Leurs gestes s'accordèrent avec la fluidité d'une danse mille fois répétée. Des heures durant, ils se battirent comme ils s'aimaient. De toute leur âme. De toute leurs forces. Avec cette rage sublime qui suinte des êtres libres.
Parfois, nous avons besoin de nous confronter à nos peurs, à l'échec, à l'amour, à la perte, et nous prenons un chemin que nous pensons mauvais sur le moment. Pourtant, il nous force à nous dépasser. Nous devenons plus que nous-mêmes. Il y a une raison à ta présence ici, avec nous. Tu le sens, au fond de toi. Non ?
(Oreb à Tiriss)
Il ne craignait pas les contradictions. Il craignait les croyances inflexibles et la rigidité de pensée.
Oreb avait compris en étant soldat que dans toute guerre, il n'y avait pas de motivation juste ou de bon camp. Il n'y avait que celui dans lequel on se trouvait. Celui dans lequel notre naissance et nos choix nous avaient conduits. Celui pour lequel on mourrait.
La vieillesse n'était pas qu'articulations douloureuses ou souffle raccourci. La vieillesse, c'était la lassitude d'un esprit davantage tourné vers le passé que vers l'avenir.
Oreb avait compris en étant soldat que dans toute guerre, il n'y avait pas de motivation juste ou de bon camp. il n'y avait que celui dans lequel on se trouvait. Celui dans lequel notre naissance et nos choix nous avaient conduits. Celui pour lequel on mourrait.
Deux nuits plus tard, Oreb prit la barre dès la sortie du port. Il était le marin le plus expérimenté de leur équipage, il savait épouser le relief des vagues pour dissimuler sa présence, couler les sons produits par l'étrave dans celui de l'eau, réduire au minimum la voilure blanche trop repérable, éviter les craquements involontaires de l'Indigo...
Comme un fantôme, ils s'éloignèrent de la côte, puis attendirent.
- Quel est le plan ?
- Tu bois ton thé et tu la boucles, lâcha celle-ci.
- Je m'attendais à plus d'aventure...
- Te faire taire est toujours une aventure, murmura Tiriss.
Guilhem lui jeta un coup d'oeil intéressé.
- Une aventure... attirante ?
- Toujours plus que celle de t'entendre débiter dix conneries à la minute.
Le problème avec l'espoir, c'est qu'on a beau le réduire en miettes, l'étouffer d'indifférence, l'inonder de reproches, il suffit d'une étincelle pour qu'il renaisse, plus violent que jamais. Ashar sentit le sien embraser chaque fibre de son être.
- Pour t'aider à voir ce que je vois quand je te regarde. Pour t'écouter quand tu as besoin de parler. Pour te parler quand les mots n'ont plus d'importance mais que le silence est trop lourd.
- Le silence n'est jamais trop lourd. Les mots, si.
La peur était une bonne chose. Elle engendrait la vigilance. Et Bleue en aurait grand besoin.