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Citations sur Grosse faim (13)

"Bonsoir, Crotte de Chien. " Ou alors : "regarde un peu ce qui est sorti du ventre d'une femme." Fred Bestoli était un Italien mélancolique et taciturne, mais ma grand-mère réussissait invariablement à réveiller chez lui l'esprit belliqueux. Il lui répondait : « Embrasse-moi le cul, vieille pie. "
D'ailleurs, papa l'encourageait : " T'as raison, Federico. Dis à cette vieille catin de s'occuper de ses oignons. "
Folle de rage, mamie se retournait alors contre papa pour lui lancer qu'il aurait mieux valu que de son propre ventre sortît un porc plutôt que lui. Et papa lui rétorquait que, vu qu'elle était sa mère, il s'étonnait de ne pas être né sous la forme d'un porc. Toute la violence et l'obscénité de ces échanges portaient aucunement à conséquence. Ils se parlaient tout bonnement ainsi.
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Et voici oncle Mingo accompagné d'une femme. Mingo, très grand, avait les yeux dorés d'un coq. Il avait des cheveux raides et blonds, ses longues mains étaient des masses souples d'os et de veines bleues. Il ressemblait à mon arrière-grand-père, dont la mère avait été russe. Mingo était le seul membre du clan à ne pas avoir la peau olivâtre, les yeux sombres et un corps râblé. C'était une carotte parmi des patates.
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[...] Je tombe toujours amoureux de femmes qui vivent à dix mille kilomètres de moi. C'est une malédiction. Vraiment très bizarre. C'est parce que j'ai une trouille bleue dès que j'approche trop des femmes. J'arrive plus à parler ni même à respirer correctement. Je bafouille et je me comporte comme un imbécile. C'est une chape de plomb. Elle s'endort tout au fond de ma bouche. Dès que cette femme est partie, ma langue se réveille et dit tout ce qu'elle aurait du dire avant le départ de cette femme.
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Cette perspective était un bijou minuscule qu'elle cajolait en secret. Mais ce bijou était désormais perdu ,égaré dans quelque théière du passé , et Mama en avait oublié jusqu'à l'existence. (p. 252).
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Mama mit la casserole de Cathy sur le gaz et alluma la flamme. La casserole de Cathy n'était absolument pas une casserole, et elle n'appartenait pas à Cathy. C'était un gros fait-tout en fonte que Cathy, la sœur de mama, lui avait offert en cadeau de mariage quarante ans plus tôt, mais durant toutes ces années tout le monde l'avait appelé la casserole de Cathy. La petite maison de mama était remplie d'objets ainsi baptisés. Car les années de sacrifice auxquelles s'était résumée la vie de mama Andrilli lui avaient ôté tout sentiment de possession. En vivant près d'elle, on avait bientôt l'impression fausse que tous les objets et ustensiles avaient été empruntés.
En fait, tout ce qu'il y avait dans la maison lui appartenait - et beaucoup de choses lui avaient été offertes par ses fils, ses frères et ses sœurs. Ces cadeaux étaient de vrais cadeaux, ils lui appartenaient entièrement, mais mama Andrilli avait perdu le sens de la propriété depuis belle lurette. Pour cette raison, le bungalow de trois pièces contenait la radio de Nick, les draps de Stella, les serviettes de Mike, la lampe de Ralph, la cafetière de Rosie, la robe de Tony, les chaussures de Bettina, le peignoir de Vito. Il y avait aussi la valise de Mike, la nappe de Nettie, les plats de Joe et les tapis d'Angelo. Une omission notable était tout ce qui appartenait à papa, hormis bien sûr le petit déjeuner de papa, le linge de papa, le ragoût de papa. Mais ce n'étaient pas des possessions concrètes. C'étaient des choses que mama devait faire.
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Sa conviction inébranlable que cette chance allait lui sourire a retardé sa désertion et l'a empêché de se tirer une balle dans la tête. (p. 44)
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Mike Schwartz a fait mine de quitter le bureau. Il a tourné le dos à Jenny et s'est dirigé vers la porte. Je vous répète exactement les paroles de Jenny. Je suis un écrivain : je vois tout ça très clairement. À la porte, il a pivoté sur ses talons et il avait les larmes aux yeux. Les larmes aux yeux ! Vous imaginez ? un homme fort et silencieux, un vrai géant, avec les larmes aux yeux... Je désire rester fidèle à la vérité et pour moi un homme de quarante ans qui a les larmes aux yeux est un parfait crétin. (...)
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[...] Les poivrons étaient maintenant coupés, prêts pour la friture. Mama mit la casserole de Cathy sur le gaz et alluma la flamme. La casserole de Cathy n'était absolument pas une casserole, et elle n'appartenait pas à Cathy. C'était un gros fait-tout en fonte que Cathy, la soeur de Mama, lui avait offert en cadeau de mariage quanrante ans plus tôt, mais durant toutes ces années tout le monde l'avait appelé la casserole de Cathy. La petite maison de Mama était remplie d'objets ainsi baptisés. Car les années de sacrifice auxquelles s'était résumée la vie de Mama Andrilli lui avaient ôté tout sentiment de possession. En vivant auprès d'elle, on avait bientôt l'impression fausse que tous les objets et ustensiles avaient été empruntés.
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Et pourtant, malgré tout, je regrette ma Plymouth. J'aimerais l'avoir à moi rien qu'une heure. Je sais comment m'y prendre. Un soir, j'emmènerais Jenny faire un tour en voiture. Aussi hautain qu'il est possible, je resterais assis près d'elle, les mains posées sur le volant, muet, parfaitement silencieux. Je laisserais la Plymouth faire toute la conversation. Nous roulerions vers Santa Monica avant de garer la voiture sur une colline où la mer rencontre les étoiles. D'un geste désinvolte, j'actionnerais un interrupteur sur le tableau de bord et dans le ventre de la machine la radio réagirait, émettant les coassements de grenouille de Bing Crosby,. Je resterais fort et silencieux, parfaitement immobile. Inutile de dire à Jenny que sa coiffure me donnait le vertige, que le regard de ses yeux gris suffisait à me faire oublier, l'espace d'un long instant, la prose, les intrigues et toutes ces choses assommantes. Tout serait l'œuvre de la machine ; mais pendant un petit moment, pendant une heure seulement, cela suffirait. La Plymouth et Bing Crosby bouleverseraient Jenny jusqu'au tréfonds de son âme et durant un bref instant tout serait parfait.
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je vais vous dire la vérité sur ma première conversation avec Jenny. Elle a eu lieu le soir où la proprio nous a présentés l'un à l'autre. J'ai invité Jenny à boire un verre de vin dans ma chambre. En fait, j'ai essayé de la choquer. Appuyée à une commode, elle fumait langoureusement une cigarette pendant que je servais le vin. Je l'ai regardée droit dans les yeux.
"Puis-je vous appeler Jenny ? demandai-je. Ce prénom a une amusante saveur bucolique.
- Pas du tout !" s'écria-t-elle en souriant, parce qu'elle ignorait la signification de "bucolique"
(Je suis un écrivain de la vérité)

Mais écoute-moi, laisse-moi tenter de raconter mon histoire. Je suis tombé amoureux d'une fille nommée Camilla Lopez. Un soir je suis entré dans un café et elle était là, et depuis ce soir-là jusqu'au soir d'aujourd'hui, quand j'écris là-dessus je manque de m'étouffer quand je pense à la beauté de cette fille.
(Prologue à Demande à la poussière)
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