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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Qu'est-ce que punir ? Pourquoi punit-on ? Qui punit-on ? Ces trois interrogations sont celles de l'auteur dans un contexte historique qu'il nomme « moment punitif », nos sociétés contemporaines n'ayant jamais autant puni, sanctionné, enfermé, et jamais autant réclamé de punitions, de sanctions et d'enfermements… Pourtant les crimes les plus graves semblent être en diminution constante et régulière. Pour répondre à ce paradoxe et à ces interrogations, Fassin revisite l'histoire de la philosophie du châtiment et s'appuie sur des constats issus d'enquêtes ethnographiques sur la police, la justice et la prison qu'il a parfois lui-même réalisées.

Cette assise empirique est décisive, notamment dans la partie consacrée à la question de connaître et de distinguer ceux que l'on punit et ceux que l'on ne punit pas. L'intolérance sélective de la société (pourquoi tolère-t-on plus la fraude fiscale que le vol à l'étalage ?) et le populisme pénal des politiques qui se répondent et s'auto-renforcent engendrent en effet des pratiques discriminatoires, déléguées par la société aux institutions punitives (police, justice, prison) et à leurs agents. Par exemple :

« C'est justement en choisissant les infractions qu'il faut sanctionner et en déterminant parmi les auteurs ceux qu'il faut cibler que la pénalité est le mieux à même d'opérer des différenciations au sein de la société : la consommation de cannabis plutôt que l'abus de biens sociaux ; les patrouilles de police dans les quartiers populaires plutôt que dans les zones résidentielles. Ces différenciations ne sont bien sûr pas socialement neutres : elles relèguent les uns et protègent les autres. La répression sélective de certaines catégories d'illégalismes et de populations joue ainsi un rôle important dans la production et la reproduction des disparités sociales. » (p. 133-134)

Ce petit livre est une très bonne introduction aux études ethnographiques de Didier Fassin et d'autres auteurs sur ces thèmes, telle « La force de l'ordre », que j'ai chroniquée par ailleurs.
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Didier FASSIN est anthropologue, sociologue et médecin français. Il est également professeur de Sciences Sociales et directeur d'études.
Son essai "Punir... une passion contemporaine" est publié en 2017 aux Editions du Seuil
p. 159 : "Punir, disent les philosophes et les juristes, c'est corriger un mal, réparer un préjudice, réformer un coupable, protéger la société."
Un crime = Un châtiment
Cette équation n'est pas si évidente entre le délit et la peine. Cet ouvrage est donc une  réflexion sur l'anthropologie du châtiment.
p. 37 : "Le châtiment, en tant qu'il est une institution sociale, se révèle en effet un remarquable analyseur des sociétés, des affects qui les traversent et des valeurs dont elles sont porteuses."
L'auteur a donc enquêté pour pour tenter de comprendre ce que c'est que punir, pourquoi l'on punit et qui l'on choisit de punir.
Après plusieurs années  d'études et de travaux sur l'appareil répressif de l'Etat, Didier Fassin nous apporte une réflexion claire et ponctuée de nombreux exemples concrets afin d'illustrer au mieux ses propos. Pour ce faire, il n'a pas hésité à aller à la rencontre de commissaires, policiers, magistrats, avocats, surveillants, officiers, administrateurs, conseillers pénitentiaires, éducateurs sociaux, professionnels de santé, membres d'associations, responsables politiques, prisonniers et citoyens. Tous ces acteurs sont concernés par ce rapport crime / châtiment, tant dans son aspect préventif que dans son aspect dissuasif et répressif. 
"La peine juridique ne peut jamais être considérée simplement comme un moyen de réaliser un autre bien, soit pour le criminel lui-même, soit pour la société civile, mais doit uniquement lui être infligée pour la seule raison qu'il a commis un crime." (KANT)
Cet essai se décompose donc en trois parties : qu'est-ce que punir ? Pourquoi punit-on ? Qui punit-on? L'auteur tente d'y répondre exclusivement dans le cadre des institutions publiques.
p. 68 : "La question se pose donc de comprendre comment et pourquoi on est passé, dans les sociétés occidentales, d'une logique de la réparation à une logique de la punition ?"
En effet, l'acte de punir intègre des dimensions symboliques, morales et affectives.
La gravité et les enjeux sont complexes et font donc intervenir une multitude de paramètres. Mais ce livre apporte, si ce n'est des solutions, des constats sur l'inefficacité du système, et l'urgente nécessité pour les pouvoirs publics de s'y intéresser activement.
p. 10 : "Deux phénomènes qui affectent en profondeur la société française se conjuguent : une évolution de la sensibilité aux illégalismes et aux déviances ; une focalisation du discours et de l'action publics sur les enjeux de sécurité. le premier phénomène est culturel, le second politique."
Lien : https://missbook85.wordpress..
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