Un premier roman, et même moi, je le vois, malgré les réécritures de "Magicien" qui ont finalement abouti à ces deux tomes formant le premier diptyque de la première saga dans l'univers de Midkemia. Avant tout, ce parcours rocambolesque, où pour présenter son univers,
Raymond E. Feist fait vivre à ses personnages toutes sortes de péripéties improbables afin d'en montrer tous les aspects imaginables : des elfes noirs et des gobelins leur tombent dessus alors qu'ils n'étaient pas compris dans l'intrigue principale, puis ils se retrouvent chez les nains où ils rencontrent successivement un mort-vivant et un dragon sur le point de mourir, plus un sorcier prétendu hautement maléfique... Si, comme moi, vous aimez le côté médiéval et aventure, vous apprécierez bon gré mal gré ce parcours pas toujours facile à croire. Mais alors vous serez aussi déçus par le tournant que prend l'histoire avec l'arrivée des habitants d'un autre monde totalement différent qui va être l'élément déclencheur de la tétralogie. Enfin, Pug disparaît durant les derniers chapitres alors que la guerre commençait à prendre de son ampleur, au profit du prince Arutha, une personnalité encore mal ciblée. Un défaut pour autant ? Non, car le fait que l'auteur aime s'écarter des sentiers battus en restant dans l'esprit des bons vieux jeux de rôle donne de quoi remettre un peu la "high" fantasy au goût du jour : adieu épées magiques et seigneurs des ténèbres, nous voilà confrontés à des êtres humains comme nous, qui viennent certes un peu rejouer le schéma de "l'invasion alien" en version fantasy, mais ne sont pas pour autant maléfiques et stéréotypés. Bien au contraire.
Là-dessus, je voudrais faire signaler : ce roman n'est pas de la littérature jeunesse, et les prochains tomes ne feront que le confirmer. Comme on je l'ai fait remarquer dans Dons - Chronique des rivages de l'Ouest, une histoire suivant un jeune héros qui grandit n'est pas forcément initiatique ou jeunesse, mais comme on me l'a très justement répondu en retour, cela dépend aussi de la manière dont c'est écrit. Ce bouquin-là peut être lu sans problème par un collégien, comme ça a été mon cas. Mais peu à peu, ça va devenir plus hardcore.
Tome inaugural d'une flopée d'aventures de fantasy, ce livre a des défauts mais n'en reste pas moins un pilier de ce qui suivra. Saluons au passage le superbe travail de
Vincent Dutrait sur chacune des couvertures de l'édition J'ai Lu. Sur ce, je vous laisse, il faut que j'égorge celui qui a mis "science-fiction" parmi les étiquettes.