'était ps si bien passé que ça dans son enfance. Elle était belle. Je la prenais pour une Gitane. Bien sûr elle ressemblait un peu à une Gitane, mais elle n'était pas plus Gitane que moi. En tout cas, elle était vraiment belle dans le hall des pas perdus. C'était curieux de la croiser si souvent. J'y voyais comme un signe. Elle devait jouer un rôle dans ma vie. Du coup, la Gitane dans le hall des départs, il m'arrive encore de la revoir quand je ferme les yeux, que je rêvasse à tout cela.
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. « Ma mère disait la boule au ventre en parlant de ses entretiens d’embauche ; de crises de panique sur le trottoir, dans une rue, en attendant les résultats d’examens de labo. Elle disait aussi souvent : La peur n’évite pas le danger. Elle aimait bien les phrases toutes faites, ma maman. Je devais sortir du car parmi les derniers. » Page 46
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Dans le car ce gosse avait la peur au ventre d'avoir oublié ses affaires ou que sa mère ait reçu un courrier de l'école pendant son absence. Il y a des nouvelles le concernant mais pas seulement.Ce sont des rendez-vous pour un emploi (sa mère), parfois elle en parle, et souvent elle n'en parle pas mais son regard en est hanté. Elle essuie des échecs, à quel vil prix ils voudraient l'embaucher ; mais elle ne marche pas dans leurs combines, elle ne les accepte pas. Du travail sous-payé de secrétaire, elle en trouverait deux par semaine, à cette époque, si elle acceptait de... Suffit de traverser la rue, comme ils disent les grands cons d'aujourd'hui...

p. 45
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J'ai passé mon enfance à rêver de voyages. il fallait tout prévoir. Quand il s'agissait de fuguer, j'avais besoin d'une base arrière. Tous mes voyages passaient par la gare Saint Lazare. Je me prendrais une consigne grand format. J'entasserais des slips et des chaussettes de rechange dans la consigne et si j'avais assez d'argent pour une grande boite,je mettrais aussi des livres de poche pour avoir de quoi lire en cavale.
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Videos de Dominique Fabre (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Fabre
Avec des décennies de recul, un homme revient sur les traces de son enfance et de son adolescence, dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, les rues populeuses alentour, les cafés où les banlieusards boivent debout au comptoir avant d'attraper leur train.
Dans "Gare Saint-Lazare" (Fayard), Dominique Fabre contemple de son regard d'enfant meurtri les milles vies qu'accueille la gare. Et nous partage son espoir d'une réconciliation avec sa mère.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/lire-et-ecrire-avec-dominique-fabre
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