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Dans l'Amérique du sud qui lui est familière, William Faulkner narre une nouvelle fois les thèmes qui lui sont chers: les grandes familles du Sud déchues par la guerre de Sécession, les communautés et la ségrégation, les drames familiaux et leurs lots de confusion, la passion des hommes qui leur donne ardeur et ambition, et leur folie, qui les en éloigne. Pour beaucoup, « Sartoris » est le roman le plus « représentatif » de Faulkner, s'il n'est pas son plus brillant.

A côté d'un « Tandis que j'agonise« , d'un « Absalon!Absalon! » ou d'un « Lumière d'août« , « Sartoris » est un roman certes plus discret, mais il n'en n'est pas moins aussi fort et intense que les autres titres de l'écrivain. « Sartoris » est d'ailleurs son troisième roman, écrit en 1929, on dit que Faulkner eut du mal à le faire publier et reconnaître, alors qu'il le présentait comme « le » roman qui présageait tous les autres. Et pour cause. Matrice même de la conception familiale de la vieille Amérique aristocratique, les Sartoris sont le type de la famille réputée, renommée, mais au destin tragique, turbulant et surtout poussiéreux.

Descendant de soldats héroïques, les Sartoris sont des braves, des travailleurs, des valeureux…mais on dit qu'aucun d'eux n'est mort de fin naturelle. Dans cette confusion des générations qui est propre à Faulkner, les hommes se prénomment John et Bayard de père en fils, et ainsi semble descendre d'enfant, en petit-enfant, ce goût du risque et de la démesure. Car l'ubris est bien le propre de ces héros d'une autre époque, des héros qui ne seraient plus d'une réalité nouvelle, qui les rejette, et les fait paraître désuet.

Le vieux colonel Sartoris voit son petit-fils Bayard revenir après la guerre en Europe. Ce dernier, passionné d'aviation (comme Faulkner lui-même) fait face au deuil de son frère John, avec une attitude désinvolte et dangereuse, notamment en s'enivrant de la vitesse des nouvelles automobiles alors disponibles. Dans un engrenage douloureux, Bayard essaie de s'auto-détruire pour noyer sa culpabilité, entraînant malgré lui le colonel, et ceux qu'il aime.

Telle la Cassandre de la famille, Miss Jenny, la tante des Sartoris, prévoit avec pessimisme et rancune la fin de cette lignée de garçons d'un autre temps. Mais alors qu'une nouvelle ère s'ouvre, elle s'attache malgré elle à parler à ces fantômes, des hommes que l'on n'aime finalement mieux sur les portraits que l'on chérit, sur leurs tombes que l'on fleurit, que dans une réalité où ils sont finalement insupportables.

Faulkner dépeint avec intensité cette époque de mutation pour l'Amérique, qui peine à se dessiner une nouvelle cohérence sociale après la guerre de Sécession, et qui entre en guerre de l'autre côté de l'Atlantique. Les rapports entre les différentes communautés Noires et Blanches sont encore terriblement marqués par les ravages de l'esclavage, et la cohésion sera effectivement plus lente dans les Etats du Sud.

Figure d'une Amérique vieillissante, hésitante, « Sartoris » est la poussière d'une époque, la nostalgie poétique de grandes figures devenues détestables, la déchéance d'une classe qui n'en n'a pas moins marqué l'imaginaire américain.

« Sartoris » est donc sans conteste le roman d'un déclin douloureux, une fresque sociale juste et puissante, qui nous rappelle que bien souvent, la société préfère ses héros lorsqu'ils sont morts, sans quoi elle ne les assumerait pas.
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Ce troisième roman de Faulkner est, en effet, caractéristique de l'oeuvre magistrale à venir du futur Nobel. Des fictions aux antipodes des contes de fées, où aucun prince charmant n'apparaîtra pour sauver les âmes perdues et ou les personnages accomplissent des actes dont la réussite est hypothétique ou même impossible. Dans Sartoris, Faulkner peint une famille patriarcale de têtes brûlées ne tenant encore sur ses pattes que par la main ferme et tenace de l'énergique Tante Sally, seul personnage majeur à prendre des décisions raisonnées. Ce roman annonce aussi ces magnifiques peintures de la bêtise et de la cruauté des grands romans faulknériens comme le Bruit et la Fureur, Sanctuaire ou Tandis que j'agonise.
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