À la fin du recueil de nouvelles du bonheur d'être morphinomane, la traductrice écrit que l'auteur Hans Fallada « se place à hauteur d'hommes et raconte la petite histoire, nous emmenant dans le quotidien de M. et Mme Tout-le-monde, dans leur famille, à leur table, et jusque dans leur lit. Et leurs histoires ne manquent ni de piquant, ni de beauté, ni d'imagination. » (p. 338). Ces mots sont tellement exacts. Pas de grands drames, ici, non. Encore moins des épopées. Que la vie, tout simplement. Et celle de personnes parmi les moins représentées dans la littérature, même au cinéma de nos jours : les gens ordinaires Des types dépendants de drogues, des gamins, des vieux, des gens mariés qui tentent de trouver un équilibre dans leur vie de couples, des gens à la campagne, mêmes des voyous et des voleurs. Pas ceux qui préparent l'arnaque du siècle – et qui la réussissent –, finissant leurs jours à se dorer au soleil sous les tropiques. Plutôt ceux qui finissent en prison. Il pourrait s'agir de nos voisins. Après tout, que sait-on d'eux, une fois la porte refermée? À travers ces nombreux personnages, on découvre des destins qui pourraient sembler anodins, mais auxquels on trouve un petit quelque chose qui parvient à les rendre uniques. Parfois tristounets, souvent comiques. Dans tous les cas, Fallada réussit à les rendre crédibles. Il faut dire que, pour beaucoup d'entre eux, il peut puiser dans son expérience personnelle assez mouvementée. Pour reprendre sa traductrice, « il a vécu les misères et les enchantements de la vie à la même hauteur que celles de ses personnages ». Décidément, un auteur à découvrir et à lire.
Hans Fallada est le pseudonyme de l'écrivain allemand Rudolf Ditzen (1893-1947). Rudolf Ditzen naît dans une famille aisée mais a des relations conflictuelles avec elle. En 1911 suite à une sombre affaire de suicide d'un de ses amis, maquillé en duel dans lequel il est gravement blessé, Fallada est inculpé de meurtre et interné dans une clinique psychiatrique à Iéna pour une courte durée. Il abandonne ses études secondaires sans diplôme et fait un apprentissage agricole. de 1913 à 1928, il occupe des emplois divers dans ce secteur, sans être requis plus de quelques jours pendant la Première Guerre mondiale. de 1917 à 1919, il suit plusieurs cures de désintoxication (alcool et morphine) et par la suite il est à plusieurs reprises mis en prison. En 1929, il se marie et aura trois enfants, époque à partir de laquelle il travaille dans les secteurs de l'édition et du journalisme, jusqu'à ce qu'il puisse vivre de ses droits d'auteur. Hospitalisé en raison de ses problèmes d'addiction, Hans Fallada meurt d'un arrêt cardiaque le 5 février 1947.
Du bonheur d'être morphinomane, recueil de nouvelles, vient d'être réédité en collection de poche. Des textes regroupés en six grands thèmes : Les addictions, Les garnements, A la campagne, Vie de couple, Avec le petit homme, Voyous truands et autres voleurs. le titre de l'ouvrage est à prendre comme un euphémisme, bien entendu, mais il traduit bien l'état d'esprit de l'écrivain, ironique et autocritique, car Fallada sait de quoi il parle, lui-même drogué et alcoolique, « Cela fait sept ans que je suis enchaîné à l'addiction, un jour à la morphine, un autre à la cocaïne, une fois à l'éther, une autre à l'alcool. »
Six thèmes, donc les addictions ne sont qu'une partie de ce recueil. L'ensemble par contre, ce sont beaucoup de faits tirés de sa propre vie faite de plus de bas que de hauts, l'écrivain n'hésitant pas parfois à se nommer dans ses écrits. Et quand il ne s'agit pas de Hans Fallada, les autres personnages sont tout aussi pittoresques, issus du petit peuple, rarement exemplaires mais toujours attachants néanmoins : un alcoolique cherche à se faire emprisonner pour arriver enfin à se désintoxiquer, une paysanne au mari jaloux perd son alliance pendant la récolte des pommes de terre, un cambrioleur rêve de retourner en prison où la vie est finalement si tranquille, un mendiant vend sa salive porte-bonheur...
Jamais l'écrivain ne cherche à se disculper ou cacher ses faiblesses (ou celles de ses personnages), jamais il ne cherche à vous tirer une larme de compassion, il dit ce qui est, clairement et lucidement, d'une écriture d'une grande limpidité et non sans humour ; des textes riches en informations sur la situation sociale de son époque et d'un point de vue scénaristique, ses nouvelles sont particulièrement bien torchées.
Si vous ne connaissez pas Hans Fallada, peut-être est-ce le bouquin qu'il vous faut pour l'aborder en douceur car tôt ou tard, il vous faudra lire cet écrivain.
