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Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782267015850
383 pages
Christian Bourgois Editeur (04/05/2001)
4.12/5   114 notes
Résumé :
Ouvrir ce recueil de dix-sept nouvelles, c'est écouter la voix d'un des plus humains et touchants écrivains que l'Amérique ait comptés : celle de John Fante.

Grosse Faim, composé de textes retrouvés bien après sa mort en 1983, aurait pu n'être qu'une compilation de feuillets surestimés à l'attention des seuls nostalgiques.

Ce n'est pas le cas. Tout ce qui rend l'auteur si unique tient dans ces pages écrites entre 1932 et 1959. Les souv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai déjà dit et écrit ma passion pour John Fante et la porte d'entrée inoubliable qu'il fut pour moi vers la littérature américaine.

Mais je n'avais jamais lu ce Grosse faim, traduit par L'immense Brice Matthieussent, superbe recueil de nouvelles découvertes après sa mort comme le raconte Stephen Cooper en préface.

Des textes qui mêlent – parfois – des anonymes, et – souvent – l'auteur et son illustre double ritalo-américain : « John Fante et Arturo Bandini, deux hommes en un seul, l'ami des hommes et des bêtes tout pareil ».

Cette quinzaine de nouvelles est un délice, mélangeant les souvenirs d'enfance et des jours difficiles, l'école, les humiliations ou les épiques déjeuners familiaux, avant de dériver vers des portraits d'époques, de guerre ou d'après-guerre, dans l'Amérique des studios ou le Paris des années 50.

Fante continue à forcer le trait de son Bandini : trublion vaniteux, looser de la drague, écrivain maudit, génie incompris, misogyne par timidité. Mais toujours persuadé de son succès à venir : « Je devrais être à la maison à l'heure qu'il est, au lieu d'être assis sur cette chaise à écouter cette chanson. Il faut que j'écrive, que j'écrive, que j'écrive ».

« Je suis un type à l'intelligence monstrueuse (…) Arturo Bandini, une seule nouvelle vendue, le grand écrivain bâtissant ses châteaux en Espagne ». Une étonnante lucidité pour ce mythomane isolé dans sa forme de pensée : « C'est la vérité pure. Que je sois pendu si je mens. Mais c'est pas vraiment la vérité vraie. »

Mais le grand bonheur de ce livre, est le Prologue à Demande à la poussière, condensé magnifique mais non publié du chef d'oeuvre de Fante. Lu et immédiatement relu avec une émotion intense, tant l'impression d'être replongé dans une de mes plus beaux souvenirs de lecture était forte. Et là, on touche au splendide…

Alors si ce que j'écris vous parle, précipitez-vous !
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Un roman dépaysant.
Qui raconte, grâce à différentes nouvelles, la jeunesse d'une famille immigrante italienne aux États-Unis. Des récits très captivants et très touchants.
Ils m'ont pour la plupart fait sourire, avec un petit trait de nostalgie.
Ce fut une pause et un moment de délectation.

J'ai eu la chance de trouver cet ouvrage dans une boite à livre. J'y partage de temps en temps certaines de mes lectures. J'aime l'idée de faire découvrir un chef-d'oeuvre à une âme errante dans ce lieu (une ancienne cabine téléphonique).
J'hésite parfois à prendre des romans, ce sont souvent des restes invendables et en piteux état. Celui-ci était un peu cabossé, mais les écrits étaient lisibles et si « bon » à mon esprit. Merci au randonneur de passage d'avoir abandonné un livre d'une très belle qualité.
Un auteur que je vais m'empresser de découvrir !

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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John Fante a écrit ces 17 nouvelles entre 1932 et 1959. On y retrouve Arturo Bandini le double romanesque de Fante. Il y décrit la vie des Italiens fraichement arrivés en Amérique. On est en la tragédie et la comédie.

En quelques lignes, John Fante plante le décor et le drame qui se joue. On y suit la jeunesse de ce jeune fils d'immigré italiens à travers des textes splendides. Des situations qui font rire et d'autres pleurer, John Fante ne peut laisser insensible quand son ouvrage touche parfois la poésie.

Le bonheur, c'est aussi se laisser entraîner par les mots de John Fante même lorsqu'ils mènent à comparer son enfance à des situations très actuelles.

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Dans sa préface, Stephan Cooper raconte que lorsqu'il cherchait parmi la volumineuse documentation accumulée par Joyce Fante, la veuve de l'écrivain, il est tombé sur un tiroir rempli de nouvelles inédites. « J'eus l'impression de vivre un rêve » affirme Cooper. Pour le biographe de Fante[1], découvrir le bureau de l'écrivain rempli de photos, contrats et de manuscrits, ce devait être un peu comme gagner le gros lot. Ce livre est une compilation de nouvelles découvertes ce jour-là.

Ardoise raconte la relation problématique de la famille Fante avec l'épicier à qui elle doit une petite fortune. Jour après jour, la mère doit baisser la tête et se rendre humblement chez l'épicier pour pouvoir faire manger sa petite famille ; tâche d'autant plus humiliante que l'épicier se montre arrogant. Cette anecdote profondément humaine illustre brillamment le rôle du crédit au sein d'une famille pauvre.

Mary Osaka, je t'aime raconte un amour impossible entre une jeune Japonaise et un Philippin. Cet amour est impossible d'abord en raison du père de la jeune fille, un Japonais aigri qui tient un restaurant de cuisine orientale ; mais aussi en raison de la haine viscérale qu'entretient la communauté philippine envers les Japonais. À travers cet antagonisme se dessine une étonnante leçon sur le racisme. La langue de Fante est particulièrement efficace. Il va jusqu'à écrire au son, comme s'expriment les immigrants qui baragouinent l'anglais, leur langue seconde. le rythme est époustouflant et Fante frise la perfection tant dans la forme que le fond.

Plusieurs nouvelles abordent sa jeunesse et nous font vivre ses conflits intérieurs. le pouvoir d'évocation de Fante est remarquable et on embarque aisément dans cette écriture débordante de vie. Fante est un véritable scénariste de l'émotion. Chaque détail est mis en scène de façon à nous faire ressentir ce qui se passe dans la tête des personnages.

Ses dialogues sont souvent empreints d'un réalisme brutal. Dans le criminel, mamie accueille un Bootlegger qui «déshonore les Italiens» en lui disant : « Bonsoir crotte de chien. » [p. 56] Plusieurs autres tirades du même genre témoignent de l'intransigeance et du tempérament sanguin de cette famille italienne. Dans l'Amérique des années 1930-40, une langue aussi crue a sans doute nui à la notoriété de Fante. Une chose est sûre, quand il s'agit d'évoquer des émotions, peu d'écrivains peuvent se comparer à Fante. Ce livre en est une preuve éclatante.

[1] Stephan Cooper est l'auteur de l'excellente biographie : Plein de vie : une biographie de John Fante.

© Alain Cliche 2014
Lien : https://alaincliche.wordpres..
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Les nouvelles qui constituent ce recueil ont pour fil directeur l'amour, surtout lorsqu'il est contrecarré (le plus souvent au sein même de la famille ou d'une communauté - italienne ou philippine).
Il y est aussi beaucoup question du processus de création, des affres auxquelles est parfois confronté l'écrivain.
Le lecteur décèle dans tout cela, les allusions autobiographiques effectuées par l'auteur (antienne bien connue du lecteur familiarisé avec l'univers "fantien").

C'est savoureux, drôle et grinçant, la plupart du temps, notamment lorsqu'est mise en avant la figure tutélaire de la mère italienne avec tout ce que cela suppose de querelles familiales paroxystiques (un peu à la façon de ce que fera bien plus tard Fellini au cinéma, on pense notamment aux disputes homériques vues dans "Amarcord").

Fante se montre toujours généreux et d'une grande tendresse à l'égard de ses personnages, même lorsque ces derniers sont mûs par des réflexes basiques ou des conceptions antédiluviennes et c'est pour cela que l'on ne peut s'empêcher d'être amusés, de sourire, d'être fascinés par la pléthore de personnages qui traversent ces nouvelles au style vivifiant, lorsqu'ils sont confrontés à des tribulations "bigger than life".

Un recueil que l'on peut conseiller aux lecteurs qui souhaitent une porte d'entrée afin d'investir l'univers haut en couleurs de John Fante.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Bonsoir, Crotte de Chien. " Ou alors : "regarde un peu ce qui est sorti du ventre d'une femme." Fred Bestoli était un Italien mélancolique et taciturne, mais ma grand-mère réussissait invariablement à réveiller chez lui l'esprit belliqueux. Il lui répondait : « Embrasse-moi le cul, vieille pie. "
D'ailleurs, papa l'encourageait : " T'as raison, Federico. Dis à cette vieille catin de s'occuper de ses oignons. "
Folle de rage, mamie se retournait alors contre papa pour lui lancer qu'il aurait mieux valu que de son propre ventre sortît un porc plutôt que lui. Et papa lui rétorquait que, vu qu'elle était sa mère, il s'étonnait de ne pas être né sous la forme d'un porc. Toute la violence et l'obscénité de ces échanges portaient aucunement à conséquence. Ils se parlaient tout bonnement ainsi.
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Mama mit la casserole de Cathy sur le gaz et alluma la flamme. La casserole de Cathy n'était absolument pas une casserole, et elle n'appartenait pas à Cathy. C'était un gros fait-tout en fonte que Cathy, la sœur de mama, lui avait offert en cadeau de mariage quarante ans plus tôt, mais durant toutes ces années tout le monde l'avait appelé la casserole de Cathy. La petite maison de mama était remplie d'objets ainsi baptisés. Car les années de sacrifice auxquelles s'était résumée la vie de mama Andrilli lui avaient ôté tout sentiment de possession. En vivant près d'elle, on avait bientôt l'impression fausse que tous les objets et ustensiles avaient été empruntés.
En fait, tout ce qu'il y avait dans la maison lui appartenait - et beaucoup de choses lui avaient été offertes par ses fils, ses frères et ses sœurs. Ces cadeaux étaient de vrais cadeaux, ils lui appartenaient entièrement, mais mama Andrilli avait perdu le sens de la propriété depuis belle lurette. Pour cette raison, le bungalow de trois pièces contenait la radio de Nick, les draps de Stella, les serviettes de Mike, la lampe de Ralph, la cafetière de Rosie, la robe de Tony, les chaussures de Bettina, le peignoir de Vito. Il y avait aussi la valise de Mike, la nappe de Nettie, les plats de Joe et les tapis d'Angelo. Une omission notable était tout ce qui appartenait à papa, hormis bien sûr le petit déjeuner de papa, le linge de papa, le ragoût de papa. Mais ce n'étaient pas des possessions concrètes. C'étaient des choses que mama devait faire.
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[...] Je tombe toujours amoureux de femmes qui vivent à dix mille kilomètres de moi. C'est une malédiction. Vraiment très bizarre. C'est parce que j'ai une trouille bleue dès que j'approche trop des femmes. J'arrive plus à parler ni même à respirer correctement. Je bafouille et je me comporte comme un imbécile. C'est une chape de plomb. Elle s'endort tout au fond de ma bouche. Dès que cette femme est partie, ma langue se réveille et dit tout ce qu'elle aurait du dire avant le départ de cette femme.
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Et voici oncle Mingo accompagné d'une femme. Mingo, très grand, avait les yeux dorés d'un coq. Il avait des cheveux raides et blonds, ses longues mains étaient des masses souples d'os et de veines bleues. Il ressemblait à mon arrière-grand-père, dont la mère avait été russe. Mingo était le seul membre du clan à ne pas avoir la peau olivâtre, les yeux sombres et un corps râblé. C'était une carotte parmi des patates.
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Et pourtant, malgré tout, je regrette ma Plymouth. J'aimerais l'avoir à moi rien qu'une heure. Je sais comment m'y prendre. Un soir, j'emmènerais Jenny faire un tour en voiture. Aussi hautain qu'il est possible, je resterais assis près d'elle, les mains posées sur le volant, muet, parfaitement silencieux. Je laisserais la Plymouth faire toute la conversation. Nous roulerions vers Santa Monica avant de garer la voiture sur une colline où la mer rencontre les étoiles. D'un geste désinvolte, j'actionnerais un interrupteur sur le tableau de bord et dans le ventre de la machine la radio réagirait, émettant les coassements de grenouille de Bing Crosby,. Je resterais fort et silencieux, parfaitement immobile. Inutile de dire à Jenny que sa coiffure me donnait le vertige, que le regard de ses yeux gris suffisait à me faire oublier, l'espace d'un long instant, la prose, les intrigues et toutes ces choses assommantes. Tout serait l'œuvre de la machine ; mais pendant un petit moment, pendant une heure seulement, cela suffirait. La Plymouth et Bing Crosby bouleverseraient Jenny jusqu'au tréfonds de son âme et durant un bref instant tout serait parfait.
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Un innocent égaré dans un monde coupable, voilà le grand héros imaginé par un italo-américain à la fois très réaliste et bien déjanté : John Fante
« Demande à la poussière » de John Fante, c'est à lire chez 10/18.
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