La misère, la peur de ne pas y arriver, d'être licencié, on courbe la tête devant les petits chefs, devant les propriétaires, devant les clients, on loue un logement minable, on se bat pour le moindre mark…
La misère, on est en plein dedans : les années 30, en Allemagne, ne font pas de quartier pour les petites gens. Et pourtant, « le Môme » et « Bichette » vont se connaitre et vivre une histoire d'amour qui dure. Et quand « le Mouflet » naitra, leur amour se renforce encore. Heureusement, parce que leur vie, qui n'était déjà pas folichonne, devient de plus en plus dure.
Hans Fallada, l'auteur d'un des chefs-d'oeuvre de la littérature allemande d'avant-guerre, nous dépeint avec une fausse candeur l'horrible condition des petites gens, celle qui fera par là-même le terreau du nazisme. Nous sommes au plus près de leur vie, de leurs pensées, de leurs sentiments.
La lecture de ce roman m'a fait penser à « Candide », d'autant plus que les titres des chapitres sont présentés de la même façon, des sortes de mini-résumés.
J'ai beaucoup aimé ce roman attachant qui met le doigt sur la condition des Allemands de cette époque.
"Quoi de neuf, petit homme? " conte la vie quotidienne de deux Berlinois, dans les années 30. Emma Mörschel, dite "Bichette", vingt - deux ans, fille d'ouvriers,lumineuse, droite, courageuse, tombe amoureuse de Johannes Pinneberg, dit le "Môme ", comptable de son état, âgé de vingt -trois ans.
Il s'aiment d'un amour infini, attendent un enfant, se marient tout de suite.
Commence alors un douloureux apprentissage, celui de la vie de famille dans une société Allemande à la dérive où les dirigeants économiques commettent des erreurs et humilient les plus pauvres, les plus durs au mal être et les plus courageux.....Où le chômage, la précarité , l'angoisse de subsister obligent le Môme et Bichette à compter chaque Mark, oú il n'y a pas de loisir , ni de superflu....
Lui, comptable rapidement licencié, devient vendeur de vêtements,confronté à la jalousie entre collégues, à la loi inexorable du chiffre , oú les vendeurs sont surveillés, guettés, poussés à bout sera à nouveau mis dehors.....humilié....précarisé.....
Elle, solide,travailleuse, optimiste malgré tout conservera sa fraîcheur , comptable de chaque Mark, devra faire des heures et des heures de raccommodage pour faire " survivre" son amoureux et leur enfant: "Le Mouflet".
Lui, pessimiste, peu sûr de lui, influençable,sera obligé de déménager en prenant des logements toujours plus petits et inconfortables, miteux jusqu'à un Cabanon à toit goudronné .....
C'est une vie difficile faite de renoncements successifs et de désespoir où les bagarres, le flicage, les disputes entre communistes et nazis annonce la montée inexorable du fléau Nazi....
La précarité , le manque d'argent, les humiliations , n'entraveront en rien la force incroyable de l'amour de ces deux là !
Sans relâche, ils lutteront contre cette vague d'injustices et de désolation qui les entraîne vers le fond petit à petit !
A la fois trame et satire sociale sur fond historique,minutieusement décrite , personnages finement analysés , grand roman d'amour," Quoi de neuf, petit homme " ?m'a fait penser au trés bel ouvrage du même auteur : Seul dans Berlin".
Une belle leçon de vie , un trés beau livre lié à ces deux amoureux courageux que l'on n'oubliera pas de sitôt !
Quitte à choquer car le sujet de ce livre est grave, sérieux (serious au sens anglais), sa lecture a été reposante, revivifiante, et enrichissante.
Je ferai juste d'entrée une remarque sur l'édition en Folio (comme indiqué ci-dessus, j'ai regretté une relecture négligente par l'éditeur qui a laissé quelques coquilles.
Puis, je parlerai de la structure, ou de la construction de ce roman-bijou, comme une pierre précieuse, car il s'apparente à une aigue-marine, ou une émeraude, ou une topaze. Un peu dépassé de mode, peut-être, mais tellement fin.
