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Citations sur Mapuche (218)

Les gens atteints de géophagie mangeaient de la terre, les coprophages des excréments; les personnes souffrant du syndrome de Rapunzel ingurgitaient leurs cheveux, du papier mâchonné ou divers débris alimentaires.
-p152-
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Les richards passaient en Mercedes, les mêmes qui avaient ruiné le pays, des types qui pouvaient être son père et qui venaient faire leur marché. Vendre son corps pour sauver son esprit: l'idée même lui répugnait. Jana avait taillé ses premières pipes en pleurant, puis elle avait tout ravalé: sa colère indienne, le sperme de ces porcs, cette folie qui lui mâchait le coeur et la secouait comme un pitbull pour lui faire lâcher prise. Elle était devenue du fil barbelé.
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Elle était amoureuse depuis sa précoce puberté : se croyant moche, Anita avait choisi le plus beau, le plus impressionnant, le plus inaccessible des garçons du quartier, Rubén Calderón évidemment, un grand brun à la démarche terriblement sexy qui avait perdu son père et sa sœur durant le Processus : un héros en somme, avec des yeux à fendre l’âme, un naturel impérial et un petit nez aux antipodes du sien. Anita l’avait abordé dans la rue, alors qu’il parlait à une jolie brune en minijupe ; elle s’était plantée devant lui en tendant un paquet soigneusement enveloppé, que le jeune homme de l’époque avait fini par ouvrir avec une curiosité amusée. Il y avait un dessin faussement naïf à l’intérieur — un bateau voguant sur une mer de larmes, Anita en guise de capitaine, qui lui faisait coucou depuis le pont… « Pour t’accompagner dans la vie qu’on ne vivra jamais ensemble », avait légendé la préado de sa plus ronde écriture. Rubén avait laissé tomber la jolie brune et payé une glace italienne à la fraise à Anita, la meilleure de toute sa vie.
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Jana connaissait le son des herbes hautes et du vent qui leur courait dessus, déchiffrait ses voix multiples, les cordes aux sons lugubres ou les sifflements brefs des tiges raides comme des fils de fer, les gémissements du vent qui s'enflaient et mouraient entre les joncs lisses des marécages, porteur de pluie fine ou d'orage.
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- Ce sont tes frères qui t'ont appris à tirer ? dit-il après une longue courbe.
- Oui.
- Vous chassiez quoi, avec vos carabines?
Jana haussa les épaules.
- Des carabiniers...
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Un mort, c’est un chagrin; un million, une information (p.42)
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Il dévisagea son ami journaliste.
-Argent, politique, pouvoir : tu me demandes de mettre les mains dans la merde, résuma- t'-il.
-Tu es le seul qu'elle n'éclabousse pas.
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Les femmes s'étaient réunies devant l'obélisque, un lange de bébé sur la tête, le panuelo, comme symbole de leurs enfants volés.
Défiant ouvertement le pouvoir, les Mères réclamaient l'"apparition en vie" de leurs proches, refusant le deuil sur ce prinicipe: les enfants étaient partis vivants et, aussi longtemps que les tortionnaires n'auraient pas avoué leurs crimes, ces "disparus" resteraient vivants.
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Participer à des réunions d’étudiants de gauche, à des activités syndicales, avoir critiqué à haute voix les militaires, porter le même nom qu’un suspect, avoir assisté à un enlèvement, être juif, enseigner ou étudier la sociologie, conseiller des pauvres ou des suspects en matière juridique, soigner des suspects ou des pauvres, écrire des poèmes, des romans, des discours, être étranger et « trop bruyant », être réfugié d’un pays sous régime militaire, recherché pour des raisons politiques, exercer le métier de psychologue ou psychanalyste — influencés par des théoriciens juifs —, donner un récital de piano devant des ouvriers ou des paysans, être « trop » passionné d’histoire, être un jeune soldat qui en sait trop ou qui conteste, être « trop » fasciné par l’Occident ou réaliser des films « trop » axés sur des sujets de société ou contrevenant à la « bonne morale », militer dans une association des Droits de l’Homme, avoir un frère, une sœur, un cousin ou un ami proche d’une personne disparue : les militaires et la police enlevaient les gens pour n’importe quelle raison. Était considéré comme subversif quiconque se dressait contre le « mode de vie argentin ».
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Mais Ruben avait menti à sa mère. Il n'avait pas donné les vêtements de sa sœur aux pauvres : il les avait transportés jusqu'à l'appartement de la rue Peru qu'il venait d'acheter, face au carrefour maudit de San Juan où on les avait enlevés un jour d'été 1978. Il avait rangé les affaires d'Elsa dans le placard de sa chambre, le Placard interdit, qu'il veillait toujours.
Toutes ses robes étaient là, pliées sur l'étagère du haut, la rouge orangé qui rappelait ses taches de rousseur et les autres, ses tee-shirts, ses shorts Ruben dormait avec les restes de sa sœur, ses petits os tristes et le cahier d'écolier où il avait enfermé leur cauchemar.
Proie.
Ou charogne.
Ruben reposa la robe, ferma les yeux en souhaitant ne plus jamais les rouvrir.
- Mon petit coquelicot...
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