Citations sur En Selle !, tome 1 : Le poulain des Garrigues / Un po.. (5)
Une mélodie chantait dans ma mémoire, celle d’une sonate de Mozart que j’aimais parce qu’elle évoquait pour moi la lumière d’un jour d’été et la liberté sans limites des oiseaux volant très haut dans le ciel limpide. J’ai joué, tout doucement, les premières notes. Oui, c’était cela que je voulais : jouer cette sonate pour moi-même, y mettre tout le bonheur que je ressentais et qui me faisait presque mal. J’avais fermé la porte : personne ne m’entendrait. Ils étaient tous si occupés qu’il se passerait sûrement un bon moment avant que quelqu’un remarque mon absence…
C’était facile à dire. Maman m’a appris que, dans la vie, il valait mieux éviter de faire trop de promesses, mais que, si cela arrivait, il fallait s’y tenir. En théorie je pense qu’elle a raison ; en pratique je n’avais aucune envie de passer la nuit entre Jessica et Léa. Mais ce qui était promis était promis.
J’adore la musique, tous les genres de musique. Même les gammes et les exercices, que je répète deux heures par jour, me semblent beaux quand je sens que je les joue bien. Mais ça n’arrive pas très souvent. C’est pourquoi j’ai insonorisé ma pièce ; je ne veux pas qu’on m’entende me tromper et recommencer, et me tromper encore.
Impossible d’échanger trois phrases de politesse avec un parfait inconnu sans qu’elles se mettent à glousser, ces deux-là. Ah, les filles. Il y a des moments où je me passerais bien aussi de cette moitié-là de l’humanité.
La tente était minuscule, mais, en nous serrant, nous pourrions tenir toutes les trois. J’éprouvais pourtant un léger pincement au cœur. J’en voulais presque à mes amies de leur joie spontanée. Ce grand moment, je l’aurais voulu pour moi seule, et maintenant il fallait le partager. C’était un drôle de sentiment et je me sentais un peu mal à l’aise. Mais je savais déjà que je ne regretterais pas d’avoir accepté leur présence.