Donc le roman est découpé en tableaux (chapitres), 51, sauf erreur, pour un total d'environ 460 pages, et chaque tableau est intitulé de manière à présenter, à presque résumer ce qui va suivre mais sans détruire l'envie de prolonger l'aventure, sans détruire un effet de surprise... j'ai trouvé le procédé très cinématographique, me rappelant les films muets et ces tableaux écrits qui annoncent ce qui va suivre sans toutefois casser le suspense. Et bien sûr, ce roman qui nous plonge dans l'Allemagne, Berlin, du tout début des années trente, n'est pas loin de ce cinéma muet qui a fait aussi la gloire de l'Allemagne de Weimar.
Car, ensuite, ce roman nous emmène dans l'Allemagne de Weimar. Cette jeune République, pratiquement morte avant d'avoir vécue, détruite, anéantie en 1933. le contexte historique précis est signalé par l'auteur de manière très très légère. de temps en temps, à deux ou trois reprises, il évoque le conflit entre communistes et nazis, dans cette Allemagne, il évoque aussi l'antisémitisme, je dirais même un certain marquage, mais cela reste fugace et secondaire, voire même moins que secondaire.
Ce qui est revivifiant, je dois justifier mes qualificatifs d'introduction, est le coeur de ce roman magnifique.
La vie d'un jeune couple plongé dans un quotidien médiocre, difficile, pauvre mais pas tant que ca (par moments), continuellement en proie à la précarité, le spectre du chômage, le comptage des sous qui restent ou pas. Si ce couple a vécu il y a près d'un siècle, et que ce roman a été écrit il y a..., son auteur est mort en 1947..., il y a là une actualité, une contemporanéité, une modernité saisissantes.
Nous suivons la vie au quotidien de ce petit couple, banal, médiocre (ôtons le péjoratif de ce terme et laissons lui le sens "moyen"), amoureux, mais un peu benêt quand même, courageux certes, mais peu réfléchi. Il est sympathique et l'écriture de Hans Fallada épouse parfaitement l'empathie que le lecteur ressent.
Mais cela est détail car Hans Fallada veut montrer son Allemagne de Weimar entre la déflagration de la crise économique de 1929-30 et l'arrivée du monstre nazi en 1933. Et son oeuvre est alors d'une finesse, d'une intelligence qui la rendent universelle.
En effet, Hans, le Môme, est employé dans un magasin de vente Mandel, au rayon de vêtements (genre les Galeries Lafayettes...). Et d'un coup surgit, un gars grassement payé qui va rationaliser tout cela. Et qui met les vendeurs en concurrence et au pourcentage.
Cela nous rappelle forcément quelque chose. Aujourd'hui encore, les hôpitaux par exemple. Il faut faire du chiffre. Les managers décrits dans ce livre sont les répliques exactes des managers d'aujourd'hui, maniant le froid et le chaud pour mieux tenir leurs employés. Ce ne sont pas des monstres, ils veulent juste faire tourner l'entreprise, pour son bien. Car le bien de l'entreprise, c'est le bien de ses salariés.
Ces pages sont en miroir criantes de vérité, de cruauté, et de découragement : quoi ? depuis ? toujours pareil ?
Pourquoi ce livre m'est apparu précieux et dynamisant ?
D'abord pour son auteur, Hans Fallada, qui a été une montagne de souffrances et de douleurs, mais qui écrivait tellement simplement, tellement précisément, tellement nettement, tellement gentiment.
Pour ses héros, qui quoique médiocres, ont l'empathie et la sympathie de leur auteur, et celui-ci, par sa plume légère et fine, et claire, sait nous faire partager ses sentiments.
Parce que cette histoire est devenue quasiment intemporelle (les gilets jaunes), sauf qu'alors manifester n'existait pas vraiment. D'ailleurs, il l'écrit, si tu veux te rebeller, tu votes communiste ou nazi. Les choses sont celles-ci.
