La rue parisienne au XVIIIe siècle constitue l'objet principal de cette étude historique menée par
Arlette Farge. En se plongeant dans les archives judiciaires, l'historienne redonne la parole à toute une population oubliée de tous. A travers leurs voix, du moins celles recueillies par un greffier ou un juge, on mesure combien la rue constituait à l'époque moderne un espace central où se mêlent vie privée et vie publique, un lieu où se côtoient les riches et les pauvres et où s'expriment un large éventail de manifestations collectives.
Les multiples témoignages retranscrits arrivent à dire indicible, les figures, les gestes, la violence du peuple de Paris. Sur son pavé se jouent également l'intégration des uns et exclusion des autres.
Enfin, en s'appuyant largement les archives de la juridiction du Châtelet de Paris,
Arlette Farge nous démontre par le menu comment l'institution policière tente de réguler tant bien que mal cet espace afin d'y maintenir un semblant d'ordre.
Par-delà, les éléments factuels présentés, la grande qualité de cet ouvrage réside dans l'équilibre réussi entre sa grande tenue scientifique et l'étonnante proximité insufflée par la parole des Parisiens.