Un recueil de nouvelles, dont seule la première correspond au titre du livre. Elles sont de l'époque de l'auteur, mort en 1947, et mettent en scène la vie quotidienne populaire de ce temps. Certaines, croquant des traits de caractère bien observés, n'ont malgré tout pas trop vieilli. D'autres, notamment les histoires de voyous, truands et autres voleurs, sont plus désuètes. A part ces dernières, j'ai lu le livre avec plaisir, en souriant aux situations fort bien dépeintes par l'auteur.
Je connaissais de Fallada son chef-d'oeuvre et dernier roman, Seul dans Berlin ; je sais aussi que mes nouvelles préférées sont réalistes et à caractère populaire (cf. Raymond Carver) ; j'ai une curiosité certaine et durable pour l'Allemagne pré-nazie et nazie, dont l'historiographie actuelle est en train de nous dévoiler des aspects insoupçonnés et, à mon sens, bien plus inquiétants que les lectures totalitaristes...
Et malgré la convergence de ces raisons, me voici ravi de cette lecture au-delà de mes espérances.
Laurence Courtois (dont la qualité de traduction est impeccable), a ici sélectionné 21 nouvelles tirées de deux ouvrages sans doute inédits en France. Elles les a classées par thèmes :
- Les addictions (2 nouvelles dont la première est l'éponyme)
- Les garnements (2 n.)
- A la campagne (3 n.)
- Vie de couple (3 n.)
- Avec le petit homme (6 n.)
- Voyous, truands et autres voleurs (5 n.).
Dans sa postface, tout en soulignant la variété stylistique de l'auteur, sa capacité à rendre différents parlers populaires et régionaux (un mérite qui lui revient aussi), et surtout son talent à se placer à la hauteur de petites gens qui constituent ses personnages, elle retrace une esquisse de biographie de Fallada selon laquelle la plupart des nouvelles s'avèrent être autobiographiques ou tirées d'expériences vécues in situ (en particulier en prison et dans le milieu rural). Si toute référence politique est absente de même que la guerre (ce qui laisse penser que toutes les nouvelles l'ont précédée), la cadre économique de la crise et en particulier le chômage sont dépeints avec une vivacité et une actualité à couper le souffle. Les six nouvelles regroupées sous la partie "Avec le petit homme" en témoignent entièrement. A noter que ce titre fait référence au tout premier roman de Fallada, Quoi de neuf, petit homme ?, vaste narration de la vie d'un couple ravagé par la précarité de l'emploi, l'humiliation, le manque d'argent, lequel, lorsqu'il parut en 1932, fut un immense succès.
Pour leur excellence technique et peut-être aussi selon mes propres goûts, je retiendrai en particulier deux nouvelles : "L'alliance" et "Cinquante marks et puis joyeuses fêtes de Noël".
Folio nous propose de découvrir un recueil de nouvelles précédemment paru aux Éditions de Noël qui cherche à faire connaître un auteur allemand dans notre pays. Il s'agit d'Hans Fallada qui est né en 1893 et est mort en 1947, ce sont donc des écrits posthumes qui regroupent des nouvelles précédemment éditées dans 2 autres livres. On y aborde plusieurs thématiques avec les addictions, les garnements, la campagne, la vie de couple, les petits hommes et les voyeurs.
Dans ce recueil, les nouvelles se lisent dans l'ordre où au gré de ces envies, à chacun de choisir, il n'y a pas d'ordre, mais décrit toutes des situations extrêmes. j'ai été emmené par la catégorie addiction que j'ai beaucoup aimée, qui offre 2 textes très touchant et écrit de manière à ce que les lecteurs vivent la dépendance du personnage, on ressent presque le manque des personnages, on découvre d'abord l'effet de manque d'un toxicomane puis le déni d'un alcoolique, mais pour ce qui est des autres textes, j'ai eu plus de mal à y entrer, je trouvais ces histoires parfois inintéressantes, je n'arrivais simplement pas à entrer dedans, peut-être parce que je m'attendais à autre chose, je ne sais pas vraiment. Je salue toutefois la plume de l'auteur qui est très agréable à lire quand le contexte nous intéresse.
Si vous me suivez un peu, vous saurez que je ne suis pas particulièrement attiré par les nouvelles de manière générale mais ce thème de suivre les "problèmes" humains de ces personnages me tentais beaucoup, ça me parlait vraiment. Malheureusement à part les 2 premiers textes qui correspondait le plus au titre et à mes attentes, les autres histoires ne m'ont pas intéressé plus que ça. Je trouve que le titre de ce livre est assez mal choisi car il porte à confusion sur la lecture.
Les choses sont comme ça : avant, quand Möcke avait encore du travail, il ouvrait souvent aux mendiants, et quand ceux-ci lui débitaient leur litanie sur le mode chômeur, Herr Möcke disait brièvement : « Désolé, je suis moi-même chômeur. » Lorsqu’il devint vraiment chômeur, il passa quelques nuits sans dormir, à ruminer : je n’aurais jamais dû dire ça. C’est moi qui ai provoqué le chômage. Ce salaud de Wrede n’est pas le seul responsable, j’ai provoqué tout ça à cause de mes bêtises. Depuis les Möcke n’ouvrent plus du tout aux mendiants. Ils regardent d’abord par le judas pour savoir qui sonne à leur porte.
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