J'ai aimé ce livre car il dépasse son cadre spatial (l'Allemagne, Berlin) et temporel.
D'où mes trois qualificatifs d'entrée : reposante (car l'écriture est limpide et la construction rigolote), revivifiante car elle donne du courage et du dynamisme (on arrête de pleurnicher et de se plaindre, ce que ne font pas les héros et pourtant) et enrichissante car grâce à Hans Fallada, ou Thomas Bernhadt, ou Imre Kertesz, Thomas Mann, Heinrich Mann, que de belles lectures encore à vivre.
Après une petite phase d'étonnement voire de déception en découvrant le style d'écriture assez théâtrale qui se moquerait presque de ses personnages principaux « Bichette » et « Môme », j'ai été littéralement happée par leur histoire et le style a pris son sens. Dans l'Allemagne des années 30, Bichette et Môme, jeunes adultes, se marient quand ils découvrent que Bichette est enceinte. Non aidés par leur famille, ils doivent s'en sortir dans une Allemagne qui licencie à tout va et où les prix n'ont jamais été aussi élevés. Unis par la force de leur amour, ils tentent de s'en sortir au jour le jour.
Hans Fallada signe ici à mon avis un grand livre en nous offrant l'histoire de Bichette et de Môme, il en ressort une satire sociale sur l'univers impitoyable du capitalisme. A l'image de « Les raisins de la colère » de Steinbeck les rapprochements et les comparaisons avec les crises économiques que nous connaissons sont perceptibles et rend cette histoire universelle malgré un contexte historique particulier : l'Allemagne de Weimar et la crise économique des années 30 avec en filigrane la montée du nazisme.
Je suis presque étonnée que ce livre ait été lu que par une poignée de lecteurs sur Babelio. Un livre à découvrir.
À première vue ce roman iconique se présente comme un livre pour enfants. de petits chapitres introduits avec une brève explication sur ce qui va se produire dans ce chapitre. Mais il s'avère rapidement qu'on est bien dans un monde d'adultes, de surcroît à la veille d'un des pires moments de l'histoire européenne. Banlieue berlinoise, début des années 1930, il y a du Hitler dans l'air. Dans ce contexte très historique un jeune couple se voit confronté à quelque chose de plutôt universel chez les jeunes couples. La jeune fille se trouve enceinte sans trop l'avoir voulu, et le médecin qui lui annonce son état ne veut pas du tout y remédier. D'où mariage obligatoire et quelque centaines de pages de système d'pour trouver un logement, trouver du travail, accoucher de l'enfant et surtout résister aux tentatives humiliation des gens plus riches et plus puissants que nos deux tourtereaux. Ça aurait pu donner une histoire banale, mais Hans Fallada arrive à en faire quelque chose de super.
D'abord il arrive à nous faire éprouver une énorme sympathie pour le couple. Surtout pour Emma, la jeune maman issue d'un milieu ouvrier. En allemand son surnom est 'agnelette', et on craint bien la voir sacrifiée comme l'agneau pascal quand elle se trouve confrontée à une vie dure, pour laquelle elle n'est pas du tout préparée. Mais elle garde la tête haute et l'esprit optimiste. Pour son mari Johannes, qu'Emma n'appelle que 'môme', on aura peut-être plus d'empathie que de sympathie. Johannes est moins franc qu'Emma, étant pris entre famille et employeurs. C'est joliment symbolisé par son alliance bon marché qu'il cache à certains moments, ou justement montre ostensiblement quand il pense tirer profit d'un statut de célibataire ou d'homme marié vis à vis d'un employeur potentiel. Là où Emma rêve de jours meilleurs, Johannes prend conscience d'un quotidien mal parti. À la fin du livre il se lance dans une analyse pertinente de son époque, qui n'est finalement pas si différente de la nôtre: les riches et puissants s'amusent avec les petites gens avant de s'en débarrasser.
Autre atout de Fallada: une forme de tendresse ironique qu'il utilise pour décrire les autres personnages du roman. Par exemple un des premiers patron de Johannes, Kleinholz, qui essaie d'échapper au contrôle de son épouse pour aller danser et boire la nuit. Ou un collègue nazi qui se fait régulièrement tabasser par des groupes communistes quand il participe aux meetings des chemises brunes. Fallada touche à l'aspect humain trop humain du système, ce n'est pas beau à voir, mais ça rend presque compréhensibles certains comportements.
Pour moi le point le plus fort de Quoi de neuf, petit homme c'est le sentiment de recul avec lequel Fallada relate son histoire. À plusieurs moments j'ai eu dû mal à réaliser qu'il a écrit les événements quasiment au moment où ils sont censés se produire. Il était en quelque sorte en plein dedans, sans savoir ce qui allait suivre. Mais dans beaucoup de phrases on sent déjà le danger qui menace, comme un nuage sombre qui petit à petit va enlever la lumière de la scène.
Fallada a écrit d'autres romans, dont l'aussi iconique Seul à Berlin. Je ne vais probablement pas attendre encore vingt ans pour le lire.
p.297 "Un accouchement, ce n'est rien pour une femme en bonne santé, c'est très bon pour elle, c'est tout. J'ai dit à ma femme bien sûr que je peux te payer une aide, mais ça ne fera que te ramollir. Tu te remettras d'autant plus vite que tu auras des choses à faire.
Je ne sais pas, tout de même..., dit l'autre, hésitant.
Mais si, bien sûr, bien sûr, bien sûr prétend l'homme aux lunettes. J'ai entendu dire qu'à la campagne, elles ont des enfants et dès le lendemain elles sont de retour dans les champs pour la récolte du blé. Tout le reste n'est qu'amollissement. Je suis très contre ces maternité. ça fait neuf jours que ma femme est ici, et le médecin ne voulait toujours pas la laisser partir. Je vous prie, Herr Doktor, je lui ai dit, c'est ma femme, c'est à moi de décider de ce qui la concerne. Que croyez-vous que mes ancêtres les germains faisaient avec leurs femmes ! Ah ben, il est devenu tout rouge, ses ancêtres à lui n'étaient pas des Germains dans tous les cas."
"Comment pourrait- on rire, rire de tout cœur, dans un monde comme celui- ci, avec des dirigeants économiques qui se sont renfloués, qui ont commis mille et une erreurs, et des petites gens humiliéés et piétinées qui ont toujours fait de leur mieux?"
p.165 "Elle a quelques concepts simples ; que la plupart des gens sont mauvais seulement parce qu'on les a rendus mauvais, qu'on ne doit pas juger personne parce qu'on ne sait pas ce qu'on ferait soi-même, que les grands pensent toujours que les petits ne s'en rendront pas compte - ce genre de choses qu'elle a en elle, elle ne les a pas inventées, elle les a en elle. Elle a de la sympathie pour les communistes."
La vague monte et monte encore. C est la plage nocturne entre Lehnsan et Wiek, une fois déjà, les étoiles furent si près Cest le bonheur ancien, c'est l'amour ancien. Encore plus haut, toujours plus haut, de la terre maculée jusqu'aux étoiles. Et puis ils entrent tous les deux dans la maison où le Mouflet dort.
Pinneberg aurait bien aimé, dans le désespoir de sa situation actuelle, toujours s'en sortir sans embrouilles, mais on ne pouvait pas toujours les éviter. Maintenant en hiver, il y avait encore, dans cette colonie de trois mille parcelles, cinquante personnes tout au plus, tous ceux qui avaient pu trouver de l'argent pour une chambre, ou qui avaient des parents chez qui se réfugier, avaient fui le froid, la boue et la solitude en ville.
Ceux qui étaient restés toutefois, les plus pauvres, les plus durs, et les plus courageux,, se sentaient d'une certaine manière du m^me bord, et le pire c'est qu'ils n'étaient malgré tout justement pas u même bord : ils étaient soit communistes, soit nazis, et il y avait donc sans discontinuer des disputes et des bagarres.
Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?