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Citations sur Le Buveur (28)

J’ai pourtant été, autrefois, quelqu’un de plutôt énergique et entreprenant. J’ai certes toujours été un peu faible, mais j’ai toujours très bien su le dissimuler, à tel point que même Madga ne s’en est jamais rendu compte jusqu’à aujourd’hui. D’où vient donc cette mollesse qui s’est emparée progressivement de moi depuis un an, qui paralyse mes membres et mon cerveau, qui fait de moi, alors que j’ai toujours été convenable, un homme qui trompe sa femme, qui lorgne sur la poitrine de la bonne avec une lubricité satisfaite ! Cela ne peut pas être l’alcool, car je ne bois que depuis aujourd’hui, et cette mollesse dure depuis si longtemps déjà. De quoi s’agit-il alors ?
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La journée de printemps m’accueillit avec un soleil chaud et un vent doux et fin comme de la soie, mais c’est métamorphosé que je retournai vers elle. De la chaleur de mon ventre était montée une clarté jusque dans ma tête, et mon cœur battait, fort et libre. Maintenant je voyais le vert émeraude des jeunes pousses, maintenant j’entendais les trilles des alouettes dans le grand bleu. Mes soucis m’étaient sortis de la tête. Tout va bien se régler un jour, me dis-je gaiement, et je pris le chemin du retour. Pourquoi se torturer maintenant ? Avant d’arriver en ville, je m’arrêtai dans deux autres cafés et je bus dans chacun d’eux encore un petit godet, pour renouveler et renforcer leur effet vite envolé. Avec un sentiment de légère hébétude, mais pas du tout désagréable, j’arrivai à la maison juste à temps pour déjeuner.
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Au-delà de ça, je demandais aussi que le juge du divorce prononçât aux deux adultérins l'interdiction de se marier ensemble pour toujours.
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Elle commença à me parler des petites annonces et des journaux dans lesquels on pourrait insérer des avis pour vendre notre miel. Mais j’avais quant à moi à peine la force de l’écouter. Je n’étais pas vraiment fatigué, mais j’étais fatigué de toutes ces choses, de cet affairement incessant et infatigable – tout ça pour rien du tout. Car qu’est-ce que c’est après tout que vendre du miel par correspondance ? Ce n’est rien du tout, les gens le mangent, et puis c’est déjà fini, comme des bulles de savon, du néant chatoyant, rempli avec un peu d’air et inondé de lumière. La bulle éclate et il ne reste rien, tout ça n’est qu’illusion et magie noire ! Ah mais va-t’en donc ! Vas-tu t’arrêter de parler, ne cause donc pas tant que ça ! Laisse-moi en paix ! Pourquoi tu te fatigues ? […] Oui, si maintenant j’avais un schnaps, alors je pourrais à nouveau t’écouter avec attention. […] C’est parce que tu t’es installée dans ma vie que je ne peux pas faire ce qui me plaît dans la mienne. Non, non, bien sûr, c’est pas ce que je voulais dire, je l’aime bien quand même, la Magda, mais ce serait drôlement chic de sa part si elle pouvait pour un temps mettre les voiles et sortir complètement de ma vie – Oh la vache, quel ennui, quelle perpétuelle jacasseuse !
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Je m’enfonce encore plus sur ma chaise, je ferme les yeux – si seulement j’avais encore quelque chose à boire, je serais parfaitement heureux. Il manque toujours quelque chose au bonheur de l’homme, nous ne sommes jamais vraiment satisfaits.
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Je dois dire ici qu'au moins pendant les premiers temps, et avec les détenus à peu près sociables, je m'en suis strictement tenu au vouvoiement.
Tout en moi refusait de sombrer dans la marmite répugnante du nivellement.
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Je portai le verre à mes lèvres et je bus posément, gorgée après gorgée, sans le reposer une seule fois, jusqu'au bout. La bière était fraîche, pétillante et légèrement amère, et en passant par ma bouche, elle semblait y avoir laissé quelque chose d'une clarté et d'une légèreté qui ne s'y trouvait pas auparavant. donnez-moi la même chose, voulais-je dire, mais je changeai d'avis. J'avais vu, posé devant le jeune homme, un verre bas et trapu, de couleur claire, qu'on appelle un "godet" chez nous, et dans lequel on sert généralement de l'alcool de grain. "Je voudrais bien aussi un godet comme celui-ci", dis-je soudainement. Comment l'idée m'est venue, à moi qui de toute ma vie n'avais jamais bu un seul schnaps, qui avais toujours eu un profond dégoût pour l'odeur du schnaps, je suis incapable de le dire. Pendant ces quelques jours, toutes les habitudes de ma vie changèrent, je fus soumis à de mystérieuses influences, et j'ai manqué de force pour y résister.
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Je n'ai pas encore mentionné le fait qu'il y a au rez-de-chaussée de l'annexe du bâtiment toujours cinq ou même sept tuberculeux, d'anciens compagnons de souffrance qui vivent isolés de nous autres. Ils bénéficient d'une nourriture un peu meilleure et un peu plus abondante et ils n'ont plus besoin de travailler jusqu'à leur mort. Ces malades ont des petites bouteilles dans lesquelles ils crachent leurs expectorations, et leur isolement n'est pas assez strict pour que je ne puisse pas, moi qui peux me déplacer assez librement dans le bâtiment, récupérer de temps en temps une de leurs bouteilles. Et alors je la bois tout simplement, j'ai déjà bu trois bouteilles de ce genre, et je vais en boire plus encore. Non, je ne veux pas devenir vieux comme les pierres dans cette maison des morts, et crever à petit feu, je veux mourir d'une mort comme celle que tous ceux qui sont dehors peuvent avoir : choisir librement. Je suis certain d'être déjà tuberculeux aujourd'hui. J'ai constamment des pointes dans la poitrine et je tousse beaucoup. Mais je ne vais pas consulter le médecin, je dissimule ma maladie ; je veux d'abord être assez malade pour ne plus pouvoir être sauvé.
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Je dois dire ici qu'au moins pendant les premiers temps, et avec les détenus à peu près sociables, je m'en suis strictement tenu au vouvoiement. Tout en moi refusait de sombrer dans la marmite répugnante du nivellement. J'étais différent des autres malades,ma santé était parfaite, et j'avais tous les espoirs de retourner bientôt à la liberté - ce petit mot, "vous", était le dernier témoin de ma vie bougeoise à laquelle je voulais tant retourner. J'ai aussi observé que mes compagnons d'internement, même les plus obtus, réagissaient bien à ce vouvoiement. Cela leur rappelait le temps où ils étaient encore quelqu'un, des êtres humains à part entière, quand personne encore ne suivait le moindre de leurs pas, ne leur donnait la bécquée et ne les envoyait au lit t^t le soir comme des petits enfants.
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j'suis un honnête homme, dit l'incorrigible braqueur de coffres-forts.
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