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Citations sur La voie des oracles, tome 2 : Enoch (19)

Les dieux ne souffrent pas quand on les attaque ou quand on les hait, mais quand on les ignore."
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Le Temps est un fil infini, lui dirent-ils, constitué de milliards d’autres, une tresse d’une myriade de fils de vie qui se déroule dans un océan de ténèbres. Par endroits l’un de ses fils infimes pointe hors de la tresse, et son extrémité se balance, livrée aux vents de la grande nuit. Chacun de ses accidents est un oracle. Une vie un peu plus libre, un moins liée au Temps que les autres. Et si ce fil est assez fort, assez solide pour qu’on le tire en arrière, alors grâce à lui on peut défaire une part de la tresse, défaire le présent, le passé. Revenir en arrière. Remonter le temps."
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Les devins sont les premiers aveugles. L'avenir nous empêche de voir le présent.
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A l'intérieur de la Curie, dans l'unique et vaste salle où siégeait le Sénat, les débats battaient leur plein. Des deux côtés de l'allée centrale, des orateurs en toge blanche et rouge s'invectivaient à grand renfort de citations des pères de l'Église et des anciens héros de Rome. Le sujet du jour était, comme souvent, l'autel de la Victoire. Cet autel d'origine païenne était enlevé puis réinstallé au fond de la Curie selon les pétitions des groupes d'influence, l'humeur des Empereurs ou celles des évêques... Cela symbolisait bien la déchéance actuelle. Voilà où en était réduite l'auguste assemblée, voilà à quoi se limitait son pouvoir. Ergoter sur la place d'un autel.
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Les Étrusques sont un peuple courageux, et pourtant ils craignent des dieux dont ils ne parlent quasiment jamais, pour lesquels ils ne construisent pas de temple, et qui n'ont même pas de nom. Le seul matelot qui a accepté de m'instruire, après quelques carafes de vin, m'a dit qu'ils étaient partis loin vers l'est, là où il n'y a plus que du vide. Voilà des divinités bien terribles, pour qu'on tremble à leur évocation alors même qu'elles ne sont plus là.
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Au soir, le Faune amena l'Ondine au cœur des bois, dans une clairière où s'était élevée une villa des siècles plus tôt, aux premiers jours de la Gaule romaine. Cette villa, presque un palais, toute en raffinement et en élégance, avait joui d'une certaine réputation au temps de sa splendeur. Il s'y donnait alors des fêtes étranges, dont les échos résonnaient jusqu'aux bords du fleuve. Des réjouissances qui duraient des semaines entières et dont les participants, murmurait-on, revenaient différents. Nul ne savait à l'avance qui était invité, ou pourquoi. Pas plus qu'on ne savait comment se déroulaient ces fêtes, et pourtant elles exerçaient une telle fascination sur les notables d'Aquitania que beaucoup étaient prêts à de véritables bassesses pour y assister une fois. Il se murmurait aussi que le maître des lieux avait été initié aux mystères de Dionysos, sur l'île lointaine de Naxos, que ses agapes recelaient en leur sein des rituels obscurs, mêlant à la magie des débauches et des sacrifices. Qu'enfin, parmi les convives, certains n'étaient pas humains.
Puis les fêtes s'étaient éteintes, la villa avait été abandonnée, et les raisons mêmes de cet abandon avaient été effacées de la mémoire des hommes ainsi que des êtres surnaturels. Tout au plus le Faune avait-il entendu des contes sur une jeune prêtresse, fille de proconsul, qui aurait détourné l'un des favoris de Dionysos de son dieu, puis aurait plongé dans la folie. Le père vengeur aurait fait raser la villa. D'autres légendes encore invoquaient un oracle, qui aurait défié le Destin en pleine ivresse, et aurait fini déchiré par les Ménades, les suivantes démentes du dieu de l'ivresse. On n'assassinait pas si facilement les devins à l'époque. Les autorités avaient lancé une enquête. Mais quand les légionnaires s'étaient présentés à la villa, ils avaient trouvé les lieux déserts. Cependant, d'autres sources chuchotaient que la villa s'était retirée de ce monde elle-même, de par sa propre volonté. À l'apogée de sa gloire, elle avait préféré disparaître plutôt que de déchoir. Cette dernière version était la préférée du Faune. Il se délectait des histoires douces plus que des récits de tuerie et de sang.
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Puis les flots se calmèrent, les nuages s'écartèrent, un jour doré frôla le turquoise des eaux. La mer se rétrécit en un détroit, surplombé par une ville immense, splendide, comme auréolée de soleil. La vision amena Thya dans ses rues populeuses, sur ses quais bondés de marchandises et de couleurs fortes, de vives lumières, dans un hippodrome où criaient des foules exaltées, sur des forums et dans des palais ornés de mosaïques d'or, d'œuvres d'art venues des quatre coins du monde. Dans les ateliers on travaillait la soie et les pierres précieuses. Les habitants portaient des vêtements amples et chamarrés au col brodé d'argent et d'or, des chlamydes — des manteaux courts d'origine grecque, retenus sur une épaule par des broches bijoux. Les hommes arboraient de fins colliers de barbe et les femmes des diadèmes dans les cheveux. La ville évoquait, par ses bâtiments, par sa structure, les traditionnelles urbs romaines, mais elle était cent fois plus prospère, plus riche, plus belle. Plus neuve aussi, beaucoup plus neuve, comme si pour l'essentiel elle avait été construite depuis moins d'un siècle. C'était comme un fantasme devenu une réalité tangible, un palais des mirages transformé en cité des hommes, le rêve incarné d'un Empereur bien plus fortuné qu'Honorius à Rome.
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Le Temps est un fil infini, lui dirent-ils, constitué de milliards d’autres, une tresse d’une myriade de fils de vie qui se déroule dans un océan de ténèbres. Par endroits l’un de ses fils infimes pointe hors de la tresse, et son extrémité se balance, livrée aux vents de la grande nuit. Chacun de ses accidents est un oracle. Une vie un peu plus libre, un moins liée au Temps que les autres. Et si ce fil est assez fort, assez solide pour qu’on le tire en arrière, alors grâce à lui on peut défaire une part de la tresse, défaire le présent, le passé. Revenir en arrière. Remonter le temps.
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Vouloir aller contre le cours des choses, répliqua Apollon, c’est de l’hybris, c’est un orgueil démesuré qui mène à la folie.
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La Colchide avait été une terre de magiciennes et d’amazones autrefois, un royaume dont les richesses fabuleuses étaient matières à légende. A présent, c’était une province excentrée de l’empire de Constantinople, où les vieilles forteresses romaines croulaient lentement sous le lierre.
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