J'ai déjà dit et écrit ma passion pour
John Fante et la porte d'entrée inoubliable qu'il fut pour moi vers la littérature américaine.
Mais je n'avais jamais lu ce
Grosse faim, traduit par L'immense
Brice Matthieussent, superbe recueil de nouvelles découvertes après sa mort comme le raconte Stephen Cooper en préface.
Des textes qui mêlent – parfois – des anonymes, et – souvent – l'auteur et son illustre double ritalo-américain : «
John Fante et Arturo
Bandini, deux hommes en un seul, l'ami des hommes et des bêtes tout pareil ».
Cette quinzaine de nouvelles est un délice, mélangeant les souvenirs d'enfance et des jours difficiles, l'école, les humiliations ou les épiques déjeuners familiaux, avant de dériver vers des portraits d'époques, de guerre ou d'après-guerre, dans l'Amérique des studios ou le Paris des années 50.
Fante continue à forcer le trait de son
Bandini : trublion vaniteux, looser de la drague, écrivain maudit, génie incompris, misogyne par timidité. Mais toujours persuadé de son succès à venir : « Je devrais être à la maison à l'heure qu'il est, au lieu d'être assis sur cette chaise à écouter cette chanson. Il faut que j'écrive, que j'écrive, que j'écrive ».
« Je suis un type à l'intelligence monstrueuse (…) Arturo
Bandini, une seule nouvelle vendue, le grand écrivain bâtissant ses châteaux en Espagne ». Une étonnante lucidité pour ce mythomane isolé dans sa forme de pensée : « C'est la vérité pure. Que je sois pendu si je mens. Mais c'est pas vraiment la vérité vraie. »
Mais le grand bonheur de ce livre, est le Prologue à
Demande à la poussière, condensé magnifique mais non publié du chef d'oeuvre de Fante. Lu et immédiatement relu avec une émotion intense, tant l'impression d'être replongé dans une de mes plus beaux souvenirs de lecture était forte. Et là, on touche au splendide…
Alors si ce que j'écris vous parle, précipitez-vous !