Bon, je n'ai jamais eu la moindre envie de lire "L'attrape-coeur", je suppose que le titre de ce premier roman ,
L'attrape-souci", a été choisi par analogie principalement à des fins commerciales .
En réalité, j'ai l'impression que l'autrice est surtout une bonne connaisseuse des classiques de langue espagnole: le procédé narratif m'évoque principalement le Lazarrillo de Tormes, non pas que le narrateur serait un petit Pícaro contemporain (il a 11 ans mais a plutôt la mentalité d'un 7-8 ans, et il n'a pas la sincérité du Pícaro) , mais on retrouve le procédé (comme dans certaines nouvelles de
Cervantes d'ailleurs) de la description d'une ville par le passage d'un adulte à un autre auxquels va s'accrocher le gamin perdu.
Lucien petit métis parisien vient d'arriver à Buenos Aires, d'où sa maman est d'ailleurs originaire. Elle disparait mystérieusement après avoir invité son fils à examiner les figurines "attrape-souci" vendues dans une librairie.
Une maman plutôt bizarre, adorée par son fils mais toujours pleine d'exigences inappropriées...
-Le premier adulte auprès duquel il va s'incruster est un collecteur de cartons, qui arrive tous les matins de son bidonville avec d'autres pauvres comme lui. C'est Gaston, qui l'attendra à la porte de l'hôpital car celui que s'appellera désormais Lucio est un garçon fragile.
-Lucio perd Gaston lors d'une manifestation (nous sommes fin 2001). Il se fait recueillir dans une maison de passe (qu'il n'a pas trop l'air d'identifier comme telle); il finit par se faire virer par la patronne qui ne veut pas d'ennuis avec la police, or Lucio ne parle jamais de lui, n'évoque rien qui pourrait aider à l'identifier.
Puis il accepte de "bosser" pour des ados trafiquants,
il s'invite chez une dame qui le nourrit mais appelle les flics,
- et dans sa fuite enfin il tombe sur Arrigo, qui cultive des fleurs et des plantations dans un beau quartier.
-puis une cliente de Arrigo semble s'intéresser à son sort, encore une qui essaie de le faire parler, mais Lucio invente des salades lorsqu'on le force à parler de lui et de son histoire.
Pas vraiment de surprise finale, on avait assez d'indices semés tout au long du récit.
Je viens de lire sur Babelio une "accusation" de clichés sur l'argentine. En fait, non , pas du tout. le portrait de Buenos Aires en 2002 est même particulièrement réussi.
J'ai préféré la fin au début du roman car j'ai plutôt eu du mal à éprouver de la sympathie pour le personnage, il y avait trop de trucs qui ne collaient pas de la part d'un garçon de 11,12 ans, jusqu'à ce que l'on soupçonne de plus en plus clairement l'ampleur des traumatismes, et qu'on le sente enfin capable d'accepter sa